La montagne a finalement accouché d’une souris. Annoncée à grandes pompes par le président Wade, à l’entame du deuxième congrès de la campagne «Education pour tous», l’ouverture de l’école française dans la capitale du mouridisme n’aura pas lieu. Et pour cause, le démenti des proches du khalife n’a point tardé, suite aux propos tenus par le Président de la République et faisant état de l’entière adhésion de Serigne Bara pour l’implantation de l’école française à Touba. Un imbroglio dont les échos retentissent encore au Palais de la République où le maître des lieux, serait très remonté contre Kalidou Diallo, le ministre de l’éducation, qui l’aurait induit en erreur…!
Il faut casser l’os, en sucer la substantifique moelle pour accéder à la saveur de l’orifice. Cette assertion de Rabeléenne, le Président Wade l’aura appris à ses dépens. Annonceur de bonnes nouvelles, depuis la déroute de sa coalition, Me Wade s’est précipité à rendre publique l’aval du Khalife général des mourides pour la réouverture des écoles françaises à Touba, fermées depuis 1997 sur ordre du défunt khalife, le Cheikh Saliou Mbacké. Pour rappel, Me Wade avait annoncé le lundi dernier, à l’ouverture de la 2ème assemblée générale du Réseau africain de campagne pour l’éducation pour tous (Anefa) que Serigne Bara Falilou, a donné son accord pour l’implantation des écoles françaises dans la capitale du mouridisme. Faux ! C’est là, la note de Serigne Cheikhouna Mbacké, par ailleurs, chef de file de la cellule de communication du khalif. Dans un communiqué publié quelques heures après l’annonce du Chef de l’Etat, Serigne Cheikhouna, fils du khalif, dégage en touche et précise que, «les établissements scolaires publics, dans leur entendement actuel, n’ont pas encore leur place à Touba» Plus encore, à en croire le fils du khalif, «le projet d’implantation d’écoles publiques françaises à Touba, selon le modèle classique qui existe actuellement au Sénégal, a été rejeté par le Khalife Général des mourides. Pour la simple raison que ce modèle ne répond pas aux préceptes de l’islam, encore moins aux enseignements du fondateur du mouridisme » Précisant, au passage, que le type d’écoles à envisager pour la ville sainte, a déjà fait l’objet d’études sérieuses, Serigne Cheikhouna et ses acolytes ont tenu à rappeler que le magistère de Serigne Bara s’inscrit dans la voie tracée par ses prédécesseurs. Par ailleurs, la cellule de communication du khalif a renseigné qu’il ne s’agit point d’un rejet catégorique de l’école française à Touba, mais plutôt d’un refus de transposition du modèle de l’école française, qui ne s’adapte pas au statut spécial de la ville sainte de Touba. Il convient de retenir, que cette brouille survenue entre le guide du mouridisme et le Chef de l’Etat, n’est pas pour plaire à ce dernier qui, semble-t-il, a été induit en erreur par le ministre Kalidou Diallo, chargé de l’Education Préscolaire, élémentaire et moyen.
A l’origine de la brouille, la désinformation de Kalidou…
Tout est parti de la visite du ministre en question, qui a été reçu par le khalife général des mourides le samedi dernier. C’est au sortir de cette audience, que Kalidou, en bon commis, a aussitôt saisi le Président de la République, pour lui annoncer la bonne nouvelle, autrement dit que le khalife aurait donné son aval pour la construction d’écoles françaises modernes dans la ville sainte. «A cours de notre entretien, Serigne Bara m’a dit qu’il va donner des terrains à l’Etat, pour l’édification de nouvelles écoles françaises, dans le périmètre de la ville sainte» a argué le ministre qui ajoute que les écoles fermées sous le magistère de Serigne Saliou, sont aussi à la disposition de l’actuel khalife, qui décidera de ce qu’il va en faire. C’est donc fort de ce rapport, que le président Wade s’est évertué à annoncer la nouvelle, qui sera démentie quelques heures après, par la cellule de communication du khalife.
Serigne Bara nie…, Kalidou persiste !
Le Ministre de l’Education, n’a pas voulu reculer d’un iota dans ses allégations, eu égard au démenti du porte parole du khalife. Au détour de son point de presse tenu hier, Kalidou Diallo persiste dans ses dires. Selon lui, le khalife lui a bel et bien chargé d’une mission, en lui donnant son aval, non pas pour la réouverture, mais la construction de nouvelles écoles, sur des terrains qu’il serait prêt à octroyer au Ministère de l’Education. Une décision qui vient à son heure, selon Kalidou qui précise, «qu’il n’y a aucune confusion sur cette question». Pour le ministre, dans son contexte de ville lumière et universelle, Touba a besoin d’ouverture, avec notamment l’implantation d’infrastructures écolières modernes. Une hypothèse que ne semble pas partager le khalife général des mourides, qui s’est prononcé hier sur la question, en clamant tout haut «qu’aucune école française ne sera édifié dans le titre foncier de la ville sainte» Serigne Bara qui a rappelé l’opposition formelle de ses prédécesseurs quant à la construction d’écoles françaises à Touba, affirme n’avoir jamais donné son accord allant dans le sens d’une rupture, contre les instructions de ces prédécesseurs.
0 Commentaires
Participer à la Discussion