l’Aid-el-Fitr fêtée dans la désunion : Touba casse la dynamique unitaire du début du Ramadan

Quand le Sénégal entamait le mois de Ramadan à l’unisson, les fidèles espéraient fêter l’Aid-el-Fitr dans cette même dynamique. Mais, à l’arrivée, ce même Sénégal a connu deux fêtes de Korité, suite au refus de Touba de suivre la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire qui avait décrété, samedi soir, la fin du mois béni.

Quand le pays entamait le Ramadan ensemble, nombreux étaient les Sénégalais qui croyaient pouvoir enfin célébrer la fête de l’Aïd-el-Fitr dans une parfaite unité. Hélas, les démons de la division ont resurgi. Pourtant, la lune a été aperçue le samedi soir dans plusieurs localités du Sénégal. Ce qui a largement suffisant à la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire qui a reçu plusieurs appels témoignant de l’apparition de la lune, pour annoncer la fin du Ramadan et décréter dimanche fête de la Korité. Mais, si la majorité des Sénégalais est allée dans le sens ainsi tracé par la commission dirigée par Mourchid Iyane Thiam, il n’en a pas été de même à Touba. En effet, dès le samedi en début de soirée, le khalife général des mourides demandera, par la voix de son porte-parole, à tous ceux qui s’identifient à la mouridiyya de ne pas couper le jeûne qu’ils devront observer le dimanche, conformément à une tradition héritée de Cheikh Ahmadou Bamba. Ainsi, au moment où les tidianes, khadres, layennes et autres fêtaient l’Aïd-el-Fitr le dimanche 20 septembre 2009, les mourides observaient leur trentième jour de jeûne. La raison en est simple : leur khalife général, Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, a déclaré, dans la nuit du samedi, n’avoir ni vu ni eu des échos de l’apparition de la lune dans quelque localité du pays que ce soit.

Ainsi, la belle dynamique unitaire du début du Ramadan allait voler en éclats pour faire place au vieux démon de la division. Cela peut paraître d’autant incompréhensible que c’est en se conformant aux observations de la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire que les musulmans sénégalais avaient décidé de débuter ensemble le mois béni. Il s’y ajoute que cette commission regroupe toutes les confréries existant au Sénégal et on ne peut guère lui reprocher, jusqu’à plus ample informé, un déficit de communication en direction de tous les familles religieuses. Après deux fêtes de Korité, s’achemine-t-on à vivre également deux célébrations (ou plus) de la Tabaski ? Rien n’est moins sûr quand on sait que les familles ont, d’ici là, largement le temps d’accorder leur violon pour que l’unité des musulmans ne soit pas qu’un simple slogan creux.