En 5 ans, la région de Dakar vient d’étrenner 10 nouveaux lycées répartis dans les 3 départements de Dakar, Pikine et Rufisque. Cela porte le montant des chantiers dans la région à 10 milliards F Cfa.
De vrais bijoux, c’est ce que l’Etat du Sénégal offre à la capitale. De Rufisque à la Voie de contournement Nord (VDN) en passant par Mbao, Yeumbeul, Thiaroye, Guédiawaye, Parcelles assainies, Ouakam, les constructions scolaires foisonnent. « L’option obéit à la politique de proximité en élargissant l’accès afin de désengorger les anciens lycées, mais surtout de permettre aux parents de souffler financièrement », dit Ousmane Diop, directeur de la construction, de l’équipement scolaires et sanitaires (DCESS), le guide du jour de l’équipe qui a visité, mercredi dernier, 7 chantiers, avec comme mission « voir l’état d’avancement des travaux du programme complémentaire ». Lequel programme concerne l’extension dans la plupart des sites, mais aussi de nouvelles créations. Partout, les ouvriers sont à pied d’œuvre. Certaines entreprises n’hésitant pas à user de gros moyens comme la grue. Tel est le cas au lycée de Thiaroye. Concernant l’extension, 12 salles de classe en hauteur, ont été ajoutées au lycée de Mbao qui a ouvert ses portes en « 2002 avec 6 classes », dit Mme Seynabou Diène, censeur ne pouvant cacher sa joie de voir ses problèmes de programmation réduits. La même joie se lit sur le visage des élèves épargnés du calvaire vécu par leurs aînés. L’extension a permis de passer à 36 classes physiques dont 8 laboratoires « faisant passer la capacité à environ 3000 élèves », de disposer de 3 blocs sanitaires de 12 box chacun répartis entre filles et garçons avec une approche handicap, un centre socio-éducatif et sportif, une agora avec une scène de spectacle, le logement du proviseur de 4 chambres et salon, etc. « le bâtiment d’extension sera fonctionnel dès ce lundi », assure Ousmane Diop. Érigé sur une superficie de 6 ha, le lycée de Mbao, outre le mur de clôture compte en son sein une conciergerie, un bloc administratif, un poste transformateur de 250 KWA, un centre de documentation et d’informatique (CDI) avec 30 ordinateurs P4, un vidéo projecteur, une imprimante, un photocopieur (Riso).
Un nouveau lycée à Yeumbeul
À quelques encablures du lycée se situe le collège d’enseignement moyen (CEM) bâti sur un espace réduit de 3350 ha. Ici, 3 nouvelles salles de classe, un CDI, une infirmerie et un foyer sont en construction. Une véritable bouffée d’oxygène pour ce collège prévu pour « 800 élèves » et qui en compte aujourd’hui « plus de 2000 », note le principal El H Ibrahima Ndiogou. « Heureusement que les écoles primaires des alentours qui sont vides les après-midi nous permettent de fonctionner. C’est dire que l’extension vient à son heure », ajoute le principal qui regrette le manque de réserve foncière.
De Mbao, nous mettons le cap sur Yeumbeul. Dans un grand espace vierge, on aperçoit de loin 2 grandes bâtisses imposantes dans une enceinte de 3 ha. C’est le nouveau lycée de Yeumbeul. Un quartier de la banlieue pikinoise qui étrenne, pour la première fois, un lycée. « Cet espace a été mis gratuitement à la disposition de l’Etat par le Grand Serigne de Dakar, Ibrahima Diop », explique le DCESS, Ousmane Diop. Le frère aîné du Grand Serigne, El H Abdoulaye Diop « Got », au nom de sa communauté a remercié le chef de l’Etat et l’a assuré de son soutien. « Ce n’est pas la peine qu’il vienne battre campagne à Yeumbeul. Ce lycée le fait à sa place, car nombre de nos jeunes, jadis obligés d’aller à Rufisque ou à Guédiawaye ou Pikine, ont abandonné l’école, non pas qu’ils ne sont pas intelligents, mais ils n’ont pas su supporter le calvaire », raconte El H Abdoulaye Diop « Got ». Les 2 bâtiments comptent 8 salles de classe chacun, soit 16 salles dont 4 laboratoires. Le lycée d’un coût de « 500 millions F Cfa pour 1500 élèves et extensible à 3000 » disposera d’un CDI, d’un bloc administratif, d’une conciergerie, de blocs sanitaires avec approche handicap, d’un plateau multifonctionnel (terrains de basket, handball, etc). « Sa réception est prévue en fin juin », dit le chef de chantier.
