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Kalidou Diallo : « Le Sénégal atteindra 100 % de taux de scolarisation d’ici à 2015 »

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Kalidou Diallo : « Le Sénégal atteindra 100 % de taux de scolarisation d’ici à 2015 »
Invité de la Rédaction, Kalidou Diallo, ministre chargé du Préscolaire, de l’Elémentaire, du Moyen secondaire et des Langues nationales, qui faisait le point sur la préparation de la rentrée scolaire 2010-2011 effective depuis hier, révèle que le Sénégal pourra atteindre, en 2015, l’Objectif du millénaire pour le développement lié à l’éducation. Ce qui, pour lui, veut dire que le taux de scolarisation sera de 100 %. Car, actuellement, il est à 94,2 % et le pays gagne deux points par an. Kalidou Diallo révèle également que les 204 écoles inondées recensées par les inspections d’Académie à la date du 23 septembre sont en train d’être libérées des eaux. Faisant un tour d’horizon complet du secteur de l’éducation, il donne beaucoup d’éclaircissements sur la suppression de l’entrée en 6ème, les accords entre l’Etat et les syndicats d’enseignants, les « daaras » modernes, les tables-bancs, etc.

Monsieur le Ministre, faites-nous le point sur la préparation de la rentrée des classes ?

La rentrée se déroule normalement et dans un contexte particulier. Pour la première fois depuis 30 ans, les syndicalistes ont été invités au Conseil interministériel sur la rentrée, tenu lundi dernier. C’était une vieille revendication maintenant satisfaite. Car, d’habitude, le débat était interne. Cette fois-ci, le Premier ministre a voulu la participation de ces syndicats aux débats. C’est ainsi que nous avons enregistré la participation d’organisations syndicales comme l’Uden (Union démocratique des enseignants), le Sels (Syndicat des enseignants libres du Sénégal), le Sudes (Syndicat unique des enseignants du Sénégal) ainsi que d’autres, à travers leurs secrétaires généraux. L’autre élément nouveau est que la rentrée coïncide avec la célébration de la Journée mondiale des enseignants (le 5 octobre). Le Bureau international du travail (Bit) et l’Unesco ont institué cette journée en 1966 avec des recommandations sur la condition du personnel enseignant, sur le plan de la formation, du salaire et des conditions de travail. Ces recommandations ont été élargies à l’enseignant du supérieur en 1999. Pour la première fois également, les syndicats et le gouvernement célébreront ensemble cette journée, le 30 octobre prochain. A tout cela s’ajoute la rencontre dite Saly 3. Pour la troisième année consécutive, les acteurs de l’école se retrouvent pour faire le bilan de l’année scolaire passée et préparer celle à venir. La rencontre de Saly a aussi été l’occasion d’évaluer les plates-formes revendicatives des enseignants et le suivi des accords. Un comité national de dialogue social sur les questions d’éducation a ainsi été créé.

Je rappelle que l’année scolaire est fixée par décret présidentiel. La caractéristique de cette année, ce sont les inondations, mais aussi la non disponibilité de certains intrants, y compris, bien sûr, les salles de classe ; ce qui est lié au nombre d’élèves reçus à l’entrée en 6e. On peut se féliciter également du fait que le ministre de l’Intérieur ait initié un Plan Orsec spécial pour l’éducation. Les 204 écoles inondées recensées à partir des inspections d’Académie à la date du 23 septembre sont en train d’être libérées. Il ne reste, à Dakar, qu’entre 12 et 15 écoles envahies par les eaux.

Les régions les plus touchées sont Dakar, Saint-Louis, Kaolack et Kaffrine. Le ministre de l’Intérieur a pris le taureau par les cornes. Il a mis des tentes et matelas à la disposition des populations qui avaient occupé certaines écoles. Lors du Conseil interministériel du 4 octobre, le ministère de l’Intérieur a réaffirmé sa volonté d’aller encore plus vite. Le ministre chargé du Transport routier, des Transports ferroviaires et de l’Aménagement du Territoire, Mme Nafi Diouf Ngom, a également participé très activement à ce Conseil interministériel, annonçant la mise à disposition de 150 minibus pour faciliter la rentrée. Ce qui est fait. Depuis 2000, on a programmé de construire 1.700 à 2.500 salles par an pour atteindre les Objectifs du millénaire en matière de scolarisation et créer les conditions d’un environnement favorable à l’accueil des élèves. On a eu beaucoup de difficultés. Car, les années 2007, 2008 et 2009 étaient marquées par une crise financière. Par conséquent, plusieurs chantiers n’ont pas été terminés.

