[ VIDEOS - PHOTOS ] INONDATIONS DANS LA BANLIEUE : Le loyer et les transports flambent, les écoles servent de refuge

Après les dernières pluies qui ont chassé les populations de leurs maisons inondées, le calvaire continue pour les habitants de la banlieue qui constatent, impuissants, la flambée du loyer et la hausse vertigineuse des tarifs imposés par les «cars rapides», clandos, charrettes et autres «ndiaga ndiaye». Ailleurs, dans les autres quartiers, les écoles, jusque-là fermées, sont prises d'assaut par les populations sinistrées.

Boire le calice jusqu’à la lie. Tels des damnés de la terre, les populations sinistrées des zones inondées de la banlieue ne savent plus où donner de la tête. Leur situation rappelle à bien des égards celle de  ce piroguier pris dans une tempête en pleine mer et qui ne sait plus si le vent veut pleurer ou rire. Hier, c'est par centaines que les populations de la banlieue ont quitté les zones inondées pour trouver refuge dans les rares localités quelque peu épargnées par les eaux. Des bagages sur la tête ou embarqués à bord de charrettes, tous ont pris le chemin de «l’exode». Un spectacle désolant. Tel celui de ce véhicule rempli de bagages et sur lequel, sont agrippés des membres d'une même famille. Au beau milieu de la mare, le moteur toussote et cesse de tourner. Non loin, c'est une charrette remplie de bagages sauvés de la furie des eaux qui se fraye difficilement un passage. A Djedah Thiaroye Kao et sur le tronçon qui relie Thiaroye au croisement communément appelé «Poste Thiaroye», les charretiers se sont frottés les mains. En effet, ceux qui veulent aller d'un bout à l'autre dans un quartier inondé doivent débourser deux cents francs pour un trajet de trois cents mètres. Il y en a même qui se font porter sur le dos par de robustes jeunes lutteurs pour traverser une marre. Les conducteurs de véhicules dits clandos, du nom de ces véhicules bons pour la casse et qu'on ne trouve qu'en banlieue, n'ont pas hésité ces derniers jours à dicter leur loi aux populations. Les tarifs affichés par ces véhicules ont doublé, voire triplé.

Le loyer n'est pas en reste. Il a enregistré  une forte hausse dans la banlieue. Pour s'entasser dans de petites chambres, une famille doit débourser 15 000 à 20 000 francs pour chaque local. Si, dans certains quartiers, on joue la solidarité à fond en accueillant les bras ouverts des voisins, ailleurs c'est un acompte de trois mois qui est réclamé aux pauvres responsables de famille. Une situation qui a obligé certains sinistrés à forcer les portes des rares  écoles non inondées. A Yeumbeul, par contre, les écoles «Ablaye Diop et Sotrac» ont été réquisitionnées pour recevoir les familles sinistrées. Dans d'autres localités, les directeurs réticents ont fini par abdiquer. C'est le cas à Keur Massar et à l'école 27 de Pikine qui ont commencé à accueillir des sinistrés. On assure qu'aujourd'hui, d'autres écoles comme Salif Ndongo A et B situées dans la commune de Djedah Thiaroye Kao vont suivre. A Diamaguene, après un répit, les populations ont encore pris d'assaut la mairie, refusant de donner suite à l'aveu d'impuissance fait par le premier magistrat de cette localité. «Ils ont battu campagne sur le thème des inondations et il faudra qu'ils assument», ont clamé les populations. Dans cette localité, c'est plutôt le Collectif des résidents qui tente, malgré des moyens limités, de s'organiser pour libérer certaines maisons des eaux stagnantes.