Jeudi 25 Avril, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

Kalidou Diallo, ministre de l’Education : ‘ Nous avons un déficit de 122 professeurs de mathématiques et 44 en philosophie’

Single Post
Kalidou Diallo, ministre de l’Education : ‘ Nous avons un déficit de 122 professeurs de mathématiques et 44 en philosophie’
Au seuil de la nouvelle année scolaire 2009-2010, qui démarre ce lundi, le ministre de l’Education en charge du Préscolaire a répondu à nos questions sur les préparatifs de la rentrée, notamment sur l’état du système, des écoles inondées, sur la mise en place des intrants pédagogiques, le déficit de professeurs en mathématiques et en philosophie, entre autres. Kalidou Diallo donne aussi son point de vue sur les organisations syndicales et le débat de l’enseignement public/privé.

Wal Fadjri : Au seuil de la nouvelle année scolaire 2009-2010, quel est l’état des lieux du secteur dont vous avez la charge ?

Kalidou DIALLO : Nous sommes satisfaits des préparatifs. Maintenant, tout n’est pas rose. Tout de même, l’essentiel des clignotants du secteur de l’enseignement, préscolaire, élémentaire, moyen et secondaire sont au vert. Si l’on prend le Taux brut de scolarisation (Tbs) dans le Préscolaire en 2003, on était à 2,8 % avec quelque 933 établissements. Aujourd’hui, il est de 8,9 % et 1 500 écoles. Dans l’élémentaire, le taux d’accès est de 116 %. C’est-à-dire que tous les enfants en âge d’aller à l’école sont aujourd’hui inscrits. Et cela c’est grâce à l’efficacité des campagnes d’inscription au Cours d’initiation (Ci) que nous avons menées avec des partenaires comme l’Unicef. Toujours dans le primaire, le Tbs est de 92 % en 2009, contre prés de 53 % en 1995 et de 68 % en 2000. Dès lors, on mesure à partir du Tbs les progrès réalisés et qui nous rendent optimiste pour l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) d’ici 2015.

Dans le primaire, le Taux d’achèvement (Ta), c’est-à-dire le nombre d’élèves du Ci qui arrivent jusqu’en classe de Cm2 est de 59 % contre 38 % en 2000. Donc, nous avons fait un bon qualitatif de vingt points. Et cela c’est un intrant de qualité conformément à la deuxième phase du Programme décennal de l’éducation et de la formation (Pdef) qui met l’accent sur cet aspect. L’indice de parité dans l’élémentaire est actuellement de 1,14 % en faveur des filles. Cela signifie qu’il y a plus de filles dans le primaire que de garçons.

Par contre, dans le primaire, avec le taux de réussite au niveau du Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee), nous avons noté un léger recul de neuf points. Car, cette année, le taux de réussite est de 61,06 contre 70 % l’année dernière. Pour l’entrée en sixième, le taux de réussite au plan national est de 72 %. Mais, il y a des régions qui ont largement dépassé le taux national de réussite. Il y a en qui sont à 75 %.

Pour ce qui est de l’enseignement moyen, le Tbs est de 38 % avec un taux de réussite au Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) de 41 %. Dans l’enseignement secondaire, nous sommes à un Tbs de 18,4 % avec un taux de réussite cette année de 35,5 au baccalauréat, soit environ deux points de moins que l’année dernière. Dans l’éducation non formelle, c’est-à-dire l’alphabétisation, nous avons enrôlé en 2009 77 mille 988 là où on attendait 90 mille candidats. A ce niveau, nos objectifs n’ont pas été atteints.

Wal Fadjri : Peut-on avoir une idée du nombre de potaches attendus au Ci ?

Kalidou DIALLO : En gros, pour la rentrée scolaire 2009-2010, nous attendons au Cours d’initiation près de 350 mille élèves inscrits dès le mois de mai. Et j’espère que la campagne d’octobre nous permettra d’atteindre 400 mille élèves au Ci. Parmi ce nombre, les 50 % sont des filles comme je l’ai souligné par rapport à la parité filles/garçons dans l’élémentaire. Les élèves qui entrent en sixième dans le moyen sont au nombre de 138 mille 516. Nous avons construit 45 nouveaux collèges. Il reste que sur les 2 700 nouvelles salles de classes attendues cette année, nous n’avons reçu que 300. Et cela grâce à la coopération japonaise. Le nombre d’établissements scolaires tout ordre d’enseignement confondu est de 10 mille 434 dont 8 484 appartiennent au privé.

