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Le dahira en France, une manière de « se ressourcer »

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Le dahira en France, une manière de « se ressourcer »

Le Magal qui célèbre le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur d’une des plus importantes confréries musulmanes sénégalaises, le mouridisme, a eu lieu le 3 février 2010 dernier. Il était l’occasion pour les mourides sénégalais de se réunir à Touba mais aussi pour ceux de la diaspora française de se retrouver dans différentes villes où des cérémonies étaient organisées notamment par des dahiras ou collectifs de jeunes étudiants mourides particulièrement dynamiques.

Avenue 221 vous propose pour son premier article d’aller à la rencontre de quatre de ces jeunes impliqués dans ces dahiras malgré la distance qui les sépare de leur pays d’origine. Chérif, Mbaye, Mame Fatou et Khadim de leurs prénoms, tous sont des sénégalais d’une vingtaine d’années débarqués en France pour poursuivre leurs études il y a maintenant plusieurs années, et pour lesquels pouvoir retrouver d’autres mourides comme eux dans un pays étranger est quelque chose qui compte beaucoup.

La difficulté de pratiquer sa religion en France

«Tu arrives… tu te dis côté religion c’est pas très évident. Il faut trouver quelque chose à quoi s’accrocher pour ne pas perdre ses valeurs, tout ce qui est éducation religieuse et autre », raconte Mame Fatou, étudiante notamment à Lille pendant 3 ans. Même questionnement pour Mbaye, Chérif et Khadim lorsqu’ils s’installent respectivement à Metz, Rouen et Paris : comment conserver un lien avec sa religion, ses croyances dans un pays où il y a « moins de choses qui nous rappellent Dieu qu’au Sénégal ?».

De fil en aiguille, ils ont chacun rapidement connaissance de l’existence d’un dahira situé à proximité ou dans leur ville d’accueil. Par « des recherches, des bouche-à-oreille » comme l’explique Mbaye qui faisait déjà partie d’un dahira au Sénégal, ou par l’intermédiaire d’autres camarades du bâtiment par exemple pour Chérif vivant dans une cité universitaire à Rouen.

Le dahira, des moments d’échanges autour de l’Islam

Rejoindre ces dahiras n’est pas immédiat pour ces étudiants tous déjà mourides mais qui ne participaient pas forcément avant au Sénégal à des dahiras. Mame Fatou se souvient d’ « avoir au début été plutôt observatrice ». Mais l’attitude et les propos du Serigne lors de réunions la rassure notamment vis-à-vis de jeunes qui auraient pu délaisser leurs études pour le dahira : « Il ne poussait pas les étudiants dans l’extrême mais il les remettait sur le bon chemin » leur rappelant les raisons pour lesquelles leurs parents les avaient envoyés ici et l’importance d’être assidu dans leurs formations. Pour Mbaye et Khadim, c’est plus évident ou tout du moins dans la continuité de leur vie sénégalaise. « Je faisais déjà partie d’un dahira au Sénégal donc je connaissais déjà un peu l’esprit des dahiras », indique Mbaye.

Ainsi, tous les quatre prennent rapidement part aux réunions organisées par ces dahiras pour «se retrouver dans le chemin de l’Islam, du mouridisme qui est une des voies pour mieux connaître l’Islam» avec d’autres jeunes comme eux. Ils fréquentent ces cellules mourides « autant qu’ils peuvent », c’est-à-dire en moyenne une fois par semaine, le plus souvent durant le week-end. Le nombre de participants varie d’une dizaine de personnes sur Caen à une  cinquantaine sur Lille et Montpellier où Mbaye vit désormais, jusqu’à une centaine sur Paris. Ensemble, ces jeunes récitent des khassaides, écrits du Cheikh. Ils étudient aussi le Coran et en partagent leurs visions.

D’importantes fédérations

Lors de ces réunions, les jeunes préparent aussi des événements qui rassembleront la communauté mouride présente dans la région voire au-delà. La plupart des dahiras en France sont en effet regroupés en fédération au niveau régional pour « former un gros groupe et pouvoir organiser de gros événements comme le Magal, pour pouvoir les organiser ensemble », comme l’explique Chérif. Khadim lui s’implique beaucoup  dans l’organisation de ces cérémonies en cherchant des salles qui pourront accueillir les nombreux mourides de la diaspora qui viendront, mais aussi en réalisant des affiches de com’ et des cartes qu’il distribue et accroche dans les différents lieux sénégalais de la capitale.  Entre ces dahiras nous dit Chérif « il y a vraiment une interconnexion. De temps en temps il y a des dimanches où on allait au Havre pour participer à leurs réunions, ou ceux de Lille venaient à Rouen pour participer à la nôtre ».

Un esprit qui rassemble sénégalais mourides et non mourides

Pour ces quatre jeunes, il y a dans ces dahiras mourides français une dimension très forte de partage qui va au delà des sensibilités confrériques ou des sujets religieux. « Le mouridisme a un degré de rapprochement très très fort entre les individus » rappelle Chérif et il suscite ces moments de communion, de « retrouvailles » à l’intérieur d’une communauté qui n’est pas seulement mouride mais de manière plus large sénégalaise. En effet, beaucoup de non mourides participent aussi aux dahiras ou viennent aux évènements organisés.

Ce rapprochement se fait bien sûr avant tout autour de l’Islam mais il donne aussi lieu à d’autres formes d’échange et de solidarité liées à la particularité de leur vie en France. Mbaye et Khadim à qui des logements universitaires étaient refusés ont pu par exemple bénéficier de l’hospitalité de leurs condisciples leurs premiers mois passés en France. « Les dahiras peuvent aussi t’aider sur les démarches à faire auprès des préfectures, sur les nombreuses formalités administratives à réaliser ici en France », rapporte Mbaye.

Aujourd’hui, Chérif, Mbaye, Mame Fatou et Khadim restent attachés à cet esprit présent dans le dahira qui leur permet de conserver leurs repères, de « se ressourcer ». Mbaye de conclure : « Qu’on soit au Sénégal ou à l’étranger, il faut continuer ce que l’on fait ».



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