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Kalidou Diallo « J’ai bloqué les fonds alloués à la mutuelle des volontaires pour y voir plus clair»

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Kalidou Diallo « J’ai bloqué les fonds alloués à la mutuelle des volontaires pour y voir plus clair»

Nommé depuis juin 2008 au poste de ministre de l'Education en charge du Préscolaire, de l'Elémentaire et du Moyen- Secondaire, Kalidou Diallo tient, tant bien que mal, à assainir le système éducatif. L’ancien syndicaliste (Sudes), dont certaines annonces suscitent la polémique parmi ses anciens collègues et camarades, confie à L’Obs avoir bloqué les fonds alloués à la mutuelle des volontaires. Histoire d’y voir plus clair.  

 

 

Pourquoi sentez-vous la nécessité de faire un audit de la mutuelle des volontaires ?

 

Je pense que la mutuelle des volontaires de l’Education a une vocation, celle de prendre en charge les enseignants et leurs familles. Parce que dans l’arrêté de volontariat, il est précisé qu’être membre de la mutuelle est obligatoire. On considère qu’un enseignant doit être assuré, ce qui fait que l’intéressé cotise, mais l’Etat aussi participe. Et la mutuelle a évolué parce que, plus tard, on a créé le corps des maîtres contractuels. Certains sont devenus fonctionnaires, mais ils ont préféré rester dans la mutuelle parce qu’elle était performante. Ensuite, lorsqu’on a créé le corps des professeurs contractuels, ces derniers ont également adhéré à la mutuelle.

Avec un certain nombre de règles de cotisations, cette mutuelle est gérée de façon autonome avec un conseil d’administration et des sections au niveau local. Et le ministère de l’Education met à leur disposition du personnel, de sorte qu’il y a beaucoup d’enseignants qui sont détachés, qui ne sont pas dans les classes, pour justement gérer cette mutuelle. Depuis que je suis arrivé au ministère de l’Education, certains membres se sont plaints auprès de moi en disant qu’ils déposaient des ordonnances qui ne sont pas pris en charge. En même temps, j’ai eu des rapports issus des membres qui disaient que la mutuelle s’occupait à la fois du crédit mutuel, faisait des prêts financiers et s’adonnait à d’autres activités plus ou moins commerciales. Elle finançait même des Asc (Associations sportives et culturelles) alors qu’elle ne s’occupait pas des missions pour lesquelles elle a été créée. Donc, il y avait des difficultés.

C’est pourquoi, j’avais décidé, au mois de novembre (dernier, Ndlr), de convoquer les membres de la direction de la mutuelle. D’ailleurs, c’est après plusieurs convocations qu’ils sont venus me rencontrer. Je les ai reçus et leur ai demandé de me faire la situation. Nous avons échangé et, au finish, je leur ai demandé de me donner le statut de la mutuelle et de faire le point de sa gestion depuis 2002. Mais, je leur ai dit de me préciser les difficultés auxquelles la mutuelle est confrontée pour que je puisse intervenir auprès de l’Etat et à mon niveau pour qu’on puisse équilibrer les choses. Car j’ai considéré que, quand la mutuelle tombe en faillite, c’est une catastrophe, parce que ce sont 40 000 enseignants qui sont concernés, mais c’est plus de 10 000 membres de famille, c’est-à-dire les enseignants, leurs épouses et leurs enfants. J’ai donc attendu pendant deux mois, mais la mutuelle n’a pas réagi. J’ai fait une deuxième lettre de relance qui est restée aussi sans réponse. J’ai alors écrit une troisième lettre avec injonction de répondre dans les quarante-huit heures. Jusque-là (Ndlr : l’entretien a eu lieu le mercredi 22 juillet 2009), je n’ai reçu aucune réponse. C’est pourquoi, j’ai demandé au directeur du projet des volontaires de bloquer les fonds qui leur étaient destinés jusqu’à ce que je puisse faire la situation.

 

Iriez-vous jusqu’à fermer la mutuelle ?

La mutuelle ne peut être fermée parce qu’elle a une vocation, celle de prendre en charge la santé des enseignants et de leurs familles. Mais quand il y a des problèmes, il faut créer les conditions de son fonctionnement. Il est, non seulement, du devoir des responsables de la mutuelle de rendre compte, mais c’est aussi une obligation. S’ils ne le font pas, je vais prendre la décision administrative qui sied.

 

Où en êtes-vous avec l’audit du corps enseignant ?

Pour l’audit du corps enseignant, nous avions terminé avec la situation des enseignants clé en main, c’est-à-dire tous les enseignants qui sont dans les classes. Ceux qui sont dans les Inspections départementales de l’Education (Iden), dans les Inspections d’Académie (Ia), qui sont des surveillants dans les lycées et collèges, sont recensés. Il restait les enseignants au niveau des services centraux, c’est-à-dire les enseignants qui se trouvent au ministère de l’Education nationale, mais aussi ceux qui sont, soit en détachement, soit en disponibilité dans les différents services de l’Etat. Cette opération également a été faite, nous sommes en train d’exploiter les chiffres. Et une fois ce travail terminé, nous allons additionner l’ensemble de ses listes et soustraire par rapport au nombre d’enseignants qui sont payés par les ministères des Finances et de l’Education. Ainsi, s’il y a un gap, nous allons suspendre les salaires, les intéressés vont certainement venir aux nouvelles. Soit c’est à régulariser, soit c’est à radier ou à suspendre définitivement. Mais, il faut se dire qu’au finish, nous allons sortir un fichier qui est fiable et qui va permettre au ministre de l’Education de situer chaque enseignant dans le pays.

