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Hôtel Indépendance : 80 travailleurs observent une grève de la faim

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Hôtel Indépendance : 80 travailleurs observent une grève de la faim

Prés de quatre-vingts travailleurs de l’hôtel Indépendance ont entamé, hier mardi, une grève de la faim. Par cet acte, ils entendent amener les autorités, restées sourdes à revendications, à trouver une solution de sortie de crise pour leur établissement.

Le hall de l’hôtel Indépendance, d’ordinaire rempli de touristes et autres hôtes de la capitale sénégalaise, pour une conférence, une rencontre d’affaires ou sportive, avait, hier, des allures d’une salle d’attente d’un hôpital pour indigènes. Ce qui frappe, lorsque que l’on pousse le portail en verre, ce sont ces dizaines de femmes couchées d’un côté et des hommes de l’autre. A notre passage, l’horloge affichait midi passé de quelques minutes. Mais les regards des grévistes de la faim étaient hagards. Une certaine lassitude, pour ne pas dire de la mélancolie, se lisait sur leurs visages.

Ce mardi matin, premier jour de leur grève de la faim, les travailleurs de l’hôtel Indépendance n’avaient guère le sourire. Pour se couvrir contre le vent frisquet qui souffle sur la mythique place de l’Indépendance, ils étaient tous couverts de larges draps. Autres aspects qui frappent celui qui débarque dans le hall où sont couchés les grévistes de la faim : le calme qui règne sur les lieux ainsi que l’âge assez avancé des grévistes. La moyenne d’âge est de cinquante ans. Certains ont passé, 25 à 31 ans de leur vie dans cet établissement hôtelier, ouvert le 1er avril 1977, informe le délégué du personnel de l’hôtel, Louis Phillipe Ndior.

Aujourd’hui, pourquoi ces travailleurs se sont mobilisés pour entamer une grève de la faim ? A cette question, le délégué du personnel de l’hôtel Indépendance détaille un chapelet de maux. Parmi les raisons avancées par le syndicaliste figurent la vétusté du matériel d’exploitation, un économat vide, une lingerie et une pâtisserie non fonctionnelles, une piscine hors d’usage et un immeuble complètement délabré. ‘L’hôtel Indépendance ne respecte plus les normes de l’hôtellerie. Les normes de sécurité pour les travailleurs et les clients ne sont plus aux normes. On est même en danger ici. Pour exemple, sur quatre ascenseurs au début, il n’y a qu’un seul qui marche. Les lits datent de 1977’, dénonce Louis Phillipe Ndior. Il renchérit : ‘Le taux de remplissage, qui jadis atteignait 95 %, est aujourd’hui à 1 %’.

D’après le syndicaliste, ce sont ces pertes qui sont à l’origine de la perte de la couverture médicale des travailleurs qui doivent une ardoise de 14 millions à leur mutuelle de santé. Autres conséquences sociales : le non versement des cotisations sociales, la suppression des acquis sociaux comme les gratifications, les billets pour la Mecque, les billets pour Rome, entre autres. A cela s’ajoute la question des salaires qui sont maintenant payés avec du retard. ‘Nos familles sont disloquées car, nous ne pouvons plus assurer la dépense quotidienne. Nos enfants ne vont plus à l’école. Nous n’avons plus d’électricité encore moins d’eau chez nous’, regrette Louis Philippe Ndior. ‘Il n’y a plus rien. Nous avons presque perdu nos emplois. Il n’y a plus de travail. Tous les matins, nous venons sans travailler’, déplore-t-il.

Raisons d'une léthargie : A l’origine, une opération de sauvetage ratée

Si la situation de l’hôtel Indépendance est arrivée à ce niveau de pourrissement, c’est parce que les difficultés remontent à plus de dix ans, soutient Louis Philippe Ndior. Et les trois responsables principaux sont la direction actuelle de l’hôtel, l’Ipres et la Société nationale de recouvrement (Snr) qui regroupe d’anciennes banques en faillite comme la Bnds, l’Usb, etc. Ces banques avaient donné un crédit à l’ancien propriétaire de l’hôtel Indépendance un certain Kicchietti. Ce dernier n’a pas payé le crédit contracté auprès de ces banques. Après son départ, l’hôtel Indépendance a été donné en location-gérance à Camille Bernard. Ce dernier payait sept millions de francs par mois à l’Ipres à qui revenait l’hypothèque. De 1992 à 1998, l’Ipres, comme actionnaire majoritaire, était propriétaire du bâtiment qui abrite l’hôtel Indépendance. Récemment, l’Ipres a intenté un procès d’expulsion de l’hôtel.

Le nouveau repreneur, Joseph Georges Ndiaye, et la nouvelle direction ont toujours considéré que l’Ipres a acquis l’hôtel sur la base de faux documents. D’ailleurs, selon Louis Philippe Ndior, la nouvelle direction avait intenté un procès contre l’Ipres et avait même gagné la première manche. Mais l’Ipres a déposé un recours qui n’est pas encore vidé. C’est la raison pour laquelle, les travailleurs de l’hôtel Indépendance qui ont débuté, hier mardi, une grève de la faim pour demander l’arbitrage du président Wade, ont un seul mot d’ordre : ‘Sauver l’hôtel Indépendance pour les générations futures et la stabilité de (leurs) emplois’. Ce qui passe forcément, d’après eux, par des investissements massifs.



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