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IMMIGRATION - Entente avec la France et l’Espagne : Le Sénégal cache ses accords et monnaye sa collaboration

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IMMIGRATION - Entente avec la France et l’Espagne : Le Sénégal cache ses accords et monnaye sa collaboration

La coïncidence est troublante. Quelques jours seulement après que le Président Abdoulaye Wade a accusé Madrid de n’avoir pas honoré ses engagements sur le contrôle bilatéral de l’émigration, l’Espagne verse 13 milliards de francs Cfa dans les caisses du Trésor national, au bénéfice du plan «Reva». En contrepartie, il faut s’attendre à des rapatriements massifs de clandestins sénégalais au pays.

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement du Sénégal est engagé dans des négociations avec la France et l’Espagne dans le cadre de la gestion des flux migratoires. Classé dans la catégorie des «pays chauds» de l’émigration clandestine, le Sénégal est particulièrement mis sous pression par ces deux pays européens avides de juguler les vagues humaines. Plus poreuse au débarquement des Subsahariens en raison de sa façade maritime, l’Espagne passe elle-même pour le maillon faible de la stratégie européenne de lutte contre l’émigration clandestine. D’où sa volonté de parvenir par tous les moyens à un accord global avec le Sénégal. C’est ainsi qu’au mois d’août dernier, Dakar et Madrid ont signé un mémorandum comportant la mise en œuvre de patrouilles communes chargées de contrecarrer les départs de passagers dans les points d’embarquement identifiés. Avec Paris, c’est le président de la République, Me Abdoulaye Wade, qui a révélé la semaine dernière qu’un accord avait été trouvé à 80%.

Mais ce qui paraît inacceptable aujourd’hui, c’est la décision des autorités sénégalaises de garder secrets les accords signés avec la France et l’Espagne. Après la énième visite à Dakar du secrétaire d’Etat espagnol Leon Bernardino, le royaume ibérique va octroyer 13 milliards de francs Cfa à l’Etat du Sénégal. Cette générosité espagnole, assez inhabituelle dans l’histoire des relations entre les deux pays, vise un objectif : concrétiser le plan «Reva» de retour vers l’agriculture, initié par le Président sénégalais pour fixer les jeunes tentés par l’aventure. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire parisien Le Journal du Dimanche, Me Wade avait indiqué être prêt à accepter le renvoi des clandestins sénégalais si les autorités espagnoles accompagnaient le processus. «Qu’elles me les renvoient, mais qu’elles donnent aussi des champs (des bassins de rétention, selon une autre source)». Profitant de l’occasion, le chef de l’Etat sénégalais s’était même hasardé à estimer le prix de chaque plantation (agricole) «entre 62 000 et 92 000 euros (entre 40, 5 et 60,3 millions de francs Cfa). Mais «plus que l’argent», il disait préférer une livraison de «matériels de seconde main de l’Union européenne».

Il semble donc que le Sénégal ait obtenu ce qu’il voulait en réalité : de l’argent frais. Une manne qui tombe dans son escarcelle quelques jours seulement après que le Président Abdoulaye Wade a révélé qu’un accord avec la France avait été trouvé à 80% au moment où les Espagnols, eux, ne tenaient pas leurs engagements. La coïncidence est forte.

Quid de la contrepartie sénégalaise ? En dehors des mesures formelles que sont les patrouilles communes effectuées dans le cadre du dispositif dit Frontex de contrôle des côtes sénégalaises, notre pays se voit ainsi contraint de collaborer pleinement et entièrement avec la gendarmerie espagnole. Les rapatriements de ressortissants sénégalais échoués dans les Iles Canaries vont prendre une ampleur jamais égalée depuis le début de la crise des embarquements irréguliers. C’est l’un des pactes secrets de l’accord bilatéral avec Madrid. En déboursant une telle somme, le gouvernement Zapatero tente de résoudre l’équation interne de la pression populaire et politique qui est en train de prendre une dimension imprévue. C’est pourquoi le maximum de Sénégalais et de Subsahariens retourneront dans leurs pays.

Avec Paris, il n’est pas encore question d’accord, mais la demande de signature d’une convention formulée par Nicolas Sarkozy devant Me Ousmane Ngom va fatalement comporter un engagement à délation contre les sans-papiers sénégalais que la France veut expulser le plus vite possible.

 



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