L'ère des petits-fils va ''certainement imprimer une nouvelle marque'' au mouridisme'' (chercheur)

Dakar, 30 déc (APS) - L'ouverture de ‘'l'ère des petits-fils'' avec l'installation de Mouhammadou Lamine Bara Mbacké comme Khalife général va ‘'certainement'' imprimer une nouvelle marque à la façon de diriger la communauté mouride, a indiqué l'islamologue Khadim Mbacké, directeur de recherche à l'Institut fondamental d'Afrique noire (IFAN Cheikh Anta Diop).

‘'Il y aura certainement une différence avec les prédécesseurs, dans la façon de diriger la communauté et dans les relations de celle-ci avec les autres'', a dit M. Mbacké, intervenant dimanche sur les ondes de la radio privée Sud FM, deux jours après la disparition de Serigne Saliou Mbacké.

Décédé vendredi à l'âge de 92 ans, Serigne Saliou Mbacké était le dernier fils vivant de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme. Mouhammadou Lamine Bara Mbacké, le plus âgé des petits-fils de Bamba, a été aussitôt installé à la tête de la confrérie. Il est son 6-ème khalife.

‘'Les anciens n'ont fréquenté que les daaras (écoles coraniques). Ils ne sont pas sortis, pour la plupart d'entre eux, du Sénégal. Ils n'avaient pas beaucoup de contact avec le reste du monde. Il y a des choses qu'ils ne connaissaient pas'', a expliqué le chercheur ajoutant que ‘'c'est tout le contraire des petits-fils, qui sont plus ouverts au monde''.

‘'Ils (les petits-fils) ont des contacts avec l'étranger. En plus, ils ont fait des études supérieures et sont titulaires, pour beaucoup d'entre eux, de diplômes universitaires. Ils ont des connaissances des intérêts du pays dans le cadre des relations internationales'', a encore souligné Khadim Mbacké.

Selon lui, ils ont acquis une expérience allant dans le sens de l'organisation, de la conception de plans d'action''. ‘'S'ils sont unis et solidaires, ils pourront dépasser leurs prédécesseurs en améliorant leurs œuvres tout en veillant à imprimer leur marque propre''.

Prié de dire si l'autorité du Khalife ne va pas subir un coup avec la clôture de l'ère des fils du fondateur du mouridisme, Khadim Mbacké a affirmé : ‘'on doit savoir que les talibés ne suivaient pas les marabouts à cause de leur apparence. Il y a des qualités, des vertus qui font que les marabouts sont vénérés en tant que guides et maîtres''.

‘'Ils étaient suivis parce que dans leur enseignement et actions de tous les jours ils recommandaient l'adoration de Dieu et les respects de préceptes de l'islam. Si les petits-fils suivent ce chemin, les fidèles les suivront et les soutiendront dans leurs actions'', a-t-il précisé.

Concernant la continuation de l'œuvre de Serigne Saliou Mbacké, connu pour ses qualités de rassembleur et d'homme de paix, M. Mbacké a dit qu'il ne se fait pas d'inquiétude à ce niveau.

‘'Un homme qui a vécu 92 ans sur terre et a été un grand formateur, a inculqué ces mêmes valeurs à ses disciples qui sauront perpétuer son action. Donc, je pense que tout ce qu'il faisait sera amélioré et consolidé'', a-t-il estimé.

‘'Les petits-fils doivent s'évertuer à promouvoir le rassemblement. Ils doivent avoir le courage de dire la vérité aux décideurs politiques quand ça ne va ou quand ils ne sont pas d'accord. Cela est très important'', a encore souligné le chercheur.

ADC/CTN