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GUERRE DE TRANCHEES ENTRE ETUDIANTS, DIALOGUE DE SOURDS ENTRE PROFS ET DIRECTION, PARENTS D’ELEVES INQUIETS : L’Ecole polytechnique de Thiès dans tous ses états

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GUERRE DE TRANCHEES ENTRE ETUDIANTS, DIALOGUE DE SOURDS ENTRE PROFS ET DIRECTION, PARENTS D’ELEVES INQUIETS : L’Ecole polytechnique de Thiès dans tous ses états

Les enseignants affiliés au Saes ont décrété, depuis hier, une «grève illimitée». Pendant que le cas des étudiants admis à titre privé dans l’établissement continu de miner les relations entre les étudiants admis sur concours et la direction de l’établissement, d’un côté, et le personnel enseignant, de l’autre.

Une «grève illimitée» a été déclenchée depuis hier par les profs de l’école membres de la section Syndicat autonome des enseignants du Sénégal (Saes). Selon le Secrétaire Général de la section Saes de l’Ept Thiès, Séni Tamba, cette grève fait suite à un préavis de grève déposé en fin octobre dernier. Celui-ci a été assorti d’une plateforme revendicative en sept (7) points. Mais, déplore M. Tamba, leur action est restée dans «l’indifférence totale» du ministère de l’Enseignement supérieur, des Universités, des Centres universitaires régionaux et de la Recherche scientifique. A en croire le dirigeant syndical, «le dialogue est rompu entre la direction (de l’Ept) et les enseignants». D’ailleurs, les enseignants accusent le directeur, Ibrahima Khalil Cissé, de «renier toutes les décisions des instances statutaires».

Dans sa lettre datée du 1er décembre 2009, adressée au ministre de tutelle, Tidiane Bâ, le Saes de l’Ept accuse la direction de l’établissement de pratiquer une gestion financière des «plus opaques». M. Tamba et ses camarades avancent que la direction de l’Ept «a reçu une dotation de 225 millions FCfa courant août, pour l’épuiser en septembre, sans respecter les directives du Ministre, relatives au paiement de toutes les sommes dues, dont le montant avoisinait les 90 millions (enseignants permanents, vacataires et Pats –personnels administratifs, techniques et de services)». Ils notent que «récemment la direction a encore reçu la 4e tranche de 75 millions», soit 300 millions au total. Le personnel enseignant ne s’explique pas que «toutes les sommes dues – vieille histoire dans toutes les autres universités – ne soient pas encore apurées, la direction ayant privilégié les fournisseurs à travers des marchés passés dans des conditions douteuses». Le syndicat annonce au ministre Tidiane Bâ que «l’arrogance du Directeur et l’insécurité dans laquelle se trouvent les enseignants ont conduit tous les enseignants membres des instances délibérantes à boycotter systématiquement lesdites instances convoquées par le Directeur tant et aussi longtemps qu’il occupera le poste de Directeur».

 

«A bout de patience»

 

La section Saes Ept fait constater un état d’avancement «quasi nul de la plateforme». De l’avis des enseignants, qui se disent «à bout de patience», «pour débloquer la crise, il urge de prendre les mesures idoines pour convoquer le Conseil d’administration qui se penchera sur, entre autres questions, l’élection du Directeur de l’école et le règlement des questions soulevées la plateforme revendicative». Si l’on en croit M. Tamba, l’actuel directeur de l’Ept aurait terminé en octobre-novembre derniers ses trois ans de mandat légal. Pour le syndicat, une élection s’impose pour le renouvellement du directeur, comme l’exigeraient les textes régissant l’établissement.

En attendant que cela se réalise, les enseignants ont décidé de mettre en œuvre leur plan d’action. Ils envisagent d’organiser une conférence de presse hebdomadaire pour «fustiger l’attitude du directeur». En plus du boycott des salles de classe et de toutes les instances de réunions convoquées par le directeur de l’Ept. Nos tentatives pour joindre la direction depuis quelques jours sont restées sans succès.

 

Les étudiants en régime payant, pomme de discorde 

Prévue dans le cadre des «fonctions de service» pour la recherche de financements additionnels, la formation continue payante, ouverte à des étudiants non admis au concours régulier d’entrée à l’Ept, fait débat. Tout semblait bien aller jusqu’en cette année 2009, lorsque la décision de l’organisation d’une semaine culturelle par les étudiants en régime privé s’est heurtée au refus de leurs camarades admis sur concours. Ces derniers ont exigé l’arrêt des recrutements payants au motif que ce n’est pas autorisé par le nouveau décret portant création, organisation et fonctionnement de l’Ept.

