Le cinquième anniversaire du naufrage du bateau « le Joola » est célébré aujourd’hui à Ziguinchor dans la prière et le recueillement. La commémoration de ce drame survenu dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, et qui avait provoqué la mort de plus de 1860 personnes, débutera par un recueillement au cimetière de Kantène, près de Ziguinchor, où repose une partie des victimes. Une cérémonie officielle se tiendra ensuite dans l’enceinte du port de Ziguinchor, en présence des familles des victimes. Elle sera marquée par les discours d’usage, les prières des représentants du culte musulman et de l’église, et le dépôt de gerbes de fleurs dans le fleuve Casamance, à l’endroit même d’où était parti le bateau le Joola. Les familles des victimes du « Joola » comptent profiter de l’occasion pour demander à l’Etat de « regarder le dossier du Joola avec beaucoup plus de tendresse ».
26 septembre 2002-26 septembre 2007. Cinq années déjà disparaissait « le Joola », au large des côtes gambiennes, avec à bord environ 2000 personnes, alors qu’il se rendait sur Dakar. Le souvenir de la catastrophe de ce navire qui assurait deux fois par semaine la liaison fluvio-maritime entre Dakar et Ziguinchor reste encore vivace dans la mémoire collective des populations du Sénégal et plus particulièrement celles de la région méridionale du pays.
L’Etat du Sénégal qui, dès le naufrage, a reconnu sa responsabilité, avait mis à exécution plusieurs mesures d’accompagnement pour atténuer tant soit peu le chagrin et la douleur des familles des victimes de cette catastrophe maritime, la plus grande de l’histoire de la navigation contemporaine.
Ces mesures concernaient, entre autres, l’indemnisation des familles, la construction d’une nouvelle université à Ziguinchor, l’octroi de bourses d’études aux étudiants originaires de la région, le projet de pupilles de la nation pour tous les enfants mineurs des victimes, sans oublier l’accord de principe pour le renflouement de l’épave, l’achat d’un nouveau bateau pour le remplacement du « Joola » et la construction du port de Ziguinchor.
Cependant, sur nombre de ces engagements pris par l’Etat et son gouvernement, les familles des victimes soutiennent qu’il reste beaucoup à faire encore. Et l’association nationale des familles des victimes du « Joola » compte de nouveau soulever toutes les questions restées en l’état à l’occasion de la célébration du cinquième anniversaire de cette catastrophe qui a pratiquement embrasé toutes les familles de la nation sénégalaise.
En effet, si Moussa Cissokho et ses camarades membres du bureau national de l’association nationale des familles des victimes du « Joola » se réjouissent des efforts consentis par l’Etat du Sénégal dans le cadre de l’indemnisation des familles des victimes de la catastrophe et de certaines mesures énergétiques prises au lendemain du naufrage du navire comme la construction d’une nouvelle université en Casamance, précisément à Ziguinchor, sur fonds propres de l’Etat, ils restent tout de même septiques sur certains engagements de l’Etat qui tardent à être honorés.
Prise en charge des orphelins
La lancinante question de la prise en charge des orphelins du bateau « le Joola » fait partie encore de la kyrielle de revendications retenues comme non satisfaites par l’association nationale des familles des victimes du « Joola ». Cette dernière compte y revenir de nouveau à l’occasion de la célébration de ce cinquième anniversaire de la disparition du bateau « le Joola ». En effet, ces orphelins (plus d’un millier environ), déclarés pupilles de la nation par le président de la République au lendemain de la catastrophe, ont encore du mal à voir le bout du tunnel. Leur prise en charge par l’Etat, notamment leurs carrières scolaires et certains aspects socio-économiques accompagnant la mesure, demeure encore un des maillons faibles dans la gestion du dossier du « Joola ». En effet, hormis certaines mesures prises par le gouvernement depuis 2004 comme l’octroi de cartables scolaires garnis de fournitures, une colonie de vacances offerte par le ministère de la Famille et du Développement social, et les bourses scolaires octroyées par la mairie de Ziguinchor grâce à une chaîne de solidarité nouée avec la ville de Saint-Maur des Fossés, du côté de l’hexagone, dans le cadre de l’opération « les orphelins de Ziguinchor », on a encore du mal à sentir une réelle prise en charge de cette question au sommet de l’Etat. D’où la détermination de Moussa Cissokho, président de l’association des familles des victimes du « Joola » à poursuivre le combat jusqu’à satisfaction.
Renflouement de l’épave
Il y a également la sempiternelle revendication du renflouement de l’épave du navire. Sur cette question, on éprouve encore du mal à trouver un consensus. Si certaines familles revendiquent le renflouement, pour des questions sociologiques et culturelles, d’autres par contre le jugent inopportun car pouvant être source de nouveau trauma. Cependant, il demeure toujours une préoccupation pour les membres de l’association des familles sénégalaises et européennes des victimes du « Joola » qui en font une exigence. Ils fondent leur requête sur un accord qui aurait été trouvé sur la question. Il s’agit, selon, M. Cissokho, de tirer le bateau jusqu’à 500 mètres de la côte de Kafountine, de vider son contenu, d’identifier également les restes en termes d’objets et autres parures et enfin d’enterrer le reste des ossements dans une sépulture commune qui serait érigée en monument sur lequel on inscrirait tous les noms des victimes. Ce plan aurait bénéficié, à en croire M. Cissokho, d’un accord de principe de la Commission européenne pour sa mise en œuvre. Un engagement sur lequel l’association compte s’agripper pour la satisfaction de sa doléance.
Nouveau bateau
Même si le chantier naval a été engagé en Allemagne pour la construction du futur remplaçant du « Joola », la problématique de la déserte fluvio-maritime entre Dakar et Ziguinchor demeure une préoccupation pour les populations du Sud. Le Wilis affrété depuis 2004 par l’Etat pour assurer l’intérim du nouveau bateau a vite étalé ses insuffisances sur cette lancinante question. Les ennuis techniques qui l’ont poussé à l’arrêt depuis le mois d’août dernier ont fini de soulever encore la problématique du désenclavement maritime de la Casamance. Les populations de la région demandent à l’Etat d’accélérer le processus de construction du nouveau bateau afin que le nouveau port de Ziguinchor renoue avec ses ambiances d’antan.
Si l’Etat du Sénégal est encore attendu sur toutes ces questions, les populations du Sud retiennent comme satisfaction la réalisation d’un port nouveau à Ziguinchor, répondant aux normes de navigation internationale, l’indemnisation des familles des victimes, la construction d’une université, entre autres sujets.
1470 dossiers d’indemnisation évacués
Depuis le début du processus d’indemnisation des familles des victimes du « Joola », l’Etat a réussi à satisfaire 1470 dossiers déposés auprès de l’agence fiduciaire pou un montant estimé à environ 14 milliards de francs Cfa, selon les chiffres recueillis auprès du bureau national de l’association des familles des victimes. Des dossiers qui étaient jusque-là en souffrance au niveau du ministère de l’Intérieur ont été même évacués la semaine dernière.
Cependant, nombre de familles rechignent encore à accepter l’indemnisation. Il s’agit de certaines familles dans le département d’Oussouye et de la famille norvégienne en Europe
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