 

Certains enseignants vous accusent de vouloir placer vos hommes dans les Iden et les Ia à la place des sanctionnés ?

C’est vrai que j’ai relevé des personnes dans les Inspections départementales, mais cela est évident que quand vous relevez des personnes, il faut les remplacer. Et quand vous remplacez quelqu’un, il faut mettre vos hommes de confiance. Mais, il faut savoir que les Ia et les Iden que j’ai nommé la plupart du temps, je ne les connais même pas personnellement. Je les connais à travers leur dossier, je les reconnais par des enquêtes. Et puis, c’est à partir de leur cursus, sur leur Cv et du témoignage des gens qui les entourent que je les ai affectés. Comme avec l’Iden de Sédhiou, je ne le connais pas et je n’ai jamais vu les nouveaux Ia de Sédhiou, de Kédougou, de Kaffrine. L’Iden de Diourbel était au niveau du ministère de l’Education, à la direction de la Planification, je ne le connaissais pas. Nous n’avions aucune relation. A l’Iden de Grand-Dakar II, j’ai décidé de promouvoir les femmes, car sur les 54 Iden du Sénégal, il n’y a que deux femmes. Et j’avais décidé que quand il y aura un poste vacant, j’y mettrais une femme. J’ai vu une femme qui avait le profil et puis je l’ai nommée. Je n’ai pas fait de recrutement à partir des amitiés, ni de la parenté ou autres connaissances, mais plutôt à partir des compétences.

 

Quelle appréciation faites-vous des résultats des examens de cette année, surtout du Bfem ?

Nous n’avons pas les résultats définitifs, mais les tendances sont mauvaises. Imaginez qu’au niveau national, par rapport au résultat de 2008, il y a un recul de 18%. Donc, une régression extraordinaire. Cela s’explique, pour plusieurs raisons. Au niveau des enseignants du public, le quantum horaire n’est pas respecté, et il y a un déficit de quantum horaire de plusieurs années. Cela veut dire que les élèves n’ont jamais terminé leurs programmes. Or, les sujets que l’on donne doivent être conformes au Bac de niveau international et à un niveau de Bfem supérieur à la moyenne, parce que ceux qui auront le Brevet vont devenir des enseignants. Dans le public, il y a un déficit de quantum horaire dû aux grèves, mais aussi au mauvais leadership, à la mauvaise gestion du personnel par le chef d’établissement qui, parfois, laisse les enseignants s’absenter, venir en retard ou ne pas faire assez de devoirs, avec des emplois du temps inadmissibles.

A Dakar, la moyenne des emplois du temps est de 16 heures par semaine. Or, dans la norme, c’est 21 heures pour tous les Pm (Professeurs du cycle moyen) et les Ps (Professeurs du secondaire). Cela signifie qu’il y en a qui ont 12, voire 8 heures par semaine, et qui passent tout leur temps dans les écoles privées ou dans les cours particuliers. Et puisque Dakar connaît plus de problèmes de grève, car toutes les grèves partent de la capitale, et qu’il y a beaucoup plus de possibilités de cours particuliers et d’aller dans un cours privé dont regorgent la capitale, c’est donc logiquement qu’elle soit la région qui a la plus mauvaise performance.

 

Où en est-on avec le processus de la réforme du curriculum de l’éducation de base ?

La généralisation du nouveau curriculum de l’éducation de base a été reportée jusqu’à octobre prochain. Je pense que pour l’application effective du curriculum, il va falloir un certain nombre d’intrants, de livres de l’élève et du maître, il faut un certain nombre de préalables. Cela n’a pas été fait en octobre 2008 et, ensemble, nous avons décidé de reporter la généralisation à octobre prochain. Et je pense que toutes les conditions seront réunies, car le processus d’édition des livres est presque achevé. Ainsi, nous pouvons considérer que la généralisation pourrait être effective en octobre. 

 

Le corps des volontaires est-il destiné à disparaître ? 

Le corps des volontaires est destiné à disparaître après deux ans, pour devenir maître contractuel. Et quand on franchit cette étape avec un diplôme pédagogique, on entre dans la Fonction publique. C’est ce qu’on appelle la titularisation universelle, qui figurait en bonne place dans le programme de l’ex-Premier ministre Haguibou Soumaré.

Mais ce qui va impérativement disparaître, c’est la manière dont les volontaires sont recrutés. Depuis 1995, il y avait des tests organisés au niveau des Inspections d’Académie, au niveau des Iden, permettant à chaque inspecteur de recruter un certain nombre de volontaires. Et un autre quota appelé «quota sécuritaire» qui était du ressort du ministre de tutelle, lequel pouvait recruter des volontaires. Et nous avons constaté la manière dont cela est organisé. Je ne dis pas que c’est général, mais dans quelques Iden, il y a des difficultés, peu de transparence, beaucoup de clientélisme. En ce qui concerne le «quota sécuritaire», tous les ministres ont un quota et recrutent selon le diplôme. Et par exception, le ministre de l’Education ne peut pas le faire. J’ai donc décidé d’organiser, dorénavant, un concours national.



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