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INVENTIONS, INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES, INVESTISSEMENTS… Le génie sénégalais bouscule les tabous

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INVENTIONS, INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES, INVESTISSEMENTS… Le génie sénégalais bouscule les tabous
Vivre et partager les inventions. Cette belle opportunité a été offerte par les inventeurs sénégalais à quelques passionnés de découvertes, au moment où le produit de ces cerveaux ingénieux, était destiné aux investisseurs. Dans la journée du 15 juillet, une cinquantaine d’acteurs du monde de l’invention et de l’innovation technologique se sont retrouvés pour exposer le produit leur découverte à d’éventuels investisseurs. Ces derniers par ignorance ou simple oubli, auront été les grands absents de la fête. 

Dans une Afrique en construction, le fossé qui sépare le monde des investisseurs de celui des inventeurs, est encore, long à parcourir. Le fossé se creuse. Sans doute avec une petite dose d’erreur, on pourrait le penser à l’issue de l’ouverture de la Première cérémonie d’échange et de dialogue entre inventeurs et investisseurs qui a eu lieu, mardi 15 juillet à Dakar. Sous l’égide de l’Association sénégalaise pour la Promotion des Invention et des Innovations (Aspi), le monde des investisseurs, pour ne pas le secteur privé, a été le grand absent de l’évènement.

Quel dommage ! Dans une salle de l’hôtel Téranga remplie d’inventeurs en tout genre, (des hommes et des femmes du pays), même Ousmane Ngom, ministre de l’Industrie et des Mines avait du mal à cacher sa surprise. Tant l’ingéniosité des invités bousculait nombre de préjugés sur le peu d’entrain que manifestaient les Africains à la découverte et aux inventions. Grosse erreur sinon mépris.

Une fois n’est pas coutume, mais pour ce coup-ci, la nation a pris le pas sur l’Etat, et son représentant, hilare, qui, au bord de l’émotion, n’en finissait pas de féliciter et de rappeler les rêves teintés d’une certaine « folie » du président Wade ; un homme qui a fini d’anticiper sur tout, mais qui ne sait pas souvent accompagner les grands mouvements souterrains qui se font jour dans le pays. Non, la recherche ne se vend pas trop bien pour les politiques ? Le temps des réalisations (lentes et pas toujours concluantes), n’est pas celui du très politique président. Qui a dit méprise ?

Jeune ménagère, Isseu Ba, est un autodidacte qui détient un brevet d’invention dans le domaine de l’alimentation. Cette jeune femme, est à la base de la mise en œuvre d’un petit chef d’œuvre avec un fruit que les Sénégalais de la ville ont l’habitude de consommer pour lutter contre l’hypertension artérielle, en le suçant. Le Sump, c’est son nom est le fruit d’un arbre sauvage présent dans une ville comme Dakar, mais surtout dans le Ferlo et dont le nom scientifique est Balanites aegytiaca. Si les branches sont utilisées comme cure dent et vendues dans les marchés, le fruit au goût de sucre et un peu amère, est sucé, cru pour ses vertus.

En transformant le Sump en sirop, jus, nectar ou en confiture mélangée avec du miel, la longiligne Isseu est à la base d’une invention qu’elle ne soupçonnait guère à ses débuts. C’est comme cela que ça arrive. Aujourd’hui, son invention est protégée par un brevet Oapi. Pour sa grande fierté.

Autre petite merveille créée, la cuisinière solaire d’Afrique, qui est une invention de M. Abdoulaye Touré. L’homme est un instituteur de profession, qui a, à la suite de plusieurs constats sur les difficultés des femmes du Ferlo à cuire leurs aliments, faute de bois et de charbon en quantité, s’est mis à rêver de la mise sur pied de cet outil dont la principale source d’énergie est tirée du rayonnement solaire qui lui doit son nom. Connu au Burkina Faso, l’inventeur est presque dans l’anonymat au Sénégal. Avec une ressource inépuisable comme le soleil, l’inventeur a fini de faire plaisir à nombre de ménages des villages reculés comme de certaines villes. L’appareil étant vendu aux environs de 50.000 Fcfa, permet de préparer du riz et d’autres plats présents dans la riche gastronomie sénégalaise.

Autre invention d’importance, la couveuse avicole à pétrole. Voilà une création qui devrait faire plaisir aux femmes rurales qui s’activent dans le secteur de l’aviculture sans avoir les moyens d’améliorer les moyens qui correspondent à leurs besoins. Avec la couveuse à pétrole, l’inventeur Ibrahima Guèye, annonce que les femmes rurales pourraient seulement avec cinq litres de pétrole par mois, disposer d’une importante basse cour avec des volailles les poulets du pays, des oies, canards, Autriches, ou encore la dinde etc.

