Héritages, Mirasse : Qu’est-ce à dire ?

Communément appelé ‘’Mirasse’’ au Sénégal, l’héritage pose souvent de graves problèmes au sein des familles. Comme évoqué dans notre livraison du mardi 22 décembre dernier, c’est celui d’Issa Mbaye Samb, ancien ministre, qui est à l’origine de graves frictions et de fracassantes révélations. Ce qui est loin d’être une nouveauté dans ce petit et paradoxal pays.

En effet, il y a le plus que controversé code de la famille et l’Islam qui est la religion de plus de 80% des Sénégalais.

En matière d’héritage, les lois de la république sont relativement claires. On sait qui hérite et qui ne doit pas hériter.

Il faut le reconnaitre et oser le dire, les questions successorales sont plus aigues chez les musulmans. Par exemple, selon certaines interprétations, l’enfant né hors mariage est d’office exclu de l’héritage. A travers un de ses ouvrages, le professeur Cheikh Anta Diop disait que dans l’ancienne Afrique, les enfants héritaient des épouses de leur défunt papa. Chacun évitant bien sur sa propre mère. Dans le vieux français, l’enfant né hors mariage était appelé bâtard. Avec le politiquement correct, personne n’ose utiliser cette infamante appellation.

Les Sénégalais d’un certain âge gardent encore en mémoire le cas tragique d’un gendarme qui se suicida au milieu des années 60. Avant, le mirasse, on lui avait appris qu’il était un enfant naturel, un bâtard. C’est en particulier chez les polygames que les problèmes d’héritage et de succession sont les plus aigus. Nous donnons ici deux exemples caractéristiques. En 1997, décédait à Pikine marché zinc un grand notable polygame pieux musulman et très bon père de famille. On ne lui connaissait que quatre femmes. Ce que l’Islam autorise. Par respect pour sa mémoire, nous ne citons pas son nom.

Le jour du décès de ce polygame immensément riche, une dame pleine de rondeurs s’était présentée avec ses quatre enfants dont deux jumelles avec des extraits de naissance et un certificat de mariage en bonne et due forme délivré par un officier d’Etat civil. C’était dans la perspective de l’héritage, du partage du patrimoine foncier, immobilier et des comptes bancaires bien garnis laissés par le défunt.

Il y a de cela quelques années deux vielles dames créèrent un grand scandale dans une des cliniques les plus connues du CHU de Dakar. Toujours pour des questions d’héritage faudrait-t-il ajouter. Ces vielles dames croyaient  que leur commun mari malade, cloué sur un lit, devait passer de vie à trépas. Si elles lisent votre quotidien préféré, ces deux se reconnaitront, et la suite de l’histoire est croustillante, renversante.

Le mari rétabli, guéri ne se fit pas prier. Dès sa sortie d’hôpital avec ce qui est visé dans le jargon médical. Comme filet d’Exeat, le mari ci-dessus évoqué s’était précipité pour aller épouser une jolie et potelée nymphette, native des environs de Ngumba Nguéoul en plein Cayor. Au Sénégal, il y a beaucoup d’héritages qui sont en l’état comme on dit chez les juristes et chez les spécialistes du droit civil.

Il y a de célèbres et défunts milliardaires dont les héritiers se disputent, se crêpent les chignons et s’accusent de sorcellerie, d’anthropophagie, de cannibalisme et d’autres monstruosités. Pour ces problèmes d’héritages troubles et troublés, il y a des affaires qui sont encore pendantes devant les tribunaux. 

Paru dans La Voix Plus