Wal Fadjri : Est-ce que tous les intrants sont en place ?

Kalidou DIALLO : Pour ce qui est des intrants pédagogiques, nous avons déjà livré deux millions 351 mille 962 livres de toutes natures avec l’appui des partenaires tels que l’Acdi, la Bad, la Banque islamique de développement, surtout avec le budget de l’Etat. Aussi, 103 mille 346 mallettes pédagogiques, 139 mille guides du maître et 191 mille 388 manuels de référence ont-ils été distribués pour la rentrée. Tous ces efforts concourent à l’amélioration des conditions d’apprentissage de nos élèves et de nos 62 mille enseignants craie en main.

Il faut ajouter à cela les quatre mille volontaires de la quinzième génération qui vont rejoindre cette année les classes avec leur diplôme pédagogique, plus de 750 nouveaux professeurs sortants des écoles de formation et de la Fastef. Cependant, il y a un besoin de 1 376 professeurs que nous allons recruter parmi les vacataires. Il y a aussi un déficit important de ressources humaines dans les disciplines comme les mathématiques et la philosophie. Nous avons un déficit de 112 professeurs de mathématiques et 44 en philosophie.

Mais, il n’y a pas de demandeurs. Ce qui constitue pour nous un casse-tête. Mais, une solution pour combler le gap sera trouvée, en donnant par exemple plus d’heures de cours à certains. Il faut aussi signaler que nous avons un déficit énorme de tables-bancs. L’appel d’offre est lancé. Bientôt, ce problème sera réglé. Je rassure les parents, les élèves et les enseignants qu’à la fin du mois d’octobre nous aurons 35 mille tables-bancs.

‘Il y a une prise de conscience de plus en plus accentuée des syndicats, de même des parents de considérer que l’élève est la centralité du système éducatif. C’est ce qui nous éloigne de plus en plus du syndicalisme alimentaire, voire corporatisme’.

Wal Fadjri : Donc à votre niveau tout est fin prêt pour une rentrée sereine ?

Kalidou DIALLO : Du point de vue de l’environnement et du contexte général, nous pouvons dire que nous avons des résultats positifs. Nous avons instauré le dialogue permanent avec les partenaires sociaux à travers la signature de plusieurs protocoles d’accord : avec le Cusems d’abord, ensuite avec le Cadre unitaire des syndicats d’enseignants (Cuse) qui regroupe plus de vingt syndicats d’enseignants sur la prime scolaire. Et le dernier accord, signé le 24 septembre dernier qui est global, montre bien que nous sommes dans une situation de paix scolaire durable. Sur le plan de l’aspect physique des établissements, il y a 128 écoles qui sont inondées au plan national dont la grande majorité à Dakar. Nous avons fait la visite de la banlieue et nous avons lancé, le 02 octobre dernier, la neuvième semaine nationale de propriété et d’hygiène pour les écoles. C’est une bonne innovation du président de la République, lancée en 2000, pour mobiliser les populations, les maires, les Asc et tous les amis de l’école pour faire en sorte qu’à une semaine de la rentrée les écoles soient prêtes. C’est ce qui me fait espérer que, dès lundi, beaucoup d’écoles seront prêtes. Les autres écoles inondées, qui sont dans des points d’eau, on peut s’attendre qu’elles soient libérées des eaux d’ici la fin du mois d’octobre. Si cela se réalise, ce sera une belle performance ; contrairement en 2006 où jusqu’en novembre, certaines écoles étaient sous les eaux.

Wal Fadjri : Est-ce que le gouvernement va respecter ses engagements ?

Kalidou DIALLO : Sur cette question, je dois dire que tous les engagements signés par le gouvernement, et même ceux signés avant, on est en train de tout faire pour les respecter. Mais parfois, c’est très difficile. Je prends simplement le cas des parcelles. Lorsque le gouvernement a offert des parcelles aux syndicats d’enseignants, il restait la question de la viabilisation dont le coût était estimé à 10 milliards. Donc, vous voyez, la difficulté dans un contexte économique morose. Mais, pour l’essentiel, le gouvernement va respecter les accords. Et la meilleure preuve, c’est le paiement des primes scolaires. Le gouvernement a même payé deux fois. Parce qu’au niveau du ministère de l’Education, on les avait payées par billetage. Et le ministère de l’Economie et des Finances a payé sur les salaires des bénéficiaires trois mois de prime scolaire pour des indemnités déjà perçues. J’espère qu’ils vont rembourser ces primes. Mais comme le gouvernement devait aux enseignants un rappel de sept mois durant l’année 2009, on peut considérer qu’il ne reste qu’un mois. Et cela est un indicateur de la volonté du gouvernement de tout faire pour respecter les accords.

