L’Organisation internationale de la Francophonie a décidé cette année de placer la Journée internationale de la Francophonie le 20 mars, sous le signe du centenaire de la naissance du poète antillais Aimé Césaire. Un programme d’hommage qui se déroulera du 19 au 23 mars sous la présidence d’éminentes personnalités sénégalaises, antillaises et françaises. Collaborateur d’Abdou Diouf, président de l’Oif, le poète Hamidou Sall revient sur cet évènement qu’il qualifie d’antichambre de contre-valeurs telles que le «mbalakh» ou le «lamb».
A l’occasion de la journée de la Francophonie, le 20 mars, vous avez choisi de dérouler un programme hommage à Aimé Césaire. Pourquoi ?
D’abord, cette année 2013 sera l’année du centenaire de la naissance d’Aimé Césaire. Pour saluer une traversée glorieuse d’un siècle qu’il a fortement marqué, il nous a semblé que l’honorer était une dette. Aimé Césaire est un digne fils de l’Afrique parce que descendant de ceux qui ont été très injustement arrachés à la terre africaine. Il est quelqu’un qui, par son œuvre, son engagement, ses combats multiples, a toujours défendu l’Afrique, il a toujours parlé pour l’Afrique et a pris fait et cause pour elle. Il est celui qui est resté l’indéfectible ami de Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal. Ensemble, avec un autre digne fils de l’Afrique qui s’appelle Léon Gontran Damas, ils ont mené le combat de la Négritude. Au cours de fiévreuses années où la race noire était insultée et bafouée, ils ont relevé ce combat-là. Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, je considère que l’Afrique lui doit un hommage, plus particulièrement le Sénégal qui était sa deuxième patrie.
Pensez-vous que cet évènement rencontre son public avec une jeunesse de moins en moins réceptive aux messages des livres ?
Je n’ai jamais été défaitiste. Ce n’est pas parce que les jeunes ne sont pas portés sur les livres ou la lecture qu’il faille baisser les bras et laissez le «mbalax», le «lamb» ou toutes ces non-valeurs prendre le dessus. Je n’ai jamais vu un pays qui s’est développé simplement sur la danse ou sur la frappe violente avec un sang qui gicle. Je crois que la jeunesse doit être instruite et formée. Je crois aux valeurs et aux vertus de l’éducation et ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on va baisser les bras. Je reste convaincu que les jeunes doivent essayer d’étudier l’œuvre, la trajectoire et le parcours d’Aimé Césaire.
Ces journées sont-elles ouvertes au public ?
C’est tout le monde qui est invité. Si nous disons que nous Sénégalais, nous Africains devons à Aimé Césaire cet hommage, c’est dans la communion des cœurs et de l’esprit que nous devons converger vers le Théâtre national Daniel Sorano, le 19 mars, pour assister à la pièce : «La tragédie du roi Christophe.» Le 20 mars, tous ensemble, nous devons aller vers le Méridien Président, tous les comités intellectuels du monde, pour se pencher sur l’œuvre d’Aimé Césaire. Nous tous ensemble, devons accompagner nos frères Antillais, venus de la Guyane, de la Guadeloupe, de la Martinique, à Gorée qui est une île de souffrance, une île de douleur, une île qui témoigne du drame qui s’est abattu sur le peuple noir et notamment sur les Africains. Donc, c’est ouvert à tout le monde et tout le monde a sa partition à jouer.
Vous avez réussi à avoir la présence d’éminentes personnalités comme le président de la République, Macky Sall, le président de l’Assemblée nationale française, Claude Bartolone, ou encore le ministre de la Justice française, Christiane Taubira. A-t-il été difficile de réunir tout ce beau monde ?
Cela a été spontané et normal pour eux. Aimé Césaire a été député à l’Assemblée nationale française de 1946 à 1993, il a siégé sur les bancs de cet hémicycle près d’un demi-siècle. Christiane Taubira, ministre de la Justice française, est une enfant de la terre guyanaise, elle vient parce qu’elle sait ce qu’elle doit à Aimé Césaire, de même que Claude Bartolone et bien d’autres députés qui seront là. Il y aura même le proviseur du plus prestigieux lycée français, Louis Legrand où sont passés Aimé Césaire et Senghor.
Mais, où est la place des intellectuels et personnalités sénégalais et africains dans cet hommage ?
Le seul fait de l’organiser au Sénégal, c’est déjà tendre la main à toutes les autorités sénégalaises qui se sont mobilisées puisque c’est le président de la République du Sénégal qui vient ouvrir la cérémonie. Ce que nous voulons, c’est que gouvernement, société civile, humbles citoyens, prennent en charge cet événement. Je reste convaincu que si les officiels de l’Outremer viennent, il serait normal et même souhaitable et recommandable que les officiels sénégalais soient présents à leurs côtés.