Pour l’année 2009/2010, il y a eu une reprise de ces chantiers. Les partenaires ont décidé d’encourager ce que j’appelle une sorte de « Goana éducationnelle » parce que la Banque mondiale, à travers le Fast tract (initiative accélérée), a mis à la disposition du Sénégal 40 milliards de FCfa. Les chantiers ont commencé à Louga, Kaolack, Fatick, Diourbel, Matam et Saint-Louis. Ces classes remplaceront les abris provisoires qui sont au nombre de 6.200 au Sénégal et qui représentent 21 % du réseau. Ce programme complètera les écoles à cycle incomplet, mais aussi en créera de nouvelles avec des murs de clôture, des toilettes séparées et des bureaux. Ainsi, la coopération multilatérale, à travers la Banque mondiale, a décidé de mettre à la disposition du Sénégal 3.910 salles, la Bad 400 salles de classe et 84 collèges ; la Bid 100 salles de classe et 6 collèges. Le Canada, l’Allemagne, le Japon, l’Usaid, la Corée et l’Ong Imer international ont décidé de construire 9.751 salles de classe, 150 écoles à cycle incomplet, 95 collèges, 11 lycées, 970 blocs administratifs et 1551 blocs techniques sans compter les « daaras » (écoles coraniques). C’est dire qu’en termes de construction, nous avons un bel avenir à travers ces chantiers qui seront exécutés durant l’année 2010/2011. Avec la réforme actuelle du Code des marchés qui a un peu assoupli les procédures, je pense que ces questions de retard de chantiers seront définitivement réglées.

Vous avez évoqué la question des inondations. Concrètement, quelle est la situation ?

Je crois avoir donné les détails. Je voudrais simplement rappeler que si le président de la République a décidé d’imaginer une Semaine nationale de propreté de l’école, c’est pour amener les parents d’élèves, les collectivités locales et l’ensemble des partenaires à appuyer les initiatives de l’Etat. Le lancement, hier (ndrl : le mardi 5 octobre), de la Semaine a vu la participation de différents ministères (Intérieur, Forces armées, Collectivités locales, Hygiène publique, Jeunesse et d’autres) et d’autres partenaires comme l’Unicef, Plan international, Plan Sénégal, l’Oncav, l’Oncam et beaucoup de collectivités locales dont les Conseils régionaux à travers tout le pays. Dans le cadre de ce programme, je me rendrai, vendredi (ndlr : aujourd’hui), dans les écoles de la banlieue à Pikine, Thiaroye et Guédiawaye pour vérifier leur état. Nous allons clôturer la semaine à Keur-Massar. Cela, pour avoir une idée de l’évolution de la situation. Mais je peux, sans risque de me tromper, dire qu’il y a une évolution positive de la situation grâce au Plan Orsec spécial. L’année dernière, à la même période, nous étions à 520 écoles inondées. Cette année, à la date du 23 septembre 2010, nous étions à 204. Je pense qu’il n’y a pas de souci à se faire. D’ailleurs, une analyse des résultats pour les écoles ayant démarré tardivement et celles qui ont ouvert à temps montre qu’il n’y a pas de grande différence. Cela grâce à l’engagement des enseignants qui font des cours de renforcement et des parents qui encadrent de plus en plus leurs enfants. Donc, sur la question des inondations, il n’y a aucune raison de reporter la date de la rentrée, de perdre inutilement un quantum horaire. Sur 9.000 écoles, seules 204, au mois de septembre, étaient inondées.

L’entrée en sixième a enregistré un taux de réussite de plus de 95 %. Pouvez-vous assurer que tous ces élèves seront orientés ?

L’orientation est une question très importante. L’entrée en 6e était un concours créé pour bloquer les élèves de Cm2 qui ont parfois le niveau, parce qu’il n’y a pas assez de classes, d’enseignants et d’infrastructures. C’était un système élitiste qui bloque des élèves non pas parce qu’ils n’ont pas le niveau, mais parce qu’on n’a pas de moyens. C’est cela l’histoire de l’entrée en 6e. C’est pourquoi les états généraux de l’éducation et de la formation (Egef) de 1981 avaient décidé, à l’unanimité, de supprimer l’entrée en 6e au Sénégal. Ce système a évolué de façon très négative. Car on a constaté que certains élèves qui ont échoué à l’entrée en 6e et dont les parents ont des moyens poursuivent leur cursus dans le privé. Au finish, seuls les enfants des pauvres sont obligés de rester au Cm2 et de redoubler.

