L’UCAD EN MOUVEMENT: L’année 2010 sera-t-elle sauvée pour les étudiants ?

Les nouveaux bacheliers de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar sont en débrayage depuis lundi dernier. Ils réclament leur bourse, non encore perçue pour cette année 2010.A cette revendication, une autre vieille réclamation à savoir la bourse entière pour les étudiants de la 3ième au passif du Directeur des bources qu’ils pointent du doigt. D’ailleurs, la grève s’est généralisée depuis hier avec la blessure d’un de leurs camarades qui s’était rendu à l’immeuble Maginot, siège du bureau de Goumballa.

Quand on entre à l’UCAD par la grande porte, ce sont des pierres, éparpillées qui vous accueillent donnant la mesure des affrontements qui ont eu lieu, ici, hier matin entre étudiants et force de l’ordre, comme à l’accoutumée. Jusqu’14heures passées, les hommes en tenue assiégeaient encore la porte d’entrée pour assurer la sécurité et les étudiants sur place qui vaquaient encore à leurs activités.

Les nouveaux bacheliers sont en grève depuis lundi dernier, ils réclament que leur bourse leur soit payée, constate Mamadou Sané, étudiant en Médecine et Président de la Commission sociale : « Nos jeunes frères doivent percevoir leurs bourses depuis octobre, jusqu’à présent ils n’ont encore rien reçu, et vous mesurez les difficultés qu’ils rencontrent » a-t-il expliqué. Cependant entrées et sorties régulières continuaient de rythmer la vie du Campus. Certains étudiants faisaient la queue la queue pour aller manger au grand « Resto » ou dans les restaurants aménagés dans l’enceinte de la « Cité », pour combler le déficit en restauration des étudiants venus de divers horizons, comme les étudiants non boursiers, ou de simples visiteurs.

Parmi les camarades de facultés qui débattaient près du grand resto, Assane Ndiaye, étudiant à la FASEG (Facultés des Sciences Economiques et de Gestion), par ailleurs Délégué, indique que c’est seulement hier que lui et ses camarades responsables ont été mis au courant du mouvement des nouveaux bacheliers « Mais c’est aujourd’hui que la grève s’est le plus fait sentir. Nous allons essayer d’apaiser la situation, et ensuite les convaincre de reprendre les cours avant même d’engager des pourparlers avec nos supérieurs hiérarchiques et restaurer le dialogue » a-t-il déclaré. Retenons que les interlocuteurs des grévistes, au niveau de l’Université sont soit leurs doyens, le Recteur et le Chef du Service Administratif (qui vient après le Doyen).

Un autre étudiant du nom de Done Luz, soupçonne les nouveaux bacheliers de subir des influences de personnes non identifiées et déplore le fait qu’ils aient généralisé le mouvement, en envahissant les autres amphithéâtres, ce qu’il considère comme une transgression des normes établies : « seul le délégué a le droit de faire sortir ses autres camarades, en cas de débrayage. Ss’il a le droit de manifester, l’étudiant n’est pas autorisé à faire sortir les autres, c’est inadmissible ; à quoi servent les Amicales à l’Université ? » clame t-il.

Les causes internes de la grève : Des accords signés et non respectés

A partir de ce mouvement de grève, la mort de l’étudiant Balla Gaye est revisitée. « Après la mort de l’étudiant Balla Gaye, des accords avaient été signés, selon Mamadou Sané, en 2001, entre le Ministre de l’Enseignement Supérieur, le Recteur de l’Université, le Directeur du Coud et le Président de la République, Me Abdoulaye Wade. Ces accords stipulaient selon M. Sané que « l’étudiant bénéficie dés la première année d’une bourse, s’il redouble, il la conserve, ensuite, il passe en deuxième année, il conserve pour raison de mérite. L’étudiant ne doit perdre sa bourse que quand il redouble deux fois dans un même cycle ». L’autre motif du débrayage vient de ce que d’étudiant devant percevoir une bourse entière à partir de la 3ième année se retrouve avec une demi-bourse, c’est anormal » a expliqué le responsable des affaires sociales de la Fac Médecine.

Les causes externes de la Grève : Blessures et garde a vue d’étudiants hier au commissariat Central

C’est cela la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Lundi dernier, des étudiants étaient partis rencontrer M. Goumballa, le Directeur des bourses à son bureau situé à l’Immeuble Maginot à Dakar pour d’éventuelles négociations, ce dernier, selon Mamadou Sané a catégoriquement refusé. « Nous avons voulu lui transmettre un message fort, c’est la raison pour laquelle, on a écrit sur les murs « Goumballa ? Voleur » a-t-il témoigné. Le 2ième jour, six étudiants dont des délégués et responsables d’amicales sont repartis voir Goumabala, à leur grande surprise, un de ses agents a attaqué un de nos camarades et a fini par le blesser au front. Comme pour apaiser la situation, le Directeur a fait appel à des hommes en tenue, poursuit-il, qui nous ont enfermés pendant quatre tours d’horloge au Commissariat Central de Dakar de 16 heures à 20 heures. Cet incident a frustré plus d’un d’entre nous.

Pour conclure, Mamadou Sané souligne que c’es grâce à eux que l’année a été stabilisée jusqu’à présent pour, dit-il « montrer aux autorités et à l’opinion que nous ne sommes pas des perturbateurs, en usant des moyens de lutte pacifiques, ce que M.Goumballa, interprète comme une faiblesse, alors que ce n’est pas le cas ».

Ce dernier soutient mordicus que les ressources financières sont bien versées par l’Etat, mais que le blocage se trouve au niveau local.