INSALUBRITE - La capitale sénégalaise après la fête du mouton : Dakar sous le joug de la saleté

Le visage qu’offre la ville de Dakar au lendemain de la fête de Tabaski n’est pas du tout beau à voir. Des tas d’ordures envahissent des principaux points de vente de moutons abandonnés par les vendeurs de bétail. Cette situation a soulevé, naturellement, l’ire des riverains qui fustigent leur maire d’arrondissement sur le retard noté dans le ramassage de ces ordures. Mais, ces derniers s’en défendent et imputent la responsabilité à la mairie de Dakar.

Il ne fait pas bon vivre à Dakar, au lendemain de la fête de Takaski. Cela, du fait d’une insalubrité générale, qui vient s’ajouter au casse-tête que constitue le système de ramassage des ordures. Dans presque tous les sites de vente de moutons, le décor est identique. A l’Avenue Cheikh Ahmadou Bamba sise aux Hlm, des tas d’immondices, composés de foin et de détritus de mouton, meublent le décor. Des pneus, qui servaient de mangeoire, jonchent tout le long de l’avenue. Des piquets disposés ici et là.

Plus loin, deux jeunes riverains assis sur un banc se livrent à la causerie. Interrogés sur les désagréments que causent ces ordures sur leur environnement immédiat, Ous-mane Ndiaye, la trentaine sonnée déplore la situation et accuse le maire de la commune des Hlm d’être «incapable de rendre propre les Hlm» au-delà même de cette insalubrité post-Tabaski. «Au contraire, ce sont les jeunes qui s’organisent, après le départ des vendeurs de moutons, pour nettoyer les sites moyennant 10 000 à 15 000 par espace», renseigne M. Ndiaye, qui assure que les jeunes vont, incessamment, ramasser les ordures. Comme s’il n’attendait que notre présence pour déverser sa bile sur son maire, M. Ndiaye peste : «Notre avenue est vraiment sale. On dirait qu’on n’a pas de maire.» «Il pouvait, au moins, mobiliser les jeunes du quartier, qui n’ont pas de travail, pour assurer la salubrité du quartier et désensabler l’avenue», suggère-t-il.

Au niveau des ronds-points de Liberté VI et de la Patte-d’Oie, c’est le même constat. Sauf que sur ces points de vente, il reste encore de moutons invendus. Pour le nettoyage de ces sites, les vendeurs de moutons interpellés déclarent que ceci est du ressort des mairies compétentes à qui ils ont versé des taxes. Mais, les désagréments causés par les ordures sont plus perceptibles au niveau de la Patte-d’Oie. En effet, les vieux du quartier rencontrés déplorent le fait que les vendeurs de moutons aient transformé le terrain de football de Grand-Médine en un véritable forail. Alors que ce terrain leur sert de lieu de prière, à l’occasion des deux grandes prières (Korité et Tabaski). Ceci a même provoqué un incident, selon un membre de la mosquée qui témoigne : «On a frôlé le pire, à la veille de la Tabaski, entre les vendeurs de moutons et les jeunes de l’Asc. N’eût été l’intervention de la police des Parcelles Assainies, l’irréparable allait se produire.» «Finalement, les vendeurs ont été déguerpis et les jeunes ont nettoyé le terrain, dans la nuit pour qu’on puisse prier», raconte-t-il. Un autre vieux de lancer : «C’est vraiment le bordel !» C’est pourquoi ces vieux souhaitent que la mairie épargne le terrain, leur lieu de prière occasionnel, de cette situation.

LES MAIRES D’ARRONDISSEMENT SE DEFAUSSENT SUR LA VILLE DE DAKAR

Interpellé sur sa responsabilité par rapport à l’insalubrité qui règne dans les grandes artères de la commune d’arrondissement des Hlm ainsi qu’au marché, le maire Abdoulaye Dieng rejette la responsabilité sur la ville de Dakar. Selon M. Dieng, c’est à la ville de Dakar d’assurer le nettoiement. Car, elle gère désormais le marché des Hlm, qui génère d’énormes ressources financières. «Depuis longtemps, la gestion du marché nous a été retirée. Donc, ce n’est pas à nous de le nettoyer», affirme-t-il. Toutefois, le maire déclare que si rien n’est fait, sa mairie prendra en charge le nettoiement des points de vente de moutons ainsi que le marché. «D’ici 48 heures, tout sera propre», précise M. Mbaye, un proche du maire. Du côté de la ville de Dakar, nos tentatives pour recueillir leur version ont été vaines.

Cependant, le directeur de cabinet du ministre de l’Environnement et de la Protection de la nature, Mamadou Tall, déclarait, hier, sur les ondes de la Rfm que «cette insalubrité est due à l’absence de certains travailleurs de Ama-sénégal, qui sont permissionnaires, à l’occasion de la fête de Tabaski». Néanmoins, M. Tall rassure que des dispositions sont prises pour assurer le service minimum pour le nettoyage des points de vente de moutons et le ramassage des ordures. «Dans 24 ou 48 heures, nous allons retourner à la situation normale», affirme le directif de cabinet du ministre Thierno Lô.