L’entrée en 6e est un concours et non un examen. Cette année, les bailleurs de fonds comme la Banque mondiale et l’Usaid ont exprimé la volonté d’accompagner le Sénégal. Lorsque le Sénégal a décidé de passer de l’enseignement élémentaire au moyen secondaire avec la logique d’une plus grande scolarisation, les bailleurs ont accepté de l’aider. Tous les Sénégalais, particulièrement les syndicalistes qui comprennent cet enjeu, estiment que nous avons bien fait. De ce point de vue, je considère que le président Wade mérite ce cadeau : c’est-à-dire d’être le premier chef d’Etat du Sénégal à mettre en œuvre l’obligation de scolarisation jusqu’à 10 ans. C’est une véritable révolution.

Il y a toujours un déficit de tables-bancs, de manuels et d’enseignants. Comment votre département va-t-il résoudre ce problème ?

C’est vrai. Nous avons un retard sur le plan des équipements, particulièrement en tables-bancs. Notre budget a été ponctionné de 1 milliard 200 millions de FCfa. Le marché a été accepté par mes collègues des ministères de l’Economie et des Finances, et du Budget. J’ai même attiré leur attention sur cette question. Ils ont décidé, lors du conseil interministériel, de tout faire pour que ce dossier soit débloqué. Ce qui fait que nous attendons, d’ici à fin octobre, 40.000 tables-bancs. Le ministère des Finances a confirmé l’approbation du financement de 40.000 tables-bancs d’un coût de 1,5 à 2 milliards. Celui qui a gagné le marché promet de livrer les tables-bancs dans une quinzaine de jours.

Le projet « Hilaire international » a décidé de mettre à la disposition du Sénégal 15.000 tables-bancs avant le 15 octobre. L’Usaid a mis à notre disposition plus de 5 millions d’euros pour des tables-bancs que nous pourrons réceptionner entre novembre et février. Il ne s’agit pas simplement de tables-bancs, mais aussi de chaises, d’armoires et d’ordinateurs. Donc, la question des tables-bancs sera derrière nous pour cette année grâce à la mobilisation des bailleurs de fonds. Pour la livraison des manuels, il y a une ponction sur le budget de l’Education de 1milliard 500 millions de FCfa. Mais nous avions déjà suffisamment de manuels à mettre à la disposition des enseignants et des élèves. D’ici le 20 novembre, les manuels de calcul, lecture, histoire géographie, etc., seront prêts.

Concernant le personnel, le directeur des Ressources humaines a mis à notre disposition des enseignants volontaires qui ont été formés craie en main. S’agissant des collèges, j’ai eu l’autorisation de recruter 1.900 professeurs vacataires cette année. Il faut y ajouter le millier de professeurs sortis de la Fastef (Faculté des Sciences et techniques de l’éducation et de la formation). Soit près de 3.000 professeurs à recruter cette année pour rattraper le gap. Donc, du point de vue des ressources humaines, de l’équipement et du matériel, le Sénégal est prêt.

Quel est l’impact des collèges de proximité sur la scolarisation et le maintien des filles dans le milieu rural ?

Nous avons dans le réseau 6.200 abris provisoires. C’est grâce à ces abris provisoires que le Sénégal a fait des efforts. En 1996, le Sénégal avait un taux de scolarisation de 54 % alors que nous étions considérés comme le quartier latin de l’Afrique. Je rappelle qu’en 1960, on était à 21 % de taux de scolarisation. C’était le pays le plus avancé dans ce domaine. Mais le système est très élitiste. Ainsi, beaucoup de jeunes étaient hors des classes parce qu’un enseignant coûtait cher. Il fallait alors construire des salles de classe en dur. Les abris provisoires étant considérés comme quelque chose de provisoire.

Dans un contexte d’ajustement structurel, il fallait faire face au gel du budget. C’est ce qui explique l’existence des abris provisoires. Avec la campagne de sensibilisation des parents sur la nécessité d’envoyer les enfants à l’école, il y avait partout une forte demande d’enseignants et d’écoles. Chaque village, chaque commune voulait avoir son propre Collège de proximité. Je précise que cela a allégé les ménages. Avec les collèges de proximité, il n’y a plus de problème de transport ou de tuteur pour les élèves.