Wal Fadjri : Est-ce que le moment n’est pas venu d’impliquer davantage les syndicats d’enseignants dans le pilotage du secteur ?

Kalidou DIALLO : Il y a une prise de conscience de plus en plus accentuée des syndicats, de même des parents de considérer que l’élève est la centralité du système éducatif. C’est ce qui nous éloigne de plus en plus du syndicalisme alimentaire, voire corporatisme. Et pour moi, c’est un bon indicateur de la marche du Sénégal vers un syndicalisme de type nouveau, de développement. Cela veut dire que les syndicats deviennent des réservoirs de ressources humaines qui participent au débat, font des propositions par rapport à la politique éducative. Et de ce fait, ils deviennent des partenaires.

Je pense que les centaines de rencontres que j’ai eues avec les 35 syndicats qui sont dans le secteur, ajoutées aux instructions que j’ai reçues des hautes autorités pour justement l’ouverture et le dialogue tout azimut font qu’il y a un changement de mentalité. Ce qui fait que nous voulons aller avec les syndicats vers des discussions de fond sur les statuts, les élections de représentativité, la réforme des textes, le soutien à apporter aux mutuelles par le gouvernement au lieu de consacrer tout notre temps à régler des crises et de parler des questions quotidiennes.

‘(…) avec le retour de l’autorité dans l’école publique, l’assainissement, la rigueur, la transparence et la restauration de la discipline et l’instauration de ce qu’on appelle un ‘contrat de performance’, tout cela va faire que le public va retrouver la confiance des parents’.

Wal Fadjri : Pour cela, est-ce qu’il ne serait pas mieux d’avoir un seul syndicat uni et fort ?

Kalidou DIALLO : L’unité syndicale dépend des syndicats et des syndicalistes, mais elle n’est pas du ressort du gouvernement. Le gouvernement est signataire des conventions fondamentales du Bureau international du travail (Bit) et de l’Organisation internationale du travail (Oit) sur la liberté syndicale, du droit de grève et aux négociations collectives. Sur ce plan, le gouvernement ne peut pas s’ingérer ni dans la création ni dans la gestion des organisations syndicales. De ce point de vue, le gouvernement respecte la liberté syndicale. N’empêche, le gouvernement peut avoir une politique syndicale d’ouverture, de soutien ou en créant les conditions de partenariat entre le gouvernement et les syndicats.

Face à la multiplication des syndicats, ce qu’on remarque au Sénégal, c’est que pour des questions de survie, les syndicats sont obligés de faire de l’unité syndicale et d’actions à la base. Cela signifie qu’aucun syndicat ne peut à lui tout seul mener des batailles. C’est ce qui fait que dans l’enseignement moyen secondaire, nous avons deux cadre : le Cusems, qui a des problèmes actuellement, et le Cuse qui regroupe la grande majorité des syndicats d’enseignants. En dehors de ces deux cadres, nous ne voyons pas d’autres cadres, excepté dans le supérieur. Ce qui facilite au gouvernement d’avoir des interlocuteurs ou un interlocuteur. Et je considère que de ce point de vue-là, il y a un partenariat fécond entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants.

Wal Fadjri : Que comptez-vous faire pour que l’enseignement public retrouve sa qualité d’antan ?

Kalidou DIALLO : Le privé est très important. Mais il ne représente que 13 % des effectifs. Donc, vous voyez que la majorité des Sénégalais ont leurs enfants dans le public y compris les classes aisées. Moi, mes enfants sont dans le public. Et c’est vrai que les perturbations depuis plusieurs années ont fait que certains, même ceux qui n’ont pas de moyens, préfèrent faire des sacrifices pour amener leurs enfants dans le privé. C’est une perte de confiance due aux grèves. Il y a quelques années, ce sont les enfants renvoyés du public ou qui n’avaient pas l’entrée en sixième qui alimentaient le privé. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Ce sont les meilleurs élèves qui vont dans le privé. Mais avec le retour de l’autorité dans l’école publique, l’assainissement, la rigueur, la transparence et la restauration de la discipline et l’instauration de ce qu’on appelle un ‘contrat de performance’, tout cela va faire que le public va retrouver la confiance des parents. Je pense, que la principale plaie des écoles publiques, ce sont les perturbations. Malgré cela, au concours général, les meilleurs élèves viennent des écoles publiques.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email