Horrible assassinat de la jeune écolière Seynabou Seck : L’imam de la prison de Rebeuss et ses acolytes acquittés

Le verdict est tombé sur l’affaire Seynabou Seck, cette jeune écolière de 6 ans assassinée en 2006 à Keur Ndiaye Lô (Rufisque). Après quatre années de détention, les trois accusés sont acquittés. 

Le quartier pénitentiaire de Rebeuss vient de perdre un imam, avec l’acquittement de Babacar Kandji et de ses deux codétenus Ibra Samb et Abdoulaye Diallo. Les trois accusés ont été libérés vendredi dernier, à l’issue de leur procès relevant de la dernière affaire inscrite au rôle de la dernière session 2010 de la Cour d’assises de Dakar. Cette nouvelle donne survient au terme de quatre années de détention préventive.

Seynabou Seck se rendait à l’école lorsqu’elle a été interceptée par un individu, en compagnie de son jeune frère Assane Seck. L’homme habillé en chemise rouge et pantalon Jean avec casquette de couleur verte profita de la commission du garçon pour disparaître avec la fille. Six jours plus tard, le corps sans vie sera découvert dans un verger sis à Keur Ndiaye Lô, localité sise à Rufisque (banlieue dakaroise). Une découverte horrible parce que la tête et les pieds de la victime avaient disparu. Sur les lieux du crime, la présence d’une robe tachetée de sang et des bijoux permit l’identification de la victime par ses parents. Les gendarmes qui se sont déportés sur les lieux ont constaté un corps en état de décomposition avancée dans un trou profond d’environ 50 cm, amputé de la tête et des membres inférieurs. L’autopsie a même conclu à une mort par égorgement entraînant la décapitation de la tête non retrouvée. Sur ce registre, le témoignage du petit Assane Seck (14 ans), frère consanguin de la victime avec qui il était le jour de son ravissement, aura été pathétique. Le père de la victime qui parle de ‘mort atroce et barbare’ accueille la nouvelle avec philosophie : il s’en est remis à Dieu et n’a réclamé aucun dédommagement.

Les trois accusés ont clamé leur innocence durant tout le procès. Le berger Babacar Diallo (39 ans), habillé en grand boubou blanc ‘trois pièces’ était le responsable principal du verger de 6 ha où le corps a été enseveli à moitié. C’est lui qui a avisé la gendarmerie de cette localité, lorsque son neveu lui a fait part de la découverte macabre. Il déclare qu’il ne peut être l’auteur d’une telle atrocité, eu égard au fait qu’il est lié d’amitié au père de la victime. Ibra Thiam est le doyen du groupe, âgé de 51 ans. Cultivateur de son état, il précise que le cadavre n’était pas dans un trou. Un gris-gris pendait au niveau de ses reins ainsi qu’un bracelet sur la main gauche. Son arrestation est due au simple fait qu’il passe la nuit dans le verger. Le dernier accusé Abdoulaye Diallo a été arrêté un mois après le baptême de sa fillette aujourd’hui âgée de quatre ans. Le verger lui a été confié par un certain Nassirou Diallo. Aucun de ces accusés n’a été identifié par le petit Assane comme étant le ravisseur de sa défunte sœur.

Procès de la gendarmerie et du juge d’instruction

‘Comme on n’a pas trouvé les vrais coupables, vous allez tous payer’. C’est ce que la gendarmerie a fait dans cette affaire, selon les avocats de la défense. Ce procès a sans doute été celui des gendarmes et du juge d’instruction. L’avocat général Djibril Bâ n’a pas manqué de manifester sa colère sur la gendarmerie ayant procédé à l’arrestation de Babacar Kandji, Ibra Samb et Abdouaye Diallo. L’avocat de la société déplore : ‘Je n’ai rien contre la gendarmerie qui assure notre sécurité et notre tranquillité. Je suis déçu du travail très mal fait des gendarmes. Le juge d’instruction qui aurait dû suppléer à cette carence des pandores a fait montre de beaucoup plus de paresse.’ L’avocat général est agacé par nombre de dysfonctionnements notés dans le dossier : le juge d’instruction ne s’est pas transporté sur les lieux pour complément d’enquête, l’enquête est restée muette sur le couteau trouvé sur les lieux du crime, aucune perquisition n’a été faite dans les alentours des champs voisins qui seraient au nombre de six, entre autres. Pourquoi la gendarmerie n’a pas poussé l’enquête en exploitant la piste des Baye Fall alors qu’elle avait les moyens de le faire ? Pourquoi également le juge d’instruction n’a pas ordonné un complément d’enquête ? Ces interrogations sans réponses l’ont poussé à demander l’acquittement. Il sera suivi par la Cour qui a prononcé l’acquittement des accusés qui, après quatre années de détention préventive, recouvrent la liberté.