Lancement de la campagne nationale de fauche et de lutte contre les feux de brousse : Le Premier ministre annonce un Code pastoral

En procédant au lancement de la campagne nationale de fauche et de lutte contre les feux de brousse, samedi dernier, à Ngouloum (département de Linguère), le Premier ministre Abdoul Mbaye a annoncé un code pastoral pour mieux structurer les actions d’élevage autour d’une gestion optimale des ressources naturelles. Il a invité les pasteurs et les agropasteurs à adopter la pratique de la fauche et à préserver l’environnement.

Ngouloum, un des villages de l’arrondissement de Yang-Yang (département de Linguère), a abrité, samedi dernier, la cérémonie de lancement de la campagne nationale de fauche et de lutte contre les feux de brousse. A l’occasion, les populations de cette contrée, située au cœur de la zone sylvo-pastorale, ont réservé un accueil chaleureux au Premier ministre et sa suite. Accompagné des ministres Aminata Mbengue Ndiaye (Elevage), Aly Haïdar (Environnement et Développement durable), Mariama Sarr (Famille, Enfance et Entreprenariat féminin), des autorités administratives et des techniciens, Abdoul Mbaye a indiqué que cet accueil de qualité constitue un hommage mérité que ces populations ont voulu rendre au président de la République, Macky Sall, « premier défenseur de l’élevage et de l’environnement au Sénégal ». Il a rappelé que Louga,  une région d’élevage, occupe une place essentielle dans la préservation du système national de production animale. Il en veut pour preuve le choix qui a été fait d’y implanter le centre de recherches agricoles de Dahra-Djoloff. « Une structure dont la recherche scientifique déborde les frontières du Sénégal », a-t-il fait remarquer. 

Rappelant le capital inestimable en matière de ruminants domestiques dans cette région, M. Mbaye  a exhorté les populations de Louga, particulièrement celle du Ferlo, à le préserver et à le développer. Selon lui, le préserver, c’est aussi préserver l’environnement dans lequel il évolue. De plus, le Premier ministre a souligné que la constitution de réserves fourragères par la fauche et la lutte contre les feux de brousse sont deux enjeux d’une importance capitale et intimement liés.

Code pastoral
Le chef du gouvernement a expliqué que la lutte contre les feux de brousse, la pratique de la fauche précoce de l’herbe et la promotion des cultures fourragères doivent être les 3 piliers de l’indépendance alimentaire du cheptel national. Pour lui, c’est une conviction que le gouvernement souhaiterait partager avec l’ensemble de ses partenaires, à savoir les pasteurs, les agropasteurs, les associations de producteurs, les collectivités locales et les partenaires techniques et financiers. 
Ce faisant, Abdoul Mbaye a soutenu que le gouvernement ne se privera pas des apports de la recherche scientifique en matière agricole, puisqu’il compte développer la production de semences fourragères certifiées ainsi que la définition d’itinéraires techniques permettant une gestion optimale de l’espace  pastoral. « C’est à ce prix que nous atteindrons l’objectif de faire de l’élevage un puissant levier pour la lutte contre la pauvreté et le développement économique et social de notre pays. Ce qui est l’une des ambitions fortes dessinées dans le programme « Yoonu Yokute » du président de la République », a-t-il dit. 

A cette occasion, le Premier ministre a annoncé que la mise en œuvre de cette ambition sera déclinée autour d’un code pastoral dont Mme le ministre de l’Elevage est en train de diligenter l’élaboration. Aussi, a-t-il fait savoir que l’avènement de ce code permettra de mieux structurer les actions autour d’une gestion optimale des ressources naturelles. De plus, Abdoul Mbaye a vivement félicité les ministres Aminata Mbengue Ndiaye et Aly Haïdar, maîtres d’œuvre de cette manifestation, « un parfait exemple des synergies qui peuvent et doivent exister au sein de l’action gouvernementale ». Il a aussi remercié la Fao pour l’appui qu’elle apporte au Sénégal.

