En réponse à la... réponse de la Gazette dans son dernier numéro suite à un texte que François Bakou avait publié sur politicosn.com, le patron de Amsa Assurances revient encore à la charge contre le journaliste Abdou Latif Coulibaly.
Monsieur le directeur de la publication,
Avouez que seuls les derniers mots de votre réaction à mon Droit
de réponse – « Et sans rancœur ! » – sauvent chez vous ce qui pouvait
encore ressembler à de la sérénité. Dans tout le reste de votre texte en
effet, quelle fureur, quelle excitation, quel rut même ! L’incontinence
verbale fait penser à ces adolescents chez lesquels la sagesse
populaire trouve un trait distinctif dans le fait d’avoir toujours
l’insulte à la bouche. Pensez donc ! Votre dossier a « fait sortir du
bois » un homme coutumier de « l’ombre, au figuré comme au propre », un
homme ayant conduit « au Sénégal des affaires qui n’ont pas été toutes
orthodoxes, encore moins avantageuses pour ce pays », un homme dont « la
morgue et la prétention » traduisent un « caractère quelque peu
voyou », un homme habité par « la frousse » et « le désarroi ».
Cette batterie d’injures ne s’arrête pas à ma seule personne,
puisque vous me dites « couvé, pendant des années », par le « régime
totalitaire » de mon « ex-mentor » Henri Konan Bédié, « qui a inventé et
théorisé en Côte d’Ivoire, avec une redoutable efficacité,
l’ivoirité ». (Soit dit en passant, Henri s’écrit avec i en français et
non y. Orthographier correctement les noms et les prénoms est un des
premiers devoirs d’un vrai journaliste. Mais bon !)
Un bavardage de la nature de ce que vous avez produit montre tout
simplement que vous avez perdu votre sang froid. Cela est dommage car
non seulement l’injure ne vous grandit pas, mais en plus la colère qui
l’inspire plonge votre discours dans une incohérence qui vous rend
simplement méconnaissable. Il ne suffirait, à cet égard, que de mettre
côte à côte d’une part ces deux passages de votre texte où vous me
donnez pour un homme qui se pose en victime d’un procès médiatique en
sorcellerie, et de l’autre ce passage où vous trouvez que ma réponse me
« met dans une posture victimaire ». Je serais donc, d’après vous, à la
fois « victime » et « victimaire » : connaissez-vous seulement le sens
des mots que vous alignez ainsi ?
L’insulte et l’incohérence ne sont pas les seuls résultats
auxquels la colère vous conduit. On s’étonne de lire en outre, sous
votre plume, un nombre incalculable de fautes et de contresens. Ici vous
dépeignez un « golden boy ivoirien, faisant la pluie et le beau », là
vous acceptez une mise au point de François Bakou, « à condition que
cela porte sur quatre points mises en cause le concernant », et là
encore vous avancez que mes collaborateurs « ont finalement concédé à
répondre à nos questions ». Ailleurs vous dites : « Au lieu de s’en
limiter à cette question », et ailleurs encore vous reprochez à François
Bakou de se faire passer pour « victime d’une presse calomnieuse et
xénophobe qui ne l’inspire que pitié ».
Quand vous vous exprimez ainsi, vous ne vous bornez pas à user
d’une langue approximative. Vous projetez surtout des signes qui ne
révèlent pas chez vous un très grand calme intérieur, des signes qui
s’ajoutent au contraire à toutes les fragilités dénoncées plus haut pour
manifester chez vous confusion, amalgame et désarroi. Comme Horace a
raison de tenir la colère pour une courte folie !
Qui s’affecte d’une insulte s’infecte, avait prévenu Jean Cocteau.
Je remercie le ciel de m’avoir aidé, jusqu’ici, à garder la tête
froide, à rester serein, à ne rien dire qui apparente mon propos à une
réponse au coup de pied d’un âne. Monsieur le directeur de la
publication, dans le texte que je vous soumets ici, qu’il me suffise de
rappeler à vous-même et à l’attention de nos lecteurs communs les
problèmes importants de déontologie du journalisme que je vous avais
posés précédemment. Ces problèmes, je voudrais les reformuler par trois
affirmations successives sur lesquelles j’attends encore les réponses de
La Gazette.
