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LAMINE BA, MINISTRE-conseiller charge DES AFFAIRES INTERNATIONALES ET HUMANITAIRES : « L’accueil des étudiants haïtiens est un acte historique »

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LAMINE BA, MINISTRE-conseiller charge DES AFFAIRES INTERNATIONALES ET HUMANITAIRES : « L’accueil des étudiants haïtiens est un acte historique »
Le Sénégal a reçu 2058 demandes de bourses d’études provenant de citoyens haïtiens. 160 étudiants ont été sélectionnés pour poursuivre leur cursus scolaire à Dakar. Selon M. Lamine Bâ, ministre-conseiller des Affaires internationales et humanitaires au cabinet du président de la République, le retour en Afrique des Haïtiens après le violent séisme qui a frappé leur pays en janvier 2010 est un acte humanitaire et historique.

Monsieur le ministre, la commission nationale chargée du retour en Afrique des Haïtiens qui le souhaitent annonce que 160 étudiants de ce pays seront au Sénégal dès la rentrée d’octobre. Comment tout cela se fera-t-il ?

Au lendemain du séisme en Haïti, le président de la République Me Abdoulaye Wade a lancé un appel d’une grande portée historique. Il a ainsi tendu la main à tous les Haïtiens qui souhaitent revenir en Afrique. Il nous appartient à nous de matérialiser cette idée.

Une commission nationale pour l’accueil des Haïtiens qui le souhaitent a ainsi été mise en place. Nous avons envoyé une mission d’exploration pour voir l’ampleur des dégâts et essayer d’identifier là où le Sénégal devait agir rapidement. Une deuxième mission est partie pour sélectionner les étudiants.

Des milliers de personnes ont manifesté le désir de venir au Sénégal. Parmi eux, de nombreux étudiants. Composée d’officiers de la police et de la gendarmerie, d’un médecin militaire, du recteur de l’université Gaston Berger et des conseillers en éducation, la commission s’est rendue sur place. Nous avons communiqué avec les Haïtiens en leur délivrant le message du président. Nous avons recueilli 2058 dossiers d’étudiants, et avons présélectionné 350 étudiants en mesure de suivre les cours dans nos universités. Nous avons finalement retenu 160 étudiants qui seront accueillis dans les universités du Sénégal au cours de l’année académique.

Nous estimons que l’humanitaire c’est également aider un pays à se reconstruire. C’est pourquoi, nous avons commencé par les étudiants. Nous avons ainsi lancé un site web : « senegalforhaïti. com ».

Comment seront-ils accueillis ?

Leur voyage sera historique. C’est une action humanitaire certes, mais c’est historique. Parce que les Haïtiens sont partis de l’île de Gorée. Au moment de faire la conférence de presse avec les étudiants sélectionnés un jeune étudiant haïtien a fait une réflexion profonde en déclarant je le cite : « il paraît qu’au Sénégal, il y a une île qui s’appelle Gorée où il y a une porte sans retour ». Il ajoute qu’il voudrait aller jusqu’à cette porte, il sera au Sénégal pour dire au monde entier, devant les caméras de télévision, qu’il est bien rentré. C’était très fort.

Un autre étudiant déclare qu’il est déjà parti au Sénégal, même s’il n’est pas sélectionné. Il n’y a que mon corps qui erre dans les rues, mais mon âme est au Sénégal, nous a-t-il dit. Il y a un commissaire de police malien qui travaille à la mission des Nations Unies qui, nous voyant à l’aéroport, nous demande de dire au président de la République qu’après sa déclaration, les gens ont pensé que ce qu’il a dit ne sera jamais réalisable. Ce commissaire nous dit que depuis l’arrivée de la délégation, il lui arrive de bomber le torse d’autant que ses détracteurs ont honte. Ce sont des témoignages qui me renforcent dans ma conviction comme quoi le président Wade avait raison de dire qu’il ouvre les portes de l’Afrique aux Haïtiens.

Qu’est ce qui a favorisé l’engagement des Haïtiens à venir ?

Quand le président Wade leur a rappelé que la terre de leurs ancêtres c’est l’Afrique, beaucoup sont tout de suite allés dans les livres d’histoire. Ils se sont rendus compte que finalement, ils sont là en train de souffrir alors que la terre de leurs ancêtres c’est l’Afrique. Beaucoup ont parlé de retour, mais personne n’a offert cette possibilité de revenir. Il n’y a que le président qui l’a fait. Beaucoup croyaient d’ailleurs que des bateaux sont au port de Port-au-Prince pour acheminer les populations vers le Sénégal. Tout le monde veut venir. Le déclic est déjà fait.

Les Haïtiens savent au moins qu’ils sont des Africains et ont une terre où ils peuvent retourner. Jusqu’ici, ce sont les écrivains qui parlent de retour. Dans la littérature haïtienne, beaucoup ont écrit sur un retour hypothétique au pays natal. Avec l’appel du président Wade, les Haïtiens ont compris qu’ils peuvent retourner chez eux.

