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GROUPEMENT NATIONAL DES SAPEURS POMPIERS : LES DESSOUS D'UN MALAISE

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GROUPEMENT NATIONAL DES SAPEURS POMPIERS : LES DESSOUS D'UN MALAISE

Le feu couve au sein du Groupement national des Sapeurs pompiers du Sénégal où un malaise pollue l’ambiance au niveau de la Haute hiérarchie. Les pourfendeurs de l’actuelle Direction fustigent la méthode du Colonel Ouanza, Commandant alors que les proches de l’intéressé estiment que jamais, le corps des Sapeurs-Pompiers n’a été aussi bien géré que sous Ouanza. L’Obs s’est incrustré dans les dédales du corps des « soldats du feu » pour en savoir plus.

Le corps des Sapeurs-pompiers a été au-devant de l’actualité, la semaine dernière, suite à l’incendie de l’immeuble de la rue 37 dont le bilan fait état du décès de quatre éléments après que le bâtiment s’est écroulé. Ce drame a lourdement affecté le moral des troupes. Lequel moral, avisent des éléments du Groupement national des Sapeurs pompiers (Gnsp), est «au rabais ». D’où le recours à ses psychologues depuis le début de cette affaire pour la prise en charge des hommes. Ce triste événement, loin d’imposer un silence de mort dans la corporation, a ravivé la flamme du «malaise profond» que traverse le Gnsp. Ce malaise est consécutif aux «malversations et autres bizarreries» notées aussi bien dans la gestion des ressources humaines que financières, depuis une dizaine d’années. « Depuis le départ du colonel Bamba Ndiaye, nous sommes confrontés à de bien sérieux problèmes », indique un officier des Sapeurs Pompiers, sous le sceau de l’anonymat.

En effet, dans la hiérarchie, l’on ne manque pas de s’offusquer du «caractère nébuleux» qui entoure l’exécution du budget du Groupement, qui prévoit 700 millions pour le Budget consolidé d’investissement et 500 millions pour les dépenses de fonctionnement. La gestion de ce pactole, souligne-t-on, est caractérisée par «une opacité notoire et par des irrégularités», confient des interlocuteurs. D’où, explique-t-on, «les mauvaises conditions de travail des éléments». Cette situation traduit, si l’on en croit les confidences de hauts cadres du Groupement, «le manque de pertinence des orientations dégagées par l’équipe du Colonel Ouanza Ouattara, Commandant du Gnsp». En effet, l’on s’émeut du fait que «les éléments peinent à manger à leur faim» alors que ce chapitre est bien approvisionné dans l’élaboration du budget.

L’énigme des dépenses

Il ressort que «la rubrique des dépenses, des prévisions sont faites sans jamais être exécutées. Les priorités dégagées par l’actuelle direction ne cadrent pas avec les exigences des interventions et les besoins des éléments». C’est le cas des deux ambulances médicalisées pour les escortes. Ces ambulances sont en panne depuis longtemps, y comprise celle qui suit le Chef de l’Etat dans ses déplacements. Les lenteurs constatées dans la réparation de ces engins s’expliquent par «le défaut de paiement d’une ardoise de 18 millions de francs Cfa que le Groupement doit au concessionnaire qui lui fournit les pièces de rechange». «Le paradoxe», notent des cadres, est que «le Commandement se plait à effectuer des dépenses de prestige comme le renouvellement permanent des mobiliers de bureau. On semble privilégier le confort des chefs que l’équipement et la logistique dont l’importance et l’état influent sur l’efficacité des interventions et, par conséquent, la réputation du corps». A cela, s’ajoute le retard toujours accusé dans l’approvisionnement du carburant.

Ces errements notés dans la gestion des ressources financières du Groupement national des sapeurs-pompiers est la preuve que «les actuels hommes aux commandes ne sont intéressés que par leur propre affaire». «Ils tiennent plus à leur business qu’à l’efficience de l’assistance qui fonde l’essence de ce noble corps», déduit-on. En effet, les ambitions personnelles prennent le dessus sur la notion de groupe. L’on prête au Commandant Ouattara son «obsession» à accéder au grade de Général «par tous les moyens». De même qu’il lui est reproché de mettre à la tête du Groupement «un clergé composé de ses camarades de la première promotion de l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (Ensoa)». Aucun autre cadre étranger à ce cercle n’a droit à une promotion alors que certains ont démontré leur compétence à gérer des postes de responsabilités. On ajoute aussi «la pléthore de colonels dont la promotion n’obéit à aucun critère de compétence et de rigueur dans le travail. Ces promotions de complaisance ne vont pas, de l’avis de nos sources, sans grever davantage le maigre budget».