Renforcement des comités villageois
Abdoul Mbaye a indiqué que, dans le cadre de la lutte contre les feux de brousse, les comités villageois seront non seulement renforcés en matériels de lutte contre les feux actifs, mais aussi et surtout, ils seront davantage sensibilisés et mieux organisés, afin qu’ils soient transformés en véritables organes de veille. Dans cette même stratégie de lutte, il a mis l’accent sur l’importance de la fauche précoce de l’herbe sèche. Selon lui, la pratique de la fauche, en plus d’aider à constituer des réserves fourragères, représente une étape cruciale dans le processus de modernisation et d’intensification progressive des systèmes d’élevage traditionnels. Poursuivant, il a ajouté qu’elle peut être une source d’emplois rémunérateurs pour les jeunes des terroirs. Sur ce, M. Mbaye a invité les pasteurs et les agropasteurs à adopter la pratique de la fauche en l’inscrivant dans le calendrier annuel de leurs activités, non sans indiquer que l’Etat les accompagnera dans l’acquisition de matériels appropriés (motofaucheuses, fourches, râteaux…), dans la formation et, de manière générale, dans l’organisation des tâches liées à cette activité.

Doléances
Au cours de cette cérémonie, un chapelet de doléances a été mis sur la table. Les populations ont souhaité, entre autres,  la création de nouveaux forages, la réalisation de pistes de production, la densification du réseau électrique, l’allègement des travaux des femmes. Suite à ces préoccupations, le Premier ministre a rappelé aux habitants que, lors du dernier conseil des ministres, Macky Sall avait instruit le gouvernement à faire de toutes ces questions une priorité, en vue de satisfaire la demande sociale. Il a noté qu’ils sont en train d’élaborer des plans pour apporter une réponse positive à ces demandes. A signaler qu’avant de procéder au lancement de la campagne, le Premier ministre a visité la ferme de  Isma Sarr, située à quelques encablures du village de Ngouloum. Abdoul Mbaye, impressionné par les actions de cet agropasteur qui procédait à l’insémination artificielle avec des géniteurs bovins importés du Brésil et du Pakistan, l’a vivement félicité et rappelé qu’il constitue un exemple.
31 motofaucheuses distribuées
Le Premier ministre a remis des motofaucheuses aux populations pour la pratique de la fauche précoce de l’herbe et la promotion des cultures fourragères. 
Joignant l’acte à la parole, Abdoul Mbaye a remis 31 motofaucheuses aux populations, invitant les bénéficiaires à faire un bon usage de ces engins et surtout à instaurer un entretien rigoureux. « L’objectif ultime du gouvernement, c’est de mettre en place une véritable stratégie de sécurité alimentaire du cheptel et d’organiser la résilience des zones et des ménages très vulnérables », a dit le Premier ministre. Pour lui, c’est la seule réponse durable à la question de l’insécurité alimentaire dans les terroirs. « Une insécurité qui affecte le bétail mais qui finit toujours par affecter les hommes », a-t-il souligné. 

M. Mbaye a rappelé que cette année, devant l’urgence résultant de la sécheresse de 2011, l’Etat a dépensé plus de 4 milliards de FCfa dans une opération sauvegarde du bétail. « Il fallait préserver le cheptel national d’une hécatombe certaine », a-t-il noté, soutenant que l’idée du fonds revolving mis en place dans ce cadre, a permis de mobiliser plus d’un milliard trois cents millions de FCfa. 

Ces fonds seront gérés par les éleveurs à travers leurs organisations. « Le gouvernement ne souhaite pas en rester là. Ce que nous voulons, c’est de rompre avec le cycle de gestion des urgences, de mettre durablement, à l’abri, la filière pastorale afin de lui permettre de répondre à la demande sans cesse croissante en produits animaux et enfin de préserver la paix sociale quelquefois menacée par une compétition de plus en plus rude dans l’utilisation des espaces pastoraux », a expliqué le Premier ministre.

Feux de brousse : 70.000 ha perdus chaque année

Mettant l’accent sur ce fléau que constituent les feux de brousse, Abdoul Mbaye a soutenu que le Sénégal paie un prix particulièrement élevé, puisque, chaque année, environ 700.000 ha de forêts sont anéantis, entraînant la destruction de pâturages, de récoltes, de la faune sauvage et parfois même mort d’hommes. « Pourtant, l’expérience a montré que partout où l’on a pu maîtriser les feux de brousse, les pâturages se sont améliorés, les filières de produits forestiers non ligneux se sont consolidées, les revenus des populations ont augmenté et la pauvreté a reculé », a-t-il affirmé. Rappelant l’intérêt que le gouvernement attache à cette campagne, le Premier ministre a indiqué que le Document de politique économique et sociale (Dpse) « fait de la préservation des ressources naturelles un axe stratégique majeur pour le développement durable ».