Les jeunes filles qui étaient laissées en rade, parce que les parents considéraient qu’elles ne pouvaient pas quitter leur village pour aller étudier dans d’autres endroits, sont maintenant présentes dans le système. Aujourd’hui, nous sommes à 94,5% de taux de scolarisation. Nous avons plus de 1.000 collèges contre 220 collèges en 2000. A Matam département, le nombre de collèges est passé de 2 en 2000, à 58 aujourd’hui. D’ailleurs, Fast track nous permettra de résorber ces abris provisoires d’ici à un ou deux ans.

Il y a également le problème des « daaras »...

Nous avons l’ambition de mieux rééquilibrer la carte scolaire. Nous avons déjà réussi la parité entre filles et garçons. Pour la carte scolaire, il existe encore des régions qui ont des résistances par rapport à l’école. Il s’agit de l’académie de Diourbel qui a un taux de scolarisation de 55,56 %, des académies de Kaolack (73 %), de Matam (75 %) et de Louga (69 %) au moment où toutes les autres académies sont presque à 100 %. Ces académies sont des régions où l’enseignement arabo-islamique et le nombre de « daaras » sont très importants. Pour rééquilibrer, le chef de l’Etat a initié le système des « daaras » modernes qui aura pour vocation de faire en sorte que les chefs religieux acceptent de bénéficier de salles de classe construites gratuitement par l’Etat, de la gratuité de la nourriture avec les cantines, des équipements et mettent à leur disposition des enseignants qui seront payés par l’Etat, aussi bien arabisants que francophones. L’Etat promet aussi de créer un environnement professionnel afin de permettre aux jeunes d’avoir un métier. Avec cette direction des « daaras » modernes, on procédera à un recensement de tous les « daaras », une feuille de route sera déclinée. Ainsi, elles pourront bénéficier de subventions. Pour cela, il faut également harmoniser le curriculum. Tout ce processus est en cours. On a anticipé pour que les enfants ne soient plus dans la rue. Les autorités iraniennes ont décidé de créer plus de 2000 « daaras » modernes au Sénégal et le président de la République a pris l’initiative de convoquer l’ensemble des pays de l’Oci (Organisation de la conférence islamique) pour favoriser la création des « daaras » modernes. Cet appel a été entendu et l’Arabie saoudite s’est signalée pour convoquer une 2ème rencontre des oulémas.

La politique d’alphabétisation a-t-elle porté ses fruits ?

L’indicateur alphabétisation fait partie des Omd. Mais le Sénégal est en retard. Nous sommes à 57 % de taux d’analphabétisme des adultes. Depuis 1999-2000, nous avons opté d’impliquer, exclusivement, le privé et les opérateurs en alphabétisation pour prendre en charge ce volet. Le président a décidé de ramener l’alphabétisation à l’éducation nationale et d’assainir le milieu puisque certains acteurs de l’alphabétisation étaient de vrais opérateurs économiques. Il n’y avait pas de contrôle. L’Etat va entièrement responsabiliser le privé et l’accompagner en impliquant les collectivités locales, les inspecteurs d’académie et les inspecteurs départementaux de l’éducation. Il y aura des garanties avant que les fonds ne soient dégagés. Le versement se fera par étape. Nous avons également décidé d’impliquer les enseignants. Dans l’enveloppe de 750 millions de FCfa prévue pour l’alphabétisation, une partie sera utilisée sous forme d’heures supplémentaires en permettant aux instituteurs de brousse d’alphabétiser les Sénégalais pendant l’année scolaire, soit le week-end ou en cours du soir. Une autre partie de l’enveloppe servira à prendre des jeunes formés et qui étaient volontaires dans les Crepa et les utiliser. Cela les encouragera.

Les syndicats réclament l’application des accords. Où en êtes-vous ?

