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Interview d’Adji Sarr par des médias étrangers : Aïssatou Diop Fall attaque la presse sénégalaise, des professionnels ripostent

Auteur: Awa Faye

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Interview d’Adji Sarr par des médias étrangers : Aïssatou Diop Fall attaque la presse sénégalaise, des professionnels ripostent

C’est l’An 1 de l’affaire Ousmane Sonko/Adji Sarr. Ce dossier de viol et de menaces de mort dort toujours dans un coin du bureau du Doyen des juges d’instruction (DJI) et n’est pas donc renvoyé en jugement. Mais, pour marquer cet anniversaire, des médias étrangers à savoir «Le Monde» et «RFI» ont eu un entretien avec la masseuse qui est la plaignante. Dans les articles, Adji Sarr a (presque) tout dit. Elle s’est bien défendue en livrant sa part de «vérité».
Au lendemain de la publication de ces articles de presse, la journaliste au Groupe futurs médias (GFM), Aïssatou Diop Fall, a profité de l’émission Infos Matin sur la TFM, pour flinguer ses confrères sénégalais. D’emblée, la chroniqueuse a soutenu que les médias français ont eu «un intérêt journalistique». «Ils ont vu que c’est l’an 1 de cette affaire, c’est la raison pour laquelle, ils ont décroché Adji Sarr. Si les journalistes sénégalais voulaient avoir un entretien avec elle, ils l’auraient démarchée tout en faisant un bon travail journalistique. C’est-à-dire en toute objectivité », a-t-elle balancé sur le plateau. Poursuivant, elle déclare : «Malheureusement, Adji Sarr n’a pas le même pouvoir qu’Ousmane Sonko au Sénégal et elle ne l’aura jamais. Ici aucun journaliste n’a le courage de l’interviewer et même si c’était le cas, ils lui auraient posé des questions désobligeantes».
«La presse sénégalaise est absolument subjective sur la question Sonko-Adja Sarr »
Aïssatou Diop Fall de marteler que «la presse sénégalaise est absolument subjective sur la question Sonko-Adja Sarr ». «Et ce n’est pas notre mission. Nous devons être à équidistance de toute information. On doit traiter de la même manière Adja Sarr comme Sonko. Si on accepte que ce dernier soit présumé innocent, on doit accepter le statut de victime d’Adji Sarr tant que la justice n’a pas encore tranché. Mais à chaque fois, on lui pose des questions à charge pour faire plaisir à Ousmane Sonko et échapper aux insultes ou menaces des pros-Sonko (Sonkoboys)», fait remarquer la journaliste. Selon elle, l’actuel maire de Ziguinchor a très tôt pris le train pour se victimiser. «Il a fait peur à l’Etat et au peuple Sénégalais. Alors que le reporter doit respecter les regèles d’éthique et de déontologie qui régissent notre métier qu’est le journalisme».
Ces déclarations sont sujettes à polémique dans le milieu des médias. Car si certains épousent les idées d’Aïssatou Diop Fall, d’autres ont apporté la réplique. Chargé de communication dans une structure étatique, Y. ND. est lui en phase avec elle. «Je ne suis plus journaliste mais tout ce que je peux dire c'est qu'on tend de plus en plus vers un journalisme d'opinion alors que le journaliste doit être équidistant des différentes chapelles politiques. Mais apparemment, c’est plus facile de tirer sur le pouvoir que sur l'opposition », dit-il. «Dans la tête de beaucoup de vos jeunes confrères, affirme-t-il, il faut être du côté de l'opposition pour être un bon journaliste alors que le journaliste doit éviter d'être manipulé par qui que ce soit. Informer juste et vrai en se basant sur les faits. Toutefois le commentaire est libre».
Y. ND. croit dur comme fer que la presse est manipulée. «Ils ont vite fait de prendre fait et cause pour Sonko sans être en possession de tous les éléments.  Personnellement,  je ne pense pas qu'il y ait eu viol  mais suis convaincu qu’il y a eu quelque chose entre eux. Je ne pense pas non plus qu'il y ait un complot de la part de l'Etat.  Malheureusement il y a eu beaucoup de manipulations dans ce dossier de part et d'autres », regrette-t-il.
«Jusqu’à ce matin, elle était toujours journaliste, en fonction dans un média, avec une émission à son compte et avait toutes les possibilités d’inviter Adji Sarr. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait? »