Dans ce décret signé le 18 juin 2009, dont L’Obs détient une copie, il est écrit au sous-point 3 du titre VI sur le financement de l’Ept, que l’établissement peut recourir à la «vente de services» (formation continues et à la carte, cours internationaux, etc.). Comme beaucoup d’autres établissements de formation publics (Esp, Ebad, Cesti, etc.) le font depuis une dizaine d’années. Il s’y ajoute que son nouveau statut confère à l’Ept une autonomie de gestion.

Pour ne rien arranger le directeur de l’Ept a, dans un premier temps, demandé aux enseignants de cesser d’inscrire les nouveaux bacheliers en cours privé. Le chef de l’établissement invoquait des dispositions du ministre de tutelle. Ce à quoi se sont opposés les enseignants qui ont entrepris d’inscrire des pensionnaires privés, car pour le personnel enseignant le ministre «n’a jamais envisagé de la (formation continue) supprimer, mais plutôt de la réorganiser de façon générale dans l’enseignement supérieur».

Face à l’impasse, et aux menaces qui pesaient sur les étudiants inscrits à titre privé, la Fédération nationale des associations des parents d’élèves de l’enseignement privé laïc (Fnapeepla) est montée au créneau. «Nous nous interrogeons sur le sort que votre institution réserve à ces jeunes qui n’ont de tort que d’exiger de poursuivre leurs études avec l’appui financier de leurs parents dans un contexte extrêmement difficile», s’est inquiété le président de ladite Fédération, Babacar Khouma, dans une lettre datée du 3 novembre dernier adressée au directeur de l’Ept.

 

«Dérives constatées»

Après des rencontres avec les différentes parties concernées, le ministre a, dans communiqué reçu le 26 novembre dernier, écrit que le mode d’application de la fonction de service a connu des «dérives qui sont à la source des conflits constatés et qu’il faut corriger». L’autorité ministérielle relève que beaucoup de problèmes soulevés et les «dérives constatées» devraient être résolus de façon «structurelle et durable dans le cadre d’une révision approfondie des textes sur la fonction de service, sur la base de recommandations précises de l’Inspection générale d’Etat et de la Cours des Comptes qui ont audité certains de ces établissements».  Le département de Tidiane Bâ souligne en outre, sur ce qui est appelé «Formation payante» par certains «Formation continue» par d’autres, avoir rappelé à tous que la fonction de service a été autorisée par les autorités académiques et approuvée par le ministère en charge de l’Enseignement supérieur. «Il a été recommandé aux établissements de maintenir les cohortes d’étudiants recrutés pour l’année 2009-2010, étant entendu que les prochains recrutements se feront sur la base des nouveaux textes sur lesquels toutes les parties concernées seront consultées», conclu le communiqué de ministère de tutelle.

Tout devrait rentrer dans l’ordre, sauf que les enseignants du Saes rapportent qu’au lendemain de l’audience avec le ministre Tidiane Bâ, rien n’a changé. «Grande a été notre indignation de constater que contrairement à vos propos, le Directeur persiste dans sa position, en intimant le Directeur de études d’interdire l’accès aux salles, aux étudiants qui ont déjà démarré les cours depuis un mois.» 

De son côté, la Fédération nationale des associations des parents d’élèves de l’enseignement privé laïc (Fnapeepla) considère le droit des pensionnaires privés à la formation et à la prise en charge sociale (santé, logement, etc.). «Si on touche à la cohorte d’étudiants recrutés pour l’année 2009-2010, nous allons ester devant les tribunaux», avertit le président de la Fédération, Babacar Khouma. Lui et ses camarades envisagent de rencontrer les enseignants, la direction et le Conseil d’administration de l’Ept ainsi que le ministre de tutelle pour «situer les centres de décisions» pour s’y retrouver dans cet imbroglio. «Nous sommes prêts à aller jusqu’auprès du président Abdoulaye Wade si nous ne trouvons pas de solution», laisse entendre M. Khouma. «Il y va, martèle-t-il, de la validité des diplômes de nos enfants dont nous payons très chers leurs études.»



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