Il y a eu des accords entre le gouvernement et le Cusems (Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen secondaire), ensuite avec le Cuse (Cadre unitaire des syndicats d’enseignement). Nous avons fait le point de l’ensemble des accords. C’est vrai qu’il y a quelques difficultés quant à l’application de certains accords. Cela est lié aux textes. Je signale cependant que tous les accords financiers ont été respectés. Je donne 2 à 3 exemples d’accords difficiles à respecter. Premièrement, celui lié à l’autorité parentale qui date de 1996. Les femmes disent qu’en tant que fonctionnaires, elles doivent avoir les mêmes droits que les hommes en termes de salaire, d’impôt, d’imputation budgétaire. Il y a aussi le point sur le chef de famille dans le couple. Ce qui relève du Code de la famille. L’autre question, c’est la validation des années de volontariat et de vacatariat. Le gouvernement a accepté de valider toutes les années de volontariat et de vacatariat des non fonctionnaires et des décisionnaires. Mais pour les fonctionnaires, la loi 61-33 est claire. Quand un instituteur adjoint devient instituteur ou l’instituteur professeur ou passe à professeur de rang A, la loi 61-33 dit que votre ancienneté augmente de 30 %, 40 % ou 50 %. Mais les syndicats demandent 100 %. Ce qui implique, pour le gouvernement, une modification de la loi 61-33. Et si on modifie cette loi, les enseignants ne seront pas les seuls concernés, mais tous les fonctionnaires. C’est le bouleversement de la Fonction publique. Nous sommes dans le processus. Mais je tiens à rappeler, comme d’habitude, que le processus de modification d’un texte de la Fonction publique n’est pas forcément une garantie pour les fonctionnaires. L’Etat a toujours voulu modifier la loi 61-33 où les fonctionnaires ont de grandes garanties.

Les enseignants ont un statut particulier. Ils ont des avantages qu’aucun fonctionnaire n’a. Par exemple, un enseignant part à la retraite avec son indemnité d’enseignement qui égale aujourd’hui 50 % du salaire indiciaire. Donc, il y a un risque. Je l’ai indiqué aux enseignants. Il y a d’autres revendications qui sont liées à l’Ipres. Ici, le ministère a versé l’ensemble des soldes comme du reste le ministère des Finances, mais il n’accompagne pas le versement avec la liste nominative. Ainsi, l’Ipres a une somme globale, mais sans les détails et immatriculation. Mais il y a des garanties. Car pour tout enseignant qui part à la retraite ou qui décède, l’Ipres a pris l’engagement, de façon provisoire, de régler la question. Il en est de même pour les femmes en matière d’imputation budgétaire. C’est valable pour la Caisse de sécurité sociale.

Des enseignants de Kanel ont dit être restés deux mois sans salaires. Je signale que la circulaire du Premier ministre du mois d’août, stipulant que tout enseignant, fonctionnaire, doit avoir un compte bancaire si son salaire égale ou dépasse les 100.000 FCfa. S’ils n’ont pas de compte bancaire, ce n’est pas de notre faute. Les salaires étaient au trésor. Ce qu’on peut retenir, c’est qu’à Saly 3, on a recensé l’ensemble des accords qu’on considère en cours de règlement ou qui ne sont pas réglés. On a créé un comité de suivi de ces accords qui va voir comment accompagner le processus pour que, définitivement, les enseignants, les syndicats et le gouvernement soient sur la même longueur d’onde. Le Premier ministre a donné des instructions fermes pour que le comité de suivi se réunisse régulièrement.

Pensez-vous que le Sénégal peut atteindre les Omd en matière d’éducation ?

Je peux garantir que pour l’accès, on atteindra les Omd, c’est-à-dire que d’ici à 2015, le Sénégal aura 100 % de taux de scolarisation parce que nous sommes à 94,2 % en 2010 et nous gagnons 2 points et demi par an. Bien sûr, ces 100 % vont être accélérés si la politique des « daaras » modernes a encore du succès. Nous avons également atteint l’Omd parité. Là où nous avons des difficultés, c’est au niveau du taux d’achèvement, c’est-à-dire que l’élève aille au moins jusqu’au Cm2 sans jamais redoubler et sans être renvoyé. Aujourd’hui, nous avons 59,60 % de taux d’achèvement alors qu’on devrait être à 75 ou 80 %. On doit même être à 90 % en 2015. Ce n’est pas évident qu’entre 2011 et 2015 on puisse gagner les 20 points du taux d’achèvement. Donc, à ce niveau, nous sommes en retard. Mais je pense que le fait d’avoir supprimé l’entrée en 6e va booster le taux d’achèvement. Cette année, le Sénégal était, avec le Danemark, les deux pays phares qui ont présenté leur politique dans ce sens à New York. Le président a eu l’honneur de présenter la situation du Sénégal et il a été félicité par tous, parce qu’en termes d’initiatives, c’est le seul pays au monde à avoir consacré 40 % de son budget de fonctionnement à l’éducation et le seul pays africain à avoir un tel bond qualitatif et quantitatif. Ce qui lui a valu le statut de « meilleur butteur » en éducation en Afrique de l’Ouest. Moi-même, cela m’a valu ce prix de « Global champion » pour la scolarisation des filles. Je suis le seul ministre d’Afrique sub-saharienne à avoir bénéficié d’un tel prix.