Employée dans un organe de presse privé, A. G . souligne d’emblée que «dire que les journalistes sénégalais ont peur de tendre le micro à Adji Sarr, c’est d’abord manquer de respect à sa corporation et oublier ce qu’est le traitement journalistique d’une affaire pendante en justice». Elle s’explique : «Déjà, ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’un journaliste est critiqué ou attaqué par des gens pour une information écrite. Car il y a toujours ceux-là que cela n’arrange pas et qui essaieront de la décrédibiliser. Donc dire que parce que les jeunes de Pastef (NDLR : Parti d’Ousmane Sonko), ont l’insulte à la bouche et de ce fait, font peur à la presse, est un dérapage ». Avant d’avancer : «Si elle (Aïssatou Diop Fall) est attaquée par ses sorties, c’est parce qu’elle fait un commentaire qui est un genre libre. Elle donne son point de vue avec son style et reçoit l’ascenseur de la part des jeunes de Pastef. Et c’est de bonne guerre. Pour le second point, depuis quand fait-on parler une partie dans une affaire pendante devant la justice? Aussi médiatisée soit-elle. Si une affaire est pendante devant la justice et que les parties n’ont pas encore tranché leur contentieux devant le juge, on se limite à l’évolution du dossier s’il est en instruction mais ne tendons pas la parole à aucune d’elle».
Et je ne vois, assure-t-elle, nullement un journaliste Sénégalais ayant interviewé Ousmane Sonko (Notons qu’il ne s’est pas replié dans son coin et il est accessible à la presse) avec une tribune lui permettant de s’expliquer sur l’affaire. Qui ajoute que la preuve est que le magistrat lui avait même interdit d’en parler publiquement. Ce qui est valable pour les deux parties. «Aucun journaliste, qui respecte les règles, n’a la droit de tendre le micro à une partie dans un dossier pendant devant la justice car ce serait une tentative d’influencer la  justice. Même les avocats n’ont pas le droit de parler d’un dossier pendant en justice. Je pense que c’est du basique », explique le reporter.
Concernant le choix d’un média occidental, A. G . pense que ce n’est pas anodin car on entend Adji Sarr dire qu’elle voudrait sortir du pays et défendre la cause des femmes et devenir féministe. Un appel au pays pour une demande d’asile. «C’est bien cherché et pour que cet appel arrive à l’international, il fallait un média comme celui utilisé. Tout est calculé. Lorsqu’elle a voulu parler du supposé viol et de sa supposée grossesse, sa cible étant le peuple Sénégalais, son avocat a organisé une conférence de presse, en convoquant certains médias », insiste-t-elle. Et de lancer : «Une fois de plus, dire que la presse sénégalaise a peur n’est ni respectueux, ni courtois. Et j’espère que notre consœur pèse bien la gravité des propos qu’elle a tenus et qui ne l’honore pas en tant que journaliste car elle aussi, elle serait si on suit sa logique, une peureuse. Jusqu’à ce matin, elle était toujours journaliste, en fonction dans un média, avec une émission à son compte et avait toutes les possibilités d’inviter Adji Sarr. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait? ».
«(…) par la suite, il y a eu une contre-offensive médiatique»
Son confrère J. D. souligne que la presse sénégalaise a largement parlé de cette affaire au début. «C'est un quotidien sénégalais qui l'avait révélé et tout le monde en a largement fait écho à l'époque. C’est vrai que dans un premier temps, il n’y avait qu'une partie qui s'exprimait. On peut comprendre que pour des raisons de sécurité, Adji Sarr ne pouvait pas s'exposer. Mais par la suite, il y a eu une contre-offensive médiatique», déclaré-t-il.
A l’en croire, la plaignante a eu à s'exprimer largement dans certains médias. «C'est le petit bémol que je mets au propos de Aissatou Diop Fall. Certains avaient même fait un point de presse avec Adji Sarr », recadre-t-il.
Par ailleurs, le journaliste a soutenu qu'il y a aussi un manque d'intérêt pour le sujet qui peut poser un problème. «Une affaire de ce genre, un an après on en parle presque plus, alors que rien n'est fait pour que le procès se tienne. Cela peut susciter des questionnements. Tant de cette inaction de la justice que du mur de silence qui l'accompagne. C'est aussi parce que les gens sont traumatisés par ce qui s'est passé au mois de mars (les manifestations et les morts). Ils ont peur que cela se reproduise », reconnaît-il. Finalement, laisse-t-il entendre, tout le monde se complait et le perdant, c'est soit Adji Sarr (si son histoire est vraie, je n'en sais rien- ou bien Sonko lui-même, s'il est vrai qu'il n'a rien fait de tout ça. Toutefois, pour J.D., sans procès digne de ce nom, on ne pourrait jamais le savoir.
Auteur: Awa Faye

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