Promotions « suspectes »

La formation de ce clan favorable au Colonel Ouattara obéit, selon les pourfendeurs de ce dernier à une logique d’accaparement des ressources. De même, ce sont les mêmes personnes qui bénéficient de promotion. L’on indexe aussi le Chef de la division financière, le Colonel Fofana. L’on rapporte que «ce dernier est lié au Commandant par des relations filiales. D’ailleurs, il a été son témoin lors de son mariage civil». D’où son ascension fulgurante depuis l’arrivée de Ouattara à la tête du Commandement. L’on rappelle aussi «la gestion mémorable» qu’il a faite de la popote du temps de Gabar Diop. D’après le constat de nombre de cadres du Groupement, celui-ci est devenu «la vache laitière d’un groupe de chefs. Une situation qui s’est installée depuis le départ du Commandant Bamba Ndiaye et qui s’est perpétué sous les colonels Gabar Diop et Samba», fait-on remarquer. Et qui, selon eux, se perpétue sous le colonel Ouanza Ouattara nommé, par décret N°2008-985/PR, commandant du Groupement national des sapeurs-pompiers du Sénégal (GNSP) depuis le 1er septembre dernier.

Gestion des 600 millions du Plan Orsec et de l’Oci

La gestion des 300 millions de francs Cfa destinés au financement du Plan Orsec, déclenché au lendemain des inondations, suscite nombre de controverses au sein de la hiérarchie du Groupement national des Sapeurs pompiers. Des sources s’émeuvent de la destination de ce pactole. A les en croire, «la totalité de ce montant n’a pas servi à la prise en charge des dépenses». En effet, l’on rapporte que «les tuyaux d’évacuation d’eau qui avaient été commandés à cet effet ne sont pas jusque-là livrés». D’ailleurs, certains interlocuteurs doutent de la réalité de cette commande. En plus, l’épuisement des 300 millions dans ce Plan est sujet à des interrogations. Car, d’aucuns se demandent si effectivement la totalité de la somme a été dépensée. Outre la réparation de motopompes, il n’y a pas eu de charges visibles. «La plupart des matériels ont été offerts par les collectivités locales ou par des privés à travers des chaînes de solidarité».

Cette même «opacité» caractérise la gestion des 300 millions alors alloués au Gnsp pour les besoins de la préparation du Sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci). Des sources avancent que «seuls des ordinateurs portables de marque «Dell» ont été achetés et affectés à des cadres». «Alors que cette somme devrait permettre d’équiper le Gnsp et de se procurer des médicaments à suffisance», fulmine-t-on.

A la hiérarchie, l’on s’émeut de telles allégations. Le Lieutenant Colonel Sengane Diagne, en sa qualité de chargé de la communication et responsable de la direction des ressources humaines jure que les tuyaux commandés lors du déclenchement du Plan Orsec ont été bel et bien livrés. A son avis, les seuls problèmes rencontrés dans ce plan sont relatifs aux nappes phréatiques. D’ailleurs, il renseigne que les éléments sont toujours sur place. Réfutant le manque de motopompes dans certaines zones, il affirme que des motopompes sont stockées. Un surplus qui s’explique par l’aide substantielle que le Président de la République leur a accordée à ce moment. Outre l’audit réclamé des 600 millions du Plan Orsec et de l’Oci, les appuis ponctuels que les khalifes généraux des Mourides et celui des Tidianes allouent au Groupement à la veille du Gamou et du Magal réveillent des soupçons. Même si les montants n’ont pas été avancés, des hommes de troupe n’ont pas manqué de s’étonner que ces sommes destinées à l’achat de médicaments et au renforcement de la logistique n’aient jamais servi à cela.

