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Insalubrité : difficilement, Dakar essaie de se rendre propre

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Insalubrité : difficilement, Dakar essaie de se rendre propre

Assise devant sa maison, Adja Fatou Ndiaye apprécie avec bonheur le va-et-vient qui s’effectue sous ses yeux. A coups de balai, les agents de nettoiement vont et reviennent, enlèvent le sable entassé le long du trottoir, chargent les camions, sous le regard de cette riveraine, peu habituée à ce genre de spectacle. Les quelques espaces visibles sont entourés de pneus peints en rouge blanc, le long de la ruelle jalonnée d’acacias. Nous sommes au marché Hlm, un petit canal tapissé de marchands, qui s'ouvre sur le long du boulevard Cheikh Ahmadou Bamba, pris en étaux entre Colobane, quartier populeux de Dakar, et Bopp. La Mairie a décidé de donner un coup de balai dans un espace allant des Hlm «Rail bi » au marché Hlm.  Et la riveraine apprécie : «Hlm renaît avec cette opération car les populations vivent au quotidien  avec toutes sortes de pollutions (sonore, le gaz qui se dégage des voitures. »

Il s’agit d’une initiative hardie. Toujours envisagée, toujours différée. Les différents maires qui se sont succédé à la tête de la municipalité de Dakar ont fait face à un puissant lobby marchand, soutenu par des chefs religieux, déterminé à protéger son gagne-pain. Mais le nouveau maire de Dakar, à peine élu, a décidé de faire face à cette situation, qui fait perdre à l’état du Sénégal plusieurs dizaines de milliers de dollars par le blocage du réseau urbain, et donne à la capitale sénégalaise un très vilain visage. Par ces temps des fêtes, Hlm a connu le même rush, du fait de son succès. Mais aussi, de la déception de cette malienne, qui l’a exprimée dans une des radios locales : « On parle du marché Hlm au Mali. Je suis malienne, je suis venue faire mes achats ici, mais je suis surprise par la saleté.» La saleté, un vrai problème. Les vieux canaux, dont certains datent de l’époque coloniale, quand l’hivernage approche, déversent leur trop plein de boue puante dans la rue, au contact des automobilistes. Un vrai cauchemar pour les populations, insolvable pour le pouvoir en place.
Le gouvernement a décidé de soutenir un programme qui devrait permettre le recasement des marchands ambulants dans des sites choisis d’un commun accord. Avec une certaine frilosité. Une initiative équivalente, menée dans un bazar appelé Ker Serign bi, avait créé un froid entre le pouvoir en place et le puissant lobby mouride, obligeant le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye à des explications bien gênantes. Mais l’initiative entamée depuis une semaine connait un certain succès auprès des populations. Peut-être avec plus de communication. Khalifa Sall, le maire, a été élu sur la base de cette promesse. Il a pris le soin d’expliquer le bien-fondé de sa démarche. Il a élaboré un programme de soutien financier à plusieurs municipalités, pour faire face au problème d’assainissement, un vrai casse-tête pour la capitale sénégalaise, une presqu’île qui a du mal à se débarrasser de ses déchets.

Le bonheur des populations fait le malheur des marchands ambulants. Ils accusent le  maire de saboter leurs activités. Environ 25 000 personnes bénéficient de cette vente à la criée et font vivre leurs familles restées au village. Ils sont menacés et pourraient passer une fin d’année sans revenus. Youssouf  Ndiaye, la trentaine, tient son étal de tissus en face du marché. Il est privé de son activité génératrice de revenus ce mercredi matin, car déguerpi de son lieu de travail par la mairie.  Selon le vendeur, « c’est bien de nettoyer Dakar, mais le cas des marchands ambulants constitue un cas particulier  auquel les autorités devraient avoir  beaucoup plus d’attention. ». Monsieur Ndiaye estime qu’«il faut une politique d’aménagement visant à recadrer  les marchands ambulants dans un espace propice.  Et non les livrer à eux-mêmes ». D’autres municipalités ont emboîté le pas, avec un regard amusé du pouvoir en place. Il a toujours soupçonné ces maires issus de l’opposition de soutenir les actions d’incivisme de ces marchands ambulants. Au-delà des préoccupations des populations, il y a de véritables enjeux de pouvoir. Iront-ils jusqu’au bout ? L’opération n’est pas terminée, mais elle commence à changer le visage de certains coins de Dakar. Adja Fatou Ndiaye peut apprécier.
 
Un reportage de Maty Diagne
Pour Seneweb News



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