J’affirme, dans un premier temps, que ce journal a monté sur Amsa
un dossier à charge sur la base d’un document qui n’est qu’un
pré-rapport, c’est-à-dire un document provisoire. Je déclare que La
Gazette s’est trompée en fondant ses accusations sur un document qui est
tout sauf le rapport (définitif) de la Cima que nous attendons encore.
Cela est-il exact ? La réponse attendue n’est pas ouverte, et n’a donc
rien d’embarrassant. Elle est fermée : c’est oui ou non. Et hélas, elle
ne figure nulle part dans le flux de mots qui nous a été servi. Au
contraire, ces messieurs de La Gazette continuent de faire état des
« graves accusations portées sur (Amsa) par le rapport de la Cima ».
Quel rapport ? Jusqu’à quand continuerez-vous d’ignorer que vous faites
une méprise, que sur ce point vos vues sont des bévues ?
J’affirme, deuxièmement, que La Gazette a bénéficié de l’aide
d’une taupe, et qu’un organe de presse qui procède ainsi, un organe de
presse qui s’appuie sur des sous-marins pour régler des comptes, ne doit
prétendre en aucune façon faire du journalisme d’investigation. La
méthode utilisée est pour le moins oblique. Elle est révélatrice d’une
inqualifiable friponnerie, qu’il est insupportable de voir prospérer
dans la presse.
J’affirme enfin que, pour instruire au Sénégal une « controverse
autour de 6 milliards », il n’est pas nécessaire d’aller invoquer un
procès de 1998 en Côte d’Ivoire, ni la vie d’Amsa-Côte d’Ivoire, ni les
activités de GTA au Togo, trois dossiers qu’aucun journaliste de La
Gazette n’a cherché à consulter auprès de moi et qui ont été pourtant
rappelés dans ce journal, à la fois dans une ignorance totale de leur
contenu et dans l’intention manifeste de cristalliser autour de ma
personne une réputation péjorative.
Aujourd’hui La Gazette a beau jeu de proclamer qu’elle a « eu
différents échanges avec François Bakou ». Que celui qui m’a demandé le
dossier de ces trois affaires lève la main ! Si personne dans ce journal
n’a pris cette précaution élémentaire de l’informateur, pourquoi
bavarder encore, syllogiser sans fin, crâner, au lieu de reconnaître
humblement qu’il y a eu un manquement coupable à une règle de base du
journalisme ?
Votre texte pompeusement intitulé « Fuite en avant de M. François
Bakou » s’offusque de mon refus d’une mise au point de 3000 signes. Vous
faites en effet semblant d’ignorer que votre journal m’a éclaboussé
doublement. D’abord à titre personnel, à travers votre article de 3000
signes intitulé « Gestion contestée de la Cfoa » sur lequel vous ne
faites pas d’objection à une mise au point signée de moi. Ensuite en
attaquant sur quatre pages une société, c’est-à-dire une personne
morale, dans laquelle je suis administrateur.
Pourquoi me serait-il interdit de m’exprimer également sur cette
personne morale ? Vous-même prenez d’ailleurs plaisir à me presser de
vous fournir des clarifications. Comment voulez-vous que je me plie à
cette requête quand, dans le même temps, vous ne me donnez que l’espace
pour répondre à ce qui touche à ma personne ? Ne trouvez-vous pas que
vous devriez apprendre à être un tant soit peu conséquents avec
vous-mêmes ?
Votre défense est gauche quand vous prétendez que « c’est la
première fois que La Gazette publie une information me mettant en
cause ». Vous croyez donc vos lecteurs assez dupes pour penser que votre
journal laboure sur une terre vierge ? Pourquoi les avez-vous renvoyés
aux Échos et au Témoin ? Ce faisant, en tout cas, vous ne pouviez pas
mieux montrer votre intention de hurler avec les loups, de vous
solidariser dans le mal, de faire chorus pour servir des causes sombres.
C’est cela que je dénonce, et rien que cela ! Je vous laisse libres,
pour le reste, de toutes les facilités que vous débitez sur l’ivoirité.
Je n’aurais même pas dit un mot de ce thème si je ne voulais vous mettre
en garde contre les pirouettes faciles que l’on oppose souvent aux
sujets les plus graves.