Un autre facteur explique cet engouement. Les étudiants n’ont plus d’universités car celles-ci se sont effondrées. Plus de 4 000 étudiants et 400 professeurs d’université sont décédés. Il n’y a presque plus de système universitaire. La preuve, quand nous avons lancé l’appel, ce sont les recteurs des universités haïtiennes qui se sont réunis pour aider à faire la sélection. La plupart des étudiants ont perdu leurs parents dans le séisme. Malheureusement, le Sénégal ne peut pas accueillir autant, mais le président Wade est en train de poser un acte historique : Libérer l’homme. Il a construit des routes et beaucoup d’infrastructures. Il y avait une autre construction à faire : le retour à la liberté. Nous nous sommes mobilisés pour l’aider à réaliser ce grand projet humain. Il a donné un nouvel espoir à ces jeunes.

Quel sort réservez-vous aux étudiants non sélectionnés ?

Le fichier d’Haïtiens qui n’auront pas trouvé une place dans nos universités sera transmis aux autres pays d’Afrique. Il s’agit de 2058 dossiers. Nous transmettrons la liste aux autres pays d’Afrique.

Pensez-vous que les Sénégalais vont adhérer à l’élan de solidarité ?

Il faut accueillir les étudiants sélectionnés avec beaucoup d’enthousiasme, parce qu’ils sont nos frères. Jusqu’ici, chaque fois qu’il y a une catastrophe quelque part dans le monde, ce sont les grandes puissances qui se manifestaient les premières, parce qu’elles ont les moyens. Le Sénégal est un pays qui n’a pas de gros moyens, mais nous avons du cœur. Quand on voit quelqu’un souffrir, on a envie de l’aider, de partager ce que nous avons. Nous le faisons tous les jours. Le Sénégalais n’aime pas voir les personnes souffrir.

Au-delà de l’acceptation dans les universités, est-ce qu’il y’aura d’autres mesures d’accompagnement du Sénégal en faveur des Haïtiens ?

Nous allons les accueillir et les insérer dans les écoles de formation et les universités. Haïti a besoin de tout. En dehors de cela, il y a des familles qui n’ont plus d’espoir et qui veulent rentrer. Elles ont tout perdu. Elles vivent actuellement sous des tentes. Quand on vit dans de telles conditions, on est sous la menace des cyclones. On a une angoisse existentielle. Quand on est un être humain on doit sentir cela et aider les Haïtiens. Chaque Sénégalais doit savoir qu’il a une goutte de son sang en Haïti, aussi lointain que cela soit. C’est pour cela que nous nous sommes engagés avec beaucoup de passion. Et nous voulons partager cette même passion avec le reste des Sénégalais.

Quel est le profil des étudiants sélectionnés ?

La plupart des étudiants veulent faire des études en agronomie. Haïti est un pays agricole. D’autres souhaitent s’inscrire en médecine, parce qu’ils estiment qu’il y a beaucoup de blessés et d’handicapés dans leur pays.

D’aucuns estiment que le gouvernement devrait d’abord penser aux Sénégalais en détresse avant de tendre la main à d’autres. Que répondez-vous ?

On pense au quotidien de nos compatriotes qui sont dans des situations difficiles. L’Etat s’occupe à 99,9% des Sénégalais qui sont en situation de détresse. Mais cela n’empêche pas à l’Etat du Sénégal d’exercer ses missions internationales. Nous ne vivons pas seuls sur la planète. Nous vivons avec d’autres pays. S’ils ont besoin de nous, nous sommes obligés de répondre, parce que nous avons signé toutes les conventions internationales qui organisent la vie en commun des nations. Nous sommes obligés de voler au secours des pays en difficulté.

Le Sénégal est tenu de répondre à l’appel des pays en détresse. Nous allons donner 160 bourses aux étudiants haïtiens, mais est-ce que nous nous sommes demandés, cette année, combien de bourses venant de pays amis seront attribués aux étudiants sénégalais ? Autant de Sénégalais seront boursiers dans les pays amis. Pourtant, ces pays n’ont pas dit, nous avons des difficultés, nous ne donnons pas de bourses aux Sénégalais. Les missions régaliennes d’un Etat dépassent les frontières nationales.

Comment comptez-vous agir pour faire comprendre aux Sénégalais la noblesse de cette mission ?

Une communication sera faite pour sensibiliser nos compatriotes. Ceux qui sont dans les inondations ne sont pas emportés par les eaux. Dans d’autres pays, les eaux ont tout emporté. Nous devons remercier le Tout-Puissant. Les changements climatiques aujourd’hui font qu’aucun pays n’est à l’abri. Ce n’est pas la responsabilité d’un ministre ou d’un président. C’est la nature qui est en conflit avec les hommes qui l’ont malmenée pendant 3 siècles. Tout le monde doit comprendre que nous faisons de la prévention humanitaire.



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