L'Etat veut-il obliger Touba à faire payer les factures d'eau ?

Depuis sa création en 1887 , Touba n’ a toujours pas bénéficié de réseau qui soit en mesure de supporter les besoins de la ville religieuse ,de manière intégrale ,  en matière d’eau . Pourtant en 2002 ,un marché d’études a été signé sur le plan directeur de la ville  et les rapports déposées en fin 2005  sur la table de la Bid qui s’engagea, un an plus tard  à financer intégralement le projet . La lenteur accusée par le gouvernement  dans la réalisation des impératifs , poussa Touba à créer ‘’Aynou Rahmati ‘’ . Tous les ans , depuis bien longtemps , lors des magals , les pénuries reviennent sans cesse, plus accrues  et , à chaque fois , les autorités , averties à plus d’un titre , ne réagissent que sommairement.  Des techniciens , interpellés , vous lancent ‘’ c’est difficile parce qu’à Touba , on ne paie pas l’eau et ‘’l’Etat dégage environ 1 900 000 000 de  FCFA pour payer la facture annuelle d’électricité consommée par les forages  ‘’ . Néanmoins ,  une chose est claire , à Touba , pour des raisons historiques , l’ eau ne sera jamais payante . Que l’Etat le sache .

Comment un Etat comme le Sénégal peut-il réellement être dans l’incapacité le régler le problème de l’eau à Touba quand on sait que le magal ne draine que le quart de la population , et ce , que pour au maximum une semaine ? Cet Etat  ,  pourtant , pour un monument dit de la renaissance africaine , a osé dégainer 15 milliards  de cfa et réalisé l’œuvre à un temps record  . Pour cette édition 2010 de l’événement , comme pour les éditions précédentes l’Etat s’est toujours permis de ressasser les mêmes engagements , mais aucune évolution positive n’a été ressentie par les populations locales .  A ca rythme où les années se succèdent et se ressemblent , on serait tenté de croire  que l’Etat veut afficher son indisponibilité à mettre fin à ces pénuries , sans doute , pour dire qu’il ne comprend toujours pas pourquoi on paie pas l’eau dans cette localité du pays   Ce problème date, il faut le dire ,  de bien des années . Déjà en 1926 le rapport publique du cercle de Diourbel disait qu’à «  Touba , l’eau y manque ,le puits le moins profond atteint 80m .  La population environnante, a-t-il été ajouté ,  est très clairsemée et ce sont pas les pèlerinages qui pourraient la rendre plus dense.  Nous n’avons aucune crainte de le voir devenir un  lieu saint » . Les prévisions et les projections ont totalement échouées mais le problème de l’eau , lui , demeure inamovible . Bécaye Diop , le ministre de l’intérieur , avait assuré ,  comme ses prédécesseurs d’ailleurs , par l’entremise des services de l’hydraulique , que les 16 forages seront opérationnels et qu’une dizaine de bâches seront positionnées dans les zones stratégiques et les maisons des marabouts . Une chose est sure et certaine,  parce qu’ayant été dite par les victimes  , l’eau a beaucoup manqué cette année encore .Comment un problème peut-il durer aussi longtemps sans trouver solution ? A moins que l’Etat ne veuille , vraiment , pas mettre les moyens . En trouvant une solution définitive , l’Etat laissera éternelle cette situation de grâce qui permet aux populations d’utiliser le liquide sans jamais payer de factures. Cela constituerait pour lui un manque à gagner non négligeable, et risque de voir dans l’avenir , les autres foyers religieux réclamer les mêmes privilèges . Cependant , ce que les autorités semblent ne pas connaitre , c’est qu’à Touba , jamais il ne sera question de payer des factures d’eau . Cette gratuité du liquide fait parti des éléments essentiels qui découlent  des largesses accordées à Khadim Rassoul par son Seigneur .  Cela signifie , en termes claires , qu’ aucun Khalife , acceptera , sous son magister , de rendre l’ eau payante .Néanmoins , Touba n’est pas restée les bras croisés face à ces difficultés récurrentes , qui mettent dans des situations inconfortables , les pèlerins et leurs hôtes . En 2006, il était envisagé d’imposer une participation financière et périodique aux boulangers , aux stations-services et autres industriels .En son temps , il a même préconisé de déterminer une somme forfaitaire pour les foyers bénéficiaires de l’eau  et la mise en place d’un comité de gestion chargée de veiller sur le réseau et sur la distribution du liquide en plus de s’occuper des  réparations qui pourraient se présenter.  Mieux , il était préconisé d’élaborer un plan de sensibilisation visant à amener les populations à mettre un terme aux gaspillages . Depuis , toutes  ces mesures annoncées n’ont guère été pratiquées .  Toujours , pour que l’eau continuer de demeurer gratuite , Touba a porté sur les fonds baptismaux  une organisation dénommée ‘’ Aynu Rahmati‘’ . Les objectifs étaient et continuent d’être  la fourniture en carburant des forages souvent non fonctionnels à cause des nombreuses coupures d’électricité,  le renouvellement progressif du réseau vétuste,  le paiement des salaires des conducteurs de forages, l’extension du réseau vers les quartiers périphériques, et le remodelage de sa configuration dans les zones à forte concentration humaine, le traitement de l’eau pour améliorer la qualité  ,l’entretien et la maintenance du réseau et la construction de nouveaux forages. Les données changèrent , on appela les mourides à contribuer volontairement et , pour appuyer l’initiative , Serigne Saliou Mbacké , le dernier fils Khalife de Serigne Touba ,  avait choisi de dégager la rondelette somme de 10 millions de cfa . Ce procédé continue de jouer son rôle mais le défi est trop lourd . Historiquement , selon Baye Abdou Diouf , talibé très proche de Serigne Abdoul Ahad Mbacké et chantre mouride , c’est Serigne Touba , qui dans une localité dénommée KEL avait dit  que ‘’ le Seigneur lui a donné de l’eau enfouie dans la terre de Touba et qu’elle coulera à flots et gratuitement pour toute personne qui aura choisi d’y venir vivre  ‘’ . Le vieux ajoutera que le marabout avait fini de déclarer tout cela dans son poème ‘’ Matlaboul Fawzaini ‘’ signalant que les khalifes ne manquent jamais de dégager un somme d’argent pour payer la consommation en eau des foyers . Alors que l’Etat précise sa position car Touba a fini de préciser la sienne .