Capacité doublée du lycée de Thiaroye
De Yeumbeul, la délégation se rend à l’ex-camp militaire de Thiaroye où sont construits un lycée et un collège. Le Cem bénéficie de 3 nouvelles classes, d’un CDI, de blocs sanitaires et d’un plateau multifonctionnel. « Tout sera livré le 20 décembre », rassure le chef du chantier. Selon Abdoul Karim Sylla, l’extension fait passer le nombre de salles physiques de 15 à 18. « Malgré tout, cela est insuffisant. Il nous faut normalement 31 salles pédagogiques. Aujourd’hui nous sommes à 1940 élèves pour un collège construit pour 800 », dit le principal qui lie cette forte augmentation par la forte concentration humaine dans la zone et le fort taux de réussite à l’entrée en 6è. « Cette année, Thiaroye a enregistré 6000 admis », révèle-t-il. Le lycée est situé non loin du nouvel hôpital. Ici, l’extension permet le doublement de la capacité. En effet, on passe de 24 à 48 salles physiques, soit 24 salles réparties dans 2 blocs de 12 chacun dont 4 laboratoires. Comme à Mbao, ce lycée bénéficie aussi d’un logement du proviseur, de l’extension du CDI, d’une agora avec scène de spectacle, d’un terrain de football avec piste d’athlétisme, l’aménagement de laboratoires avec introduction d’un circuit de gaz. L’extension sera réceptionnée en fin décembre. Ce qui traduit la joie du proviseur Abdou Salam Dème. « L’extension vient à point nommé. Elle règle nos problèmes parce que nous sommes dans une zone à forte densité », soutient M. Dème, faisant constater que son établissement compte « 2000 élèves sur une prévision de 1000 ». Il se réjouit que le pays s’achemine vers une « école de qualité ».
Délocalisation prévue de Galandou Diouf
De Thiaroye, l’on se dirige à Guédiawaye notamment au collège Diarka Diagne. Situé dans la même enceinte qu’une école primaire, ce collège de R+1 d’un coût de 300 millions F Cfa du fonds saoudien, compte 12 salles physiques, un bloc administratif et un bloc sanitaire ainsi qu’une conciergerie. Comme Diarka Diagne, le lycée de la VDN se trouve dans l’enceinte d’une école primaire. « Nous mettrons un mur de séparation », dit Ousmane Diop, Dcess. Ici les travaux connaissent un réel retard et le Dcess n’a pas manqué de le faire remarquer au chef de chantier. Au total 16 classes dont 4 laboratoires sur R+1 sont prévues sur ce site. « Nous allons y délocaliser le lycée Galandou Diouf de Mermoz et scinder Galandou en 2 Cem », annonce Ousmane Diop. Le Dcess apprécie « positivement » l’état d’avancement des travaux dans certains établissements malgré les quelques retards constatés dans d’autres écoles. Pour lui, ce programme complémentaire permet d’augmenter l’accès. « L’objectif est que tous les établissements soient livrés à la rentrée prochaine », note le Dcess, se réjouissant de l’option « qualité ». Cela permet de « rattraper le déficit enregistré par l’Etat dans l’amélioration de l’environnement scolaire », poursuit-il. Ousmane Diop insiste aussi sur la maintenance qui est « du ressort » des collectivités locales et des écoles. « Nous y veillerons à travers la sensibilisation parce que la maintenance est essentielle pour la pérennisation », estime M. Diop, révélant que ce programme complémentaire coûte « environ 5 milliards F Cfa », mais que dans la région de Dakar, il existe « 10 milliards F Cfa de chantiers si on ajoute les lycées de Rufisque et l’école de formation des instituteurs (EFI) ». Selon le Dcess, depuis l’alternance, « 38 lycées, 500 collèges et 15 000 salles de classe ont été construits et la région de Dakar bénéficie de 10 nouveaux lycées ».
Objectif multiforme
Le ministre de l’Education, le Pr. Moustapha Sourang l’option d’extension de l’accès a un « objectif multiforme ». Il s’agit d’accéder à des structures de proximité, de neutraliser le transport, de prendre en charge du maillon moyen secondaire ayant besoin d’être boosté d’autant que de 2000 à 2006, le nombre d’élèves ayant réussi à l’entrée en 6è dans l’élémentaire est passé de « 49 000 à 92 000 », indique Sourang. Mieux, ces constructions sont « une réponse à l’environnement actuel, un corps sain ayant besoin d’un environnement sain. C’est cela aussi qui explique l’option de modernité avec toutes les commodités », affirme le ministre, révélant que les 10 lycées en construction s’ajoutent aux 28 autres construits ou en construction à l’intérieur du pays. À Dakar, les 10 nouveaux lycées viennent renforcer les 320 nouvelles salles créées et 100 autres réhabilitées dans l’élémentaire grâce au projet éducation pour les banlieues de Dakar (PEBD). Ce qui donne au total un investissement de près de « 20 milliards F Cfa » dans la seule région de Dakar. Cet effort est poursuivi à l’université où « 6 milliards F Cfa sont investis ». De l’avis du ministre, c’est là un « signal fort qui montre que gouvernement s’occupe de l’enseignement moyen secondaire », signalant que l’option s’accompagne d’une « valorisation de la fonction enseignante ».
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