
Elle est connue et même reconnue. Son nom est ancré dans la mémoire collective des Dakarois. Elle, c’est la plage de «Terrou Baye Sogui», logée derrière le Palais présidentiel, en face de l’île de Gorée.
A quelques encablures du building administratif, au fin fond de Dakar, derrière le Palais de la République, près de cette autre place réputée qu’est Anse Bernard, se niche une magnifique étendue de sable blanc très fin, avec des eaux claires et propres. Cet endroit où certains pêcheurs de Dakar viennent pour pêcher, s’appelle «Terrou Baye Sogui», un nom qui n’est autre que celui d’un des ancêtres des Lébous de Dakar. L’homme se nommait en vérité Mame Sogui Ndoye. Il est le premier pêcheur à avoir débarqué sur cette plage, avant même la colonisation. «’Terrou Baye Sogui’ porte le nom de Mame Sogui Ndoye, le premier pêcheur qui a accosté sur ces lieux avant l’arrivée des colons», renseigne Mbaye Ndoye plus connu sous le nom de Paul et qui n'est autre que le petit fils de Mame Sogui. Il indique que «les gens disent ‘Terrou Baye Sogui’, mais c’est plutôt ‘Terrou Mame Sogui’». «C’est avec le temps que le nom a été déformé», précise-t-il. «Terrou Baye Sogui» fait partie des 12 «Pencci» de Dakar. Ce lieu symbolique pour les Lébous a son propriétaire comme tous les «Pencci». «Quand Mame Sogui a débarqué ici, il a trouvé le propriétaire des lieux qu’il ne faut ne pas confondre avec ‘Lëk Daour’. C’est un autre génie protecteur», renseigne-t-il. «Tous nos ancêtres qui venaient ici voyaient le propriétaire des lieux. Quand ils venaient ici la nuit, ils trouvaient le propriétaire assis avec ses habits blancs. Il ne faisait rien de mal à personne. Il était là juste pour protéger ‘Terrou-bi’ et ceux qui étaient à ‘Terrou-bi’, donc sur la plage», raconte Mbaye Ndoye. Il explique aussi que «Mame Sogui est venu ici avant même la colonisation. Et là où se trouve le Palais de la République aujourd’hui, c’était son champ. Il était pêcheur, mais durant l’hivernage, il cultivait et sa maison était tout prêt là où se situe actuellement le siège de la Bceao. Il était dans ces lieux jusqu’à ce que les colonisateurs débarquent au Sénégal». Cet endroit est aussi mythique que son découvreur. Car personne jusqu’à présent, personne ne sait à quoi ressemblait Mame Sogui Ndoye. «Jusqu’à ce jour, même les vieux ne peuvent vous dire à quoi ressembler Mame Sogui. Les gens ont fait beaucoup de recherches. Ils sont allés jusqu’aux archives nationales françaises pour voir sa photo ou bien sa caricature ou un dessin le représentant, mais ils n’ont rien trouvé», rapporte le petit-fils de Baye Sogui qui indique que «mais avec l’histoire orale, quand les gens retraçaient la vie de Mame Sogui, ils disaient que c’était un homme élancé et très fort».
Un endroit paisible où il fait bon vivre
«Terrou Baye Sogui» est un endroit paradisiaque. La brise de mer et le bruit des vagues rendent ce lieu paisible et il y fait bon vivre. L’endroit est très calme et tranquille. Sur la côte, des pirogues, petites, moyennes où grandes, sont accostées ça et là, avec leurs couleurs arc-en-ciel. Quelques pêcheurs assis à même le sol où, debout, discutent par petits groupes, en cette mi-journée, tissent des filets. Non loin de là, une boutique, la seule d’ailleurs qui permettait aux pêcheurs où simples visiteurs assoiffés de se rafraîchir ou se payer quelque chose à grignoter, meuble le décor. Face à la boutique, une petite Mosquée est érigée. A l’entrée, des hommes assis sur des bancs, sous un arbre, observaient avec passion la mer. Tout près de ce lieu de culte, un long bâtiment avec de petites pièces. C’est là que les pêcheurs gardent leurs bagages. En effet, «Terrou Baye Sogui» n’est pas seulement un lieu où les pêcheurs de Thiaroye, Rufisque, Yène, Bargny, etc. viennent pour embarquer et débarquer. Le site fait partie des 12 «Pencci» de Dakar. A ce titre, les Lébous y viennent aussi pour tenir des réunions s’il y a des problèmes au sein de la communauté. «On peut dire que Terrou Baye Sogui est la mère de toutes les plages. Cette plage fait partie des 12 ‘Pencci de Dakar. Ce qui fait que personne ne peut prendre des décisions concernant cette plage si ce n’est que les propriétaires des 12 ‘Pencci’. Et si on a quelque chose de très sérieux à évoquer au sein de la communauté Léboue, on convoque une réunion ici», explique Mbaye Ndoye. «Terrou Baye Sogui» est un lieu particulier, voire singulier. Il n’y a pas d’habitations. Les pêcheurs y viennent tôt le matin pour ne rentrer que la nuit. Et dès qu’on y met les pieds, on a l’impression d’être hors de Dakar. «La particularité, c’est que quand vous venez à ‘Terrou Baye Sogui’, vous avez l’impression que vous êtes hors de la ville, alors que vous êtes toujours à Dakar. Mais nous avons préféré laisser ces lieux comme ils sont parce que c’est que Terrou-bi veut», dit M. Ndoye. A «Terrou Baye Sogui», les pêcheurs respectent la réglementation définie par l’Etat. «Et par rapport à l’exportation, nous ne nous plaignons pas. Les Européens, quand ils ont besoin de poisson où d’échantillons de poissons, ils viennent ici ou ils vont à Ngor. Ils prennent nos poissons parce que ce sont des produits de très bonnes qualités», renseigne Mbaye Ndoye.