Comment faire pour lutter contre les grossesses des filles à l’école ?

Je viens d’avoir le rapport sur la question. Cette année, nous avons 144 grossesses à Sédhiou. Et malheureusement, il y a des enseignants qui sont ciblés. A Kolda, l’année dernière, on avait à peu près 111 filles engrossées. Je pense qu’il faut être ferme par rapport à cette question. Tout enseignant mis en cause est immédiatement sanctionné.

Malheureusement, il y a souvent des camouflages, c’est-à-dire des arrangements internes au sein des familles qui font que les filles hésitent à dénoncer les auteurs. C’est pourquoi d’ailleurs la plupart des enseignants sont mariés à Kolda ou à Sédhiou. On les oblige. Je considère que ce que nous sommes en train de faire peut beaucoup aider à l’amélioration de la situation. D’abord, il faut que les parents soient alphabétisés. J’ai également un cadre de coordination des initiatives d’éducation des filles. Il a justement pour vocation de cibler particulièrement la scolarisation et le maintien des filles à l’école. Le Sénégal est d’ailleurs le seul pays où le chef de l’Etat a décidé d’instituer la journée du 11 novembre, journée nationale de scolarisation et de maintien des filles à l’école. Cette année, le thème porte sur l’achèvement. J’estime que la société sénégalaise, la société civile et l’ensemble des Ong en matière d’éducation font des efforts. C’est vrai qu’il faut aussi créer un environnement au sein de l’école. Quand, dans une école, il n’existe pas de toilettes non séparées, de cantines scolaires, les jeunes filles et garçons ont la facilité de se retrouver et cela favorise ces dérives.

Quid de la gratuité des frais d’inscription ?

Déjà, en 2009, j’ai publié une circulaire pour qu’on limite les droits d’inscription dans les lycées et collèges. Car c’est là qu’on relève des abus. Ces dernières années, le taux d’inscription avait atteint un niveau inacceptable. Les parents d’élèves payaient 30.000, 40.000 ou même 50.000 FCfa pour, dit-on, des fournitures, blouses, etc. J’ai donc sorti cette circulaire en limitant le taux des frais scolaires entre 3 000 et 10.000 FCfa. L’année passée, il y a eu quelques difficultés dans certains établissements qui avaient pris des engagements. Par exemple le lycée Seydou Nourou Tall avait négocié avec la Turquie des tenues assez chères, de même que Ngalandou Diouf. Ce sont des contrats avec des pays étrangers qu’il m’était difficile de casser sans avoir à rembourser. Mais j’ai fait relever des principaux et chefs d’établissement du fait du non respect de cette mesure. Cette année, nous avons renouvelé cette circulaire. La mesure sera donc appliquée. Et dans le primaire, c’est la gratuité.

Tantôt vous avez évoqué la question des « daaras modernes ». On sait qu’ils constituent un moyen de lutte contre la mendicité des talibés. Mais certains propriétaires privés de « daaras » modernes déplorent le manque d’accompagnement de l’Etat du Sénégal, notamment en termes de subventions.

Il faut distinguer le « daara » privé qui est la propriété d’un chef religieux et celui public. On ne peut pas subventionner un chef religieux sans savoir où va cet argent. Je pense qu’il faut lier la subvention à un certain nombre de textes. C’est ce que nous sommes en train de faire. Autrement dit, le « daara » doit être reconnu par arrêté. Nous avons harmonisé le programme, créé un curriculum. Maintenant, les propriétaires des « daaras » modernes doivent accepter de remplir ces conditions. Ainsi, celui qui ne les respecte pas perdra sa subvention. C’est dire que les « daaras » vont être subventionnés et vont bénéficier de cantines scolaires. Je suis tout heureux de savoir que le collectif des chefs religieux du Sénégal a décidé de m’accompagner dans le

Idrissa Sané, Aliou Kandé, Maguette Ndong et Souleymane D. Sy avec la rédaction



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