L’hôpital Abass Ndao est malade. Une dette de près d’un milliard, des fournisseurs qui attendent le règlement de leurs factures, une masse salariale qui tourne autour de 80 millions au moment où l’hôpital peine à avoir 40 millions de recettes…, constituent autant de facteurs qui font qu’Abass Ndao est au bord du gouffre. Et une thérapie de choc est attendue du nouveau maire de Dakar, Khalifa Sall, par ailleurs président du Conseil d’administration de cet hôpital, qui s’y est rendu hier.
‘Nous sommes au regret de le dire, mais nous restons sur notre faim’, gronde Arona Diop, délégué du personnel de l’hôpital Abass Ndao. Après l’alternance à la tête de la mairie de Dakar, le 22 mars 2009, l’espoir était réapparu chez les agents de l’hôpital qui dépend de la municipalité. En effet, le nouveau maire de Dakar y avait mené une visite inopinée, dans la journée du 5 juin 2009, pour passer au peigne fin les difficultés que traverse l’établissement de santé. A l’issue de cette visite, des décisions importantes avaient été prises, mais jusqu’à présent, les agents attendent leur application. Selon Arona Diop, l’hôpital Abass Ndao se situe à moins de 50 % de ses capacités. Le syndicaliste en veut pour preuve la masse salariale qui tourne autour de 80 millions au moment où la comptabilité de l’hôpital peine à faire 40 millions de recettes.
La résolution ou l’épongement de la dette sociale ainsi que le règlement de la facture des fournisseurs ont été rappelés comme étant leurs doléances par les travailleurs de l’hôpital Abass Ndao, lors de leur face-à-face avec le président du Conseil d’administration de l’hôpital, Khalifa Sall. Ce dernier, pour sa part, a mis sur la table une enveloppe de 278 millions au moment où Abass Ndao réclamait à la direction 250 millions. Mais le personnel est convaincu que l’hôpital peut faire des recettes qui tournent autour de 100 millions. ‘C’est possible’, confirme Arona Diop.
Devant le maire Khalifa Sall, les agents de l’hôpital ne se sont pas gênés pour jeter l’opprobre sur l’actuel directeur d’Abass Ndao, Mourade Dièye Guèye. Pour eux, il faut une équipe compétente, rigoureuse et déterminée à piloter l’hôpital. ‘Quand on n’a pas encore de leader, ni de chef, il est très difficile d’atteindre ces objectifs’, déplore Arona Diop qui a bouleversé le protocole de la cérémonie de remise de don de matériel hier à l’hôpital Abass Ndao. Sur ce point, rappelle le syndicaliste, le maire avait pris la décision de lancer un appel à candidature pour trouver un nouveau directeur à l’hôpital. Malgré la bonne volonté de la nouvelle équipe municipale, les travailleurs de Abass Ndao tiennent à avoir un bon accompagnateur pour lire les objectifs fixés par les autorités compétentes et conduire la réforme hospitalière.
En marge de cette visite du maire de Dakar, Abass Ndao a réceptionné un don de matériel de l’Association Sahel-horizon-solidarité. Ce don, composé de matériel hospitalier et chirurgico-médical, est estimé à 60 millions de francs Cfa.
SERVICE PEDIATRIE D’ABASS NDAO : Des bébés hospitalisés sans drap
A la Pédiatrie de l’hôpital Abass Ndao, le maire de Dakar Khalifa Sall a trouvé scandaleux le fait que des bébés soient hospitalisés sans drap. Son adjoint, président de la Commission santé, par ailleurs maire de la Commune de Fann-Amitié-Point E, l’a également fait remarquer hier lors de la visite effectuée par la nouvelle équipe municipale dans les différents services d’Abass Ndao.
Cette situation pose une fois de plus le problème de la politique de santé en direction des nouveau-nés. En effet, au Sénégal, le taux de la mortalité infanto-juvénile se situe à 61 pour mille, soit 41 décès par jour. La mortalité néonatale, quant à elle, se situe à 121 pour mille. Cette dernière, depuis des années, n’a pas connu de baisse substantielle. D’où la nécessité pour les décideurs de faire de la néonatalité une politique de santé publique Au Sénégal, les services de pédiatrie sont frappés par un déficit criard de lits de néonatologie. Ainsi, l’hospitalisation des nouveau-nés devient un véritable casse-tête. La maternité n’est guère mieux lotie puisqu’elle n’a pas suffisamment de lits par rapport au nombre des accouchements. Ainsi, alors que la maternité d’Abass Ndao fait cinq à sept mille accouchements par an, elle ne dispose que de vingt lits de néonatologie.
CREANCES : Abass Ndao traîne une ardoise d’un milliard
L’engagement pris par l’Etat du Sénégal d’éponger la dette globale des hôpitaux qui tourne autour de 15 milliards, vient à son heure. A l’hôpital Abass Ndao par exemple, les dettes tournent autour d’un milliard. Ce qui fait que les fournisseurs courent derrière leurs factures. Certains d’entre eux refusent même de livrer, occasionnant ainsi des ruptures qui peuvent être lourdes de conséquences dans la prise en charge des malades.
Les travailleurs de Abass Ndao ont salué l’idée du nouveau maire de Dakar de ne pas s’immiscer directement dans la gestion de l’hôpital. La recommandation a été de créer une commission tripartite où siègeront la commission médicale d’établissement de l’hôpital, l’Intersyndicale et l’administration. Du côté des agents de l’hôpital, on attend la mise en place de cette commission pour que l’hôpital puisse démarrer sur de nouvelles bases.
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