Les patrouilles récurrentes des gendarmes, le souci de ces pêcheurs
Les pêcheurs qui sont à «Terrou Baye Sogui» ne rencontrent pas trop de difficultés. Cependant, puisque l’endroit est niché à quelque pas du Palais de la République et à côté des quelques ambassades, les gendarmes y descendent presque quotidiennement. Et cette situation n’est pas bien appréciée des pêcheurs. «Nous avons des problèmes. Mais notre principal souci, ce sont les gendarmes qui font des descentes ici presque tous les jours, surtout pendant les vacances», martèle Mbaye Ndoye. «Vous savez, les élèves viennent ici tout le temps pour se baigner au niveau de la plage. Il y a aussi des personnes mal intentionnées qui sont là parfois. Ce qui fait que les gendarmes ne nous donnent pas de répit et parfois on a des problèmes», informe-t-il, tout en soulignant que «sincèrement, ils ne peuvent rien obtenir ici. Parce que nous, nous ne faisons rien de mal. Nous venons ici juste pour faire notre travail, aller à la pêche et revenir pour aller vendre nos poissons». «On préfère rester ici pour garder jalousement cet espace. Et si on voit quelque chose d’anormal, on y met de l’ordre. Et c’est vrai que parfois, on va à la gendarmerie pour faire des
déclarations», conclut-t-il.
15 Commentaires
Madik
En Juillet, 2012 (17:39 PM)Pape
En Juillet, 2012 (20:21 PM)Lebou Citoyen
En Juillet, 2012 (21:33 PM)Lu
En Juillet, 2012 (21:38 PM)Elysee
En Juillet, 2012 (23:15 PM)Il faut les feliciter au lieu de les blamer , car leur devoir est simplement de rapporter la legende , racontee par Mr Mbaye Ndoye. Cela change quand meme des histoires de jiongomas, et d'autre banalites.Un gros merci donc a :
Marianne NDIAYE & Awa DABO , de m' avoir transporter a des milliers de kilometres de chez moi , en attendant , avec patience , l'heure du " iftar " , en ce premier jour du mois de Ramadan. L' histoire du Senegal, ses legendes,
ses epopees et grandeurs du passe sont ,helas , de nos jours ignorees , parceque tout simplement non bien repertoriees.Ce serait formidable si certains journalistes senegalais , au lieu de nous parler de luttes et de politiciens verreux , aillent visiter tous les recoins de ce beau pays , pour nous faire revisiter le passe , et le parcours de nos aieux .Leur bravoure , leur determination et leur " diom" , "kersa", " diambars" et temerite , seraient mieux appreciees et suivies par la jeunesse de notre pays. C' est bien cela , la vraie definition de la culture. Mes voeux de Ramadan Kareem et de longues vies a tous les senegalais au pays , ou dans la diaspora. Ces aieux qu'ils soient wolofs, lebous, sereres , peulhs , diolas , mandingues, basaris , etc..., ont fait ce que ce peuple a de plus authentique : sa "teranga ". WASSALAM...
Titen
En Juillet, 2012 (23:45 PM)Ba
En Juillet, 2012 (00:08 AM)si quelqu'1 en sait d'avantage, ça m'intéresse vraiment.
Priincesse
En Juillet, 2012 (09:34 AM)Mais ya une bonne qualite de poisson labas, vraiment on peut pas trouver meilleur seulement l'activite est tres controlee labas voire interdite. Il faut etre pecheur pour frequenter labas ya souvent des bandits mais les peccheurs sont sympas, kou amoul fit dofa takhawalu
Venavi
En Juillet, 2012 (10:36 AM)Elysee
En Juillet, 2012 (12:29 PM)Priincesse
En Juillet, 2012 (14:05 PM)Les COUMBA shiii, on badine pas avec; elles vont te hanter des nuits durant lol vu ton comm amo fit
Elysee! un bon gout de firiiirrree avec du poisson de terrou BAYE Sogui miam ! ca fait rever
Mais les plages de Jeddah-Saudi Arabia c'est comment? Diaxlee!!!
Elysee
En Juillet, 2012 (15:33 PM)Donc nous jeunons pendant 18 heures , durant l'ete ...mais moins durant l'hiver! Apres la salat de Zuhr, j'irai a Chinatown chercher des crevettes, des mulets, du thiof " grouper" , et me faire du bon thiebou dieune, ak rof et du " netetou".....! C'est drole , les chinois utilisent les memes ingredients que les senegalais , j'y trouve meme du" yet " , manioc , " pagnes", poissons secs, etc...La prochaine fois que vous irez a la Mecque , demendez a un taxi-driver de vous conduire a une petite mosquee a Jeddah , construite sur la plage . Ils connaissent ce lieu.
Une partie de cette superbe masjid est dans la mer, au bord de la plage, a Jeddah. Quelle magnifique paix , et serenite ( sakinah ) , qu'on y ressent !...Ce n'est pas loin de la Chambre de Commerce de Jeddah. Mais , j'ai l'impression que vous avez faim , super-princesse...donc...Bon iftar insh'Allah, apres Maghrib..WASSALAM...
Jp
En Juillet, 2012 (17:50 PM)Louga
En Juillet, 2012 (23:27 PM)Boy Town
En Janvier, 2013 (20:30 PM)Participer à la Discussion