Les vérités de la hiérarchie du Gnsp

Que de griefs soulevés dans la gestion du Groupement national des Sapeurs pompiers (Gnsp) ! Les problèmes sont de divers ordres, mais, le Commandement ne manque pas d’arguments pour expliquer certaines situations et en réfuter d’autres. Pour le faire, c’est le Lieutenant Colonel Sengane Diagne, chargé de la communication et responsable de la direction des ressources humaines qui embouche sa trompette pour faire entendre les sonorités de ses «vérités». D’abord, tient-il à rappeler , la question relative à la promotion des agents «obéit à nombre de critères dont la maîtrise du budget. Il faut que celui-ci couvre les charges supplémentaires». Outre les incidences financières, M. Diagne évoque le premier critère de l’obtention d’une promotion : «le dossier». Il intègre «le comportement des agents et le mérite». D’ailleurs, fait-il remarquer , «le Commandement ne fait que des propositions au Chef de l’Etat qui nomme par décret». Et de se désoler du fait que ces remarques soient en général l’œuvre de gens dont les dossiers ne sont pas satisfaisants pour mériter une promotion.

A ce sujet, le Colonel Fofana présent à la séance d’explication, ne s’est pas empêché de revenir sur son «ascension fulgurante» qui a suscité beaucoup d’interrogations. Il jure n’avoir jamais bénéficié d’un «quelconque coup de pouce». «Ce n’est pas mon genre », assure-t-il. J’ai fait une carrière de 38 ans et cela suffit pour justifier mon mérite. Je suis tellement rigoureux dans le travail qu’on me taxe de carré», se réjouit-il. Pour le cas du Commandant Ouanza Ouattara, le chargé de la communication brandit ses 13 ans restés au poste d’adjoint au Commandement. Une position qui lui a permis, argumente-t-il, de «se bonifier et de bénéficier d’une grande expérience». Selon M. Diagne, l’arrivée de Ouattara a signé le retour à l’orthodoxie avec des résultats probants comme l’amélioration des conditions des Sapeurs. Ces avancées visibles et constatées sont possibles grâce à l’appui du Chef de l’Etat et du ministre de l’Intérieur.

S’il réfute le favoritisme qui existerait au sein de l’école du Gnsp, il reconnaît, toutefois, l’immobilisation des ambulances pour des raisons techniques. Non sans informer qu’il conjugue ce problème au passé car, il avait donné des assurances fermes que les ambulances seront livrées au groupement lundi, jour de notre entretien.

Autre sujet évoqué par le Commandement, c’est la question de la gestion administrative et financière. Le Colonel Assane Seck, responsable de la direction administrative et logistique rassure, à ce sujet, que «le Groupement nation est assujetti aux procédures administratives et au Code des marchés. Par conséquent, nous ne pouvons pas passer outre ces dispositions». Et d’ajouter : « il peut arriver que certaines dépenses prévues ne soient pas exécutées du fait des ponctions (Ndlr, de l’Etat). On a passé l’année dernière des commandes qu’on n’a pas pu réaliser du fait de ce problème », assure Mr Seck qui a du reste une bonne réputation au niveau de la haute hiérarchie des Sapeurs-Pompiers en même temps qu’il est le cerveau de toute la procédure administrative et financière. Ces éclairages de M. Seck sonnent comme un démenti formel aux errements que des cadres disent noter dans la gestion des ressources financières.

Ensuite, le Gnsp, par la voix de son chargé de la communication, rappelle le large programme de renforcement de ses effectifs avec une intégration annuelle de 250 éléments d’ici 2015. En effet, il s’agit, d’abord, de récupérer les éléments qui ont été libérés communément appelés «les rappelés». Cette mesure trouve sa pertinence sur le constat selon lequel l’effectif national du Groupement, d’un total de 2953 éléments, est très réduit.

Confidences sur les décès des Sapeurs sur l’incendie de la rue 37

La responsabilité de la hiérarchie avait été agitée dans le décès des deux premiers éléments des Sapeurs pompiers décédés à la suite de l’incendie de la rue 37. D’aucuns s’étaient offusqués que de nouveaux éléments, n’ayant même pas fait plus de deux mois de service, aient été envoyés sur le terrain. D’ailleurs, certains avaient lié le décès accidentel des deux nouveaux à leur inexpérience. Si l’on en croit les explications de M. Diagne, les auteurs de ces allégations ont tout faux.