Détenteur d’un brevet d’invention, l’inventeur regrette pour le moment que l’équipement soit produit à petite échelle et distribué dans la sous-région au Mali, en Guinée Bissau, en Côte d’Ivoire, au Gabon. Or l’ambition du créateur est d’aller au-delà.

Un contexte difficile encouragé par l’Etat

Entre détégumenteur destiné à séparer l’arachide de sa pulpe, granulateur qui sert à moudre avec une certaine hygiène les graines de mil, maïs, sorgho, jusqu’à la machine écorcheuse du bissap, les inventeurs sénégalais sont au cœur du mouvement pour les innovations technologiques adaptées aux réalités du pays. Mais, pendant ce temps où sont les investisseurs et l’Etat ?

Pendant longtemps, le seul pendant qui les liait à l’Etat était le Grand Prix du chef de l’Etat pour l’Invention et l’Innovation technologique. Il fut supprimé un moment sans qu’on ne sache pourquoi. L’Etat a des états d’âme en Afrique. Du côté des investisseurs, le privé sénégalais n’est pas aussi nationaliste qu’il ne le dit. Il fonctionne comme l’Etat et semble œuvre sans vision. Sa vision et ses orientations sont celles de l’Etat. Ce qui explique une des raisons essentielle du marasme institutionnel qu’a vécu l’Institut de Technologie Alimentaire (Ita) pendant près de trois décennies.

Dans cet environnement, quelle place occupent les chercheurs et inventeurs ? Quel rôle peut-on attendre d’eux dans une société qui prône l’émergence. Aucune sans doute. Les preuves sont là. La Biennale des Sciences qui devrait être le creuset et la vitrine des chercheurs et autres inventeurs (fussent-ils autodidactes ou non alphabétisés), a été supprimée du calendrier des manifestations nationales prévues au Sénégal. Dans ce contexte difficile rappelé et campé par l’architecte-chercheur, Mbacké Niang, le Technopole de Dakar ressemble plus à un élément de musée dans une ville sans science, qu’à autre chose. Les inventeurs errent dans ce contexte en attendant le Musée de l’invention et de l’innovation technologique promis le Chef de l’Etat, depuis la bouche du ministre de l’Industrie.

Le Président Wade et les investisseurs pris à témoin

Voilà les faits. Où devrait-on aller par conséquent. Présent à la cérémonie du mardi 15 juillet, le ministre Ousmane Ngom, a été le témoin d’une situation d’impuissance manifestée par l’Etat qui n’avait plus un cadre réservé aux inventeurs et aux chercheurs. Même en citant le chef de l’Etat et ses ambitions à tout va, l’homme ne semblait pas tout le temps à son aise. Parce que n’ayant pas pris le bon wagon, avec les inventeurs dès le départ. Il saura dorénavant raison gardée et devrait jouer le rôle de l’« avocat » auprès du président Wade. Il l’a aussi promis.

Après le musée, le mot de Biennale, est aussi sorti de la bouche des organisateurs de cette manifestation, mais aussi du ministre qui est encore allé plus loin. Le Ministre de l’Industrie a émis le souhait de voir une sorte de « Foire aux inventions » tous les ans, qu’il reste à sa place ou non. Nul doute qu’il ne devrait ménager aucun effort, pour aider ces inventeurs, à vendre leur brevet à des investisseurs à l’occasion de la prochaine manifestation dans un an ou deux. A ce délai, la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (Goana) aura fourni ses premières récoltes de manioc, de maïs, de mil, de niébé, de bissap et de produits d’élevage etc. Et dans ce décompte, l’Etat dira quelle place elle aura donné aux inventeurs pour transformer ces produits avec les granulateurs, couveuses, détégumenteurs etc.

Ce sont là autant de défis qu’attendent les inventeurs de l’Etat. Dans un pays qui veut monter en puissance dans le continent et qui a la chance d’abriter le siège du Centre Régional Africain de Technlologie (Crat), l’environnement est pour le moins bien favorable. Le Docteur Ousmane Kane, Directeur du centre a posé les conditions d’une bonne qualité de l’invention. Les juristes, spécialistes des questions des brevets comme Doudou Sagna et le consultant Pape Algaffe Thiam ont campé les choses dans leur contexte. Il reste à l’Etat et au secteur privé d’encadrer le reste pour construire le Sénégal émergent dont on parle avec des leviers forts qui commencent par la magie de l’invention et se terminent par les moyens d’accélérer les innovations. Après c’est l’argent qui fait le reste.



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