L'église catholique sénégalaise sort de sa réserve : ‘La volonté du Pape Benoit XIV n'était pas de blesser’

Après avoir pris l'option de ne pas réagir à chaud, afin d'adopter une position d'attente, d'écoute et de réflexion, les évêques du Sénégal ont finalement donné le verbe à l'unisson, hier face à la presse à Dakar. Et c'est pour lever toute équivoque suite aux réactions suscitées par un passage du pape Benoit XVI, lors d'une conférence à l'université de Ratisbonne, en Allemagne. Mais aussi œuvrer pour maintenir la bonne convivialité entre chrétiens et musulmans.

‘Comme le Saint Père lui-même et toute l'Eglise, nous sommes attristés par les réactions suscitées par un passage de son discours, considéré comme offensant la sensibilité des croyants musulmans. Nous savons que la volonté du Saint Père n'était pas de blesser nos frères musulmans dans leur foi, et c'est la raison pour laquelle, à sa suite, nous les évêques du Sénégal, dans la volonté de contribuer à apaiser les esprits, voulons clarifier le sens véritable de son discours, qui dans son ensemble était et est une invitation au dialogue franc et sincère avec un grand respect réciproque’. C'est en substance, la déclaration que les évêques du Sénégal ont faite, hier, au cour d'un point de presse tenu en présence de l'archevêque de Dakar, Mgr Théodore Adrien Sarr, pour lever toute équivoque quant aux propos tenus par le Pape Benoit XVI, le 12 septembre dernier, à l'Université de Ratisbonne. De l'avis des évêques du Sénégal, il n'était pas dans les intentions du Saint Père de mener une étude approfondie du Djihad et de la pensée musulmane relative au Djihad, et encore moins d'offenser la sensibilité des croyants musulmans. Selon les évêques du Sénégal, le Pape a utilisé ce passage, comme point de départ, pour proposer dans un contexte universitaire, un bref parcours historique sur le rapport entre la foi et la raison, principalement dans le contexte chrétien.

Cependant, au vu de l'incompréhension et des réactions que ses réflexions ont suscitées, les prélats sénégalais se sont sentis en devoir d'apporter certains éclairages. Pour le bénéfice des relations entre communautés chrétienne et musulmane ‘La qualité des relations entre chrétiens et musulmans au Sénégal nous fait l'impératif de dissiper tout nuage dans nos relations’, ont-ils rappelé. ‘Aussi, à la suite du Saint Père Benoit XVI, en réaffirmant avec lui notre respect et notre estime pour ceux qui professent la religion musulmane, nous formons le vœu que ses paroles soient comprises dans leur juste sens (...)’, lancent les évêques du Sénégal. Ils ont également tenu à rappeler que la position du Pape envers l'Islam est clairement celle exprimée dans le décret Nostra Aetate du Concile Vatican II, n° 03, qui stipule que ‘l'église regarde avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s'ils sont cachés, comme s'est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu'ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l'invoque avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement où Dieu rétribuera tous les hommes ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l'aumône et le jeûne’.