En effet, l’on explique que l’extinction d’un incendie obéit à plusieurs critères. Il faut, en sus de la «connaissance du terrain», «une expérience des hommes dans le domaine du sauvetage». Après l’extinction, il y a ce qu’on appelle le «déblayage». Cette dernière étape est un contrôle des poches d’incendie pour que le feu ne reprenne pas. Car, «la reprise d’un incendie après l’extinction est considérée comme une opération échouée», explique-t-il. Sengane Diagne renseigne que «pour le déblayage, on peut utiliser n’importe quel élément. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la présence sur les lieux de l’incendie, au lendemain de l’extinction, des deux nouveaux».

Il révèle aussi que la mort des éléments est intervenue après qu’une dame est entrée dans le bâtiment calciné pour, dit-elle, chercher de l’argent qu’elle aurait laissé sur place. Les sapeurs sont allés l’extraire et c’est à ce moment que le bâtiment s’est affaissé sur eux. D’ailleurs, la dame en question s’en est sortie avec de graves blessures.

Intervention des sapeurs-pompiers, une machine huilée de l’appel 18 au sauvetage

Aussitôt un appel 18, aussitôt arrivent les sapeurs-pompiers sur les lieux du drame. L’on pourrait certainement se poser des questions sur la promptitude des choses. La méthode d’intervention des soldats du feu en cas d’accident présage d’un mécanisme inégalable. C’est du moins ce que l’on puisse dire, après la visite effectuée hier à la caserne de Malick Sy de Dakar. C’est vers les coups de 13 h que nous sommes arrivés devant le portail de la caserne. Nous nous sommes présentés devant le poste de police. Après identification, l’agent de garde nous demande de patienter à la salle d’attente. Il reviendra quelques minutes après pour nous conduire vers le lieutenant-colonel, Senghane Diagne. Avec une disponibilité sans faille, le lieutenant pour nous mettre sous le fait accompli, nous a fait visiter les lieux et a fait faire une démonstration par ses troupes.

Une équipe reste toujours aux aguets

Dans les salles de garde, les bureaux, les dortoirs de la caserne, des soldats s’affairent autour de certaines tâches. Toutefois, ils restent toujours sur leurs gardes pour intervenir à temps. Preuve à l’appui, le Lieutenant a sous nos yeux, fait sonner un incendie, incomparablement, c’est aux poignées de secondes qui s’en suivent qu’une équipe prête à agir s’est postée devant la grande porte. En effet, quand il se passe un incendie ou un accident quelque part, dès que l’appel 18 tombe au niveau du Bureau des Opérations de transmission (Bot), les éléments en garde sonnent automatiquement l’engin qui correspond au type d’intervention. Pour chaque engin, une sonnerie identique et l’équipe a juste une (1) minute pour sortir de la caserne. Faute de quoi les responsables seront passibles de lourdes sanctions. À côté de la Bot, il y’a le Centre de coordination des opérations de transmission (Ccot), qui coordonne avec les autres régions.

Du matériel conséquent

C’est un équipement très conséquent que nous avons trouvé au parking de la 11e compagnie d’intervention. Cette compagnie est équipée de véhicules de liaison assurant les opérations légères, un fourgon pour éteindre les incendies, 2 ambulances, deux bus de 35 places pour se déplacer en masse et des groupes d’éclairage pour intervenir durant la nuit. À côté des engins légers, il y a les lourds dont un (1) véhicule GREP (groupe de recherche et d’exploration en eau profonde), un véhicule dénommé « cellule d’intervention et de décontamination » qui agit en milieu périlleux, des motos pompes pour appuyer les véhicules-incendie en cas d’action prolongée, des engins d’intervention en cas d’accident sur mer. À côté de la 11ème, la 10ème compagnie de soutien, elle est équipée de citernes d’une capacité de 30 000 litres et de 10 000 litres, une voiture très puissante dénommée PS (premier secours) Américain, c’est un engin doté d’un jet d’eau et capable de se positionner à un (1) mètre du feu est un véhicule très pratique, surmonté d’une échelle et de motos - pompes pour intervenir en cas d’inondation. Selon le lieutenant-colonel, certains retards constatés lors des interventions des soldats du feu trouvent pour la plupart leurs causes dans les embouteillages de la circulation urbaine, mais aussi du comportement des citoyens face à un drame. En plus des matériels, le personnel se conforme tous les jours à ce que l’on qualifie de manœuvres de la garde, de gestes devant le feu. Cela dit, les sapeurs sont toujours prêts pour sauver ou périr.



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