Avant de terminer, je voudrais profiter de cette tribune pour dire
un mot sur Amsa-Assurances et Amsa-Vie, ces deux compagnies qui vous
fascinent tant. J’avais déjà écrit qu’elles pétaient la forme. Je le
confirme : elles se portent effectivement bien. Très bien même ! À quoi
sont dus les remous dont vous avez fait état dans votre article en vous
référant aux brassards rouges arborés le 26 avril dernier par les
travailleurs ? C’est simple : dans le passé, le conseil d’administration
a nommé des managers de transition et a envoyé en formation des
personnes qui devaient se préparer à les relayer.
M. Déthié Aw, ingénieur en génie chimique rentré à Amsa depuis
1988, est allé faire ainsi un MBA à Paris-Dauphine. Il est aujourd’hui
reconnu au Sénégal comme l’un des meilleurs techniciens du marché. Il
est, depuis l’année dernière, le nouveau DG d’Amsa-Assurances. C’est un
homme discret, posé et patient, qui agit avec calme et qui est plutôt
dur à la tâche, comme un bon Mouride qu’il est. Mme Fatou Kiné Fall
Dieng est entrée à Amsa en 1992, après avoir suivi au Canada une
formation d’actuaire, d’ailleurs dans la même école qu’une personne
proche de M. Abdou Latif Coulibaly. Le conseil d’administration l’a
envoyée faire un MBA à l’École nationale des Assurances de Paris, pour
la préparer à prendre la direction d’Amsa-Vie. Et elle aussi a été
nommée DG l’année dernière.
Depuis qu’ils ont la haute main sur les deux compagnies, tous les
deux font un travail remarquable. On sent qu’ils sont véritablement en
train de transformer Amsa. Leur compétence me dispense d’être au Sénégal
en permanence. De fait, je ne passe jamais plus d’une semaine dans ce
pays. Mais leur action fait peur. D’ailleurs à tort car le conseil
d’administration a interdit tout licenciement. Si les travailleurs se
sentent parfois inquiets, aucune de leurs craintes n’a lieu d’être, le
conseil d’administration étant là pour veiller à leur maintien dans
l’entreprise. Telle est la situation. Rien de plus, rien de moins !
Comment terminer ce court papier sans rappeler une fois encore La
Gazette à ses devoirs ? Les journalistes de ce magazine prétendent se
mettre au service de la vérité. C’est là un office exigeant. Parce
qu’elle est trop nue, a dit encore Cocteau, la vérité n’excite pas les
hommes. Je souhaite qu’il en aille autrement dans un journal qui entend
être, comme vous n’hésitez pas à le proclamer vous-mêmes, la mauvaise
conscience des dirigeants. Je souhaite que votre plume serve à
construire plutôt qu’à tuer, plutôt qu’à semer la mort sur votre
passage. Je souhaite qu’elle soit une lanterne et non une épée dans les
mains d’un aveugle.
Quand on écrira demain l’histoire du Sénégal des années 2000, les
articles de presse ne manqueront pas au nombre des sources. Aux hommes
et aux femmes qui font profession de produire ces articles, cela donne
une responsabilité immense, inestimable. Ils ne peuvent pas se permettre
d’être des hommes et des femmes immatures, légers, incapables de
jugement, obtus et limités. Ces vilains petits canards d’une certaine
presse, Dieu me garde de me compter parmi leurs lecteurs silencieux !
Le dernier mot de ce texte, je veux l’adresser personnellement à
vous, M. Abdou Latif Coulibaly. J’ai regretté qu’en rapportant dans
l’article de La Gazette notre récente conversation téléphonique, vous
ayez omis de rappeler votre promesse de me recevoir à dîner bientôt.
Mais sans rancœur, comme vous dites. Puisque vous avez oublié votre
invitation, eh bien c’est moi qui vous inviterai le premier. Nous ferons
des agapes avec du bon Ceere Mboume. Et nous boirons du bon vin.
Auparavant, j’essaierai de vous faire marcher gauche droite pour qu’en
sortant de nos agapes, vous soyez à l’équerre ! Cela ne pourra que faire
du bien à La Gazette. Cordialement !
http://www.politicosn.com/La-bras-de-fer-Francois-Bakou-Abdou-Latif-Coulibaly-continue-La-Gazette-a-perdu-son-sang-froid--dit-le-patron-de-Amsa_a246.html
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1 Commentaires
Anonyme.mr Est Un Homme De Tra
En Octobre, 2015 (18:06 PM)Participer à la Discussion