Mais les avez-vous approchés ?
Nous avons invité tout le monde et j’ai été invité au journal du 23 février dernier de la Tfm. Je suis passé durant l’émission de la matinale et j’ai invité tout le monde. J’irai à la Rts et j’inviterai tout le monde. J’ai envoyé des cartons d’invitation à tous les membres du corps diplomatique et du gouvernement.
Sur le programme, il est écrit qu’il y aura un message du Président Abdou Diouf, président de la Francophonie, cela veut-il dire qu’il ne sera pas là ?
C’est un texte qu’il va délivrer. Car, le 20 mars en France qui est le pays siège de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), sera organisée la Journée internationale de la Francophonie. Un évènement auquel on a convié le Président Abdou Diouf. Le Président français François Hollande va se déplacer pour venir voir le Président Abdou Diouf qui sera reçu dans l’après-midi à l’Elysée. C’est Abdou Diouf qui a initié cet hommage à Aimé Césaire. C’est lui qui l’a préparé et qui le suit au quotidien. Ce matin (mercredi 13), il m’a appelé pour prendre des nouvelles de l’évolution de cette manifestation, mais il a aussi voulu répondre à l’invitation des autorités françaises.
Cela ne vous semble pas paradoxal qu’Abdou Diouf aille répondre à l’invitation du Président Hollande et qu’il vous délègue, vous son collaborateur, pour présenter le programme au Sénégal ?
Je n’y vois pas de problème. Au contraire, il faut occuper tous les espaces. Le Président Macky Sall est qualifié pour recevoir cet évènement-là, le présider et dire solennellement merci au nom du Sénégal à Aimé Césaire.
La question est plutôt pourquoi le Président Hollande mérite la présence d’Abdou Diouf et non le Président Macky Sall ?
Tout se fait par ordre protocolaire. Et même si Abdou Diouf venait, il passerait après le Président Macky Sall.
Les hommages à Aimé Césaire se suivent et se ressemblent, débats, tables rondes, projections de film… Ne pensez-vous pas que c’est une façon un peu ankylosée pour atteindre un public jeune ?
La meilleure manière d’ouvrir la pensée d’Aimé Césaire aux jeunes, c’est de l’introduire dans les programmes scolaires. Je n’ai pas cette responsabilité-là, mais je le souhaite ardemment. Aimé Césaire est assez vaste, ample et complet pour que tout le monde y trouve sa part. Aimé Césaire, en plus d’être un écrivain était un homme politique. Son œuvre était à travers son engagement et son activité politique. Il y a diverses formes pour accéder à l’œuvre de l’homme. Et donc, sous ce rapport, je pense que c’est en organisant des tables rondes, des hommages et des rencontres pareilles que les gens pourront se dire pourquoi celui-là ? Qui est-il ? Qu’a-t-il fait ?
AICHA FALL THIAM
14 Commentaires
Ah
En Mars, 2013 (18:52 PM)Abou
En Mars, 2013 (19:02 PM)En Tout Cas
En Mars, 2013 (19:26 PM)A s'exprimer correctement. La jeunesse est le futur du pays et nulle part dans les
Émissions de la télé on ne mentionne l'éducation: thiakhagoune. Radjakhoune. Footballtoune. Lambatoune. Y'a que ça. On ne préconise nulle part la science ou l'éducation. Au moment ou dans cette période de mondialisation c'est la course vers le futur. aux États Unis il y'a une carence d'un million de programmeurs électronique et ces boulot vont sûrement aller aux indiens et chinois, nos enfants se gavent de thiakhagoune et lamb. Au moment ou aux États Unis j'écris ce message durant ma pause lors d'une conférence dit le sujet est "digital natives , digital immigrants " pour voir comment adapter cette technologie courante dans l'éducation nos enfants au Sénégal imitent Amina potée (keukh, kilo!).
Je sais pas si nous pouvons nous rattraper par rapport au reste du monde mais en tout cas ça fait peur hein
Helas
En Mars, 2013 (20:22 PM)Vrai
En Mars, 2013 (20:48 PM)Koumen
En Mars, 2013 (21:01 PM)pas être une usine de fabrication d littéraires et de beaux parleurs.
@laminetoro
En Mars, 2013 (22:06 PM)Xxccc
En Mars, 2013 (22:50 PM)Ppddf
En Mars, 2013 (22:59 PM)Bg
En Mars, 2013 (23:03 PM)Jambar1
En Mars, 2013 (23:40 PM)Répondre à Modou
En Février, 2024 (14:03 PM)Reply_author
En Février, 2024 (15:04 PM)Reply_author
En Février, 2024 (18:20 PM)@jambar1
En Mars, 2013 (08:45 AM)Neyssane
En Mars, 2013 (14:12 PM)L'indigné
En Mars, 2013 (17:37 PM)Participer à la Discussion