lI était une fois un bateau. A son baptême, il avait reçu le nom de « Joola ». Le Joola symbole de tout un monde de courage, d’abnégation, de refus mais aussi d’extrémisme.
A sa naissance, ce bateau recevait une mission et se devait d’accomplir une vocation. De part sa mission, il se devait de rallier Dakar à la région sud du pays. Et de par sa vocation, il devenait pour ceux qui lui avaient donné naissance, un pan de solution pour contrecarrer la mort qui régnait sur la route, du faite d’une rébellion vieille de plus de 30 ans.
Ce bateau, symbole de la fierté de tout un pays, engagé résolument sur les routes du développement, allait connaître un coup d’arrêt, tragique celui-là et pour cause dans la nuit du 25 au 26 septembre 2002, il allait sombrer aux larges des côtes gambiennes, emportant avec lui, un nombre incalculable de morts. La plus grande tragédie maritime que le monde n’avait jamais connu ainsi, beaucoup de nos frères et sœurs allaient partir pour le grand voyage au pays de Dieu. Mais ce voyage n’était pas prévu, parce que beaucoup sont partis sans sépulture.
La vie s’est réservée de terribles surprises, il s sont morts dans le bateau en évitant la mort sur la route.
Nous ne voulons pas les oublier, toi non plus Seigneur ne les oublie pas.
Et ce soir, à l’instar de tous les fils de ce pays, nous sommes venus sacrifier à un devoir de mémoire.
Mais tout en priant pour les naufragés et les familles des victimes, nous voulons nous inscrire dans la cohérence en revisitant le passé de cette tragédie pour mieux vivre son actualité.
A l’époque de la tragédie qu’est-ce-qui n’a pas été dit dans ce pays ?
A l’époque de la tragédie que de discours, que de résolutions, que de promesses, que de principes véhiculées de manières fortes et se devant d’avoir droit de cité pour le meilleur de la vie et de l’être ensemble au Sénégal.
A l’époque de la tragédie que de larmes, que de pleurs, que de cris de deuil.
A l’époque, nous avions mal, nous avions tous mal et tous ensembles nous avions pleuré nos morts. Il se disait à l’époque que la tragédie du Joola était aussi le reflet fort de notre sénégalité. Mais depuis la tragédie du Joola et à dire vrai, qu’est-ce-qui a changé dans ce pays ? Qu’est-ce-qui a changé dans notre manière d’être sénégalais.
Aujourd’hui encore dans ce pays, on continue à conjuguer au rythme du JUBLANG, de la cupidité, des discours creux, du masla, de l’impunité, de l’indifférence, de l’incivisme, du parti-pris, de la recherche effrénée de l’argent à tout prix.
Et la tendance est grande pour beaucoup de pointer un doigt accusateur vers ceux qui nous dirigent, qu’il leur soit pardonné leurs limites d’hommes. Mais vous comme moi et avec nous tous les sénégalais de ce pays avons-nous réellement fait la part de ce qui nous revient dans ce qui est arrivé ? Allons-nous continuer à vivre comme si de rien ne s’était passé dans ce pays ? Après avoir pleuré nos morts, avons-nous le droit de danser sur leurs sépultures ?
A l’époque, nous avions été invités à l’introspection, où en sommes-nous aujourd’hui ?
A l’époque il se disait « plus jamais ça ». Mais quand on voit sur nos routes ces « cercueils ambulants » surchargés au maximum et qui relient la capitale à l’intérieur du pays, on ne peut pas ne pas se poser des questions. Aujourd’hui quand on voit ces constructions anarchiques qui s’élèvent de partout sans aucun respect des normes de l’habitat, on ne peut pas ne pas se demander si nous ne sommes pas nous-mêmes porteurs des germes de notre propre destruction.
Nous ne voulons pas les oublier, toi non plus Seigneur ne les oublie pas.
Mais à la vérité est-ce-que le devoir de mémoire est encore aussi vivace qu’aux premières années de la tragédie ? Aujourd’hui est-ce-que beaucoup de sénégalais n’ont pas oublié ce qui s’était passé en 2002 ? Pourquoi devons nous nous souvenir des victimes du bateau seulement au jour de leur anniversaire ? N’avons-nous pas à tirer ensemble toutes les leçons de la tragédie du bateau le Joola ?
Quelqu’un a dit que la meilleure manière de porter le deuil de quelqu’un c’est de ne jamais l’oublier. C’est de prier sans cesse pour lui, et de tenir toujours allumer le flambeau de l’héritage qu’il nous a laissé.
Puissions nous en être conscients chaque jour davantage et qu’il nous soit donné de passer de la parole facile aux actes qui coutent et à l’engagement généreux et courageux pour un changement de mentalité et de comportement.
AMEN
4 Commentaires
Che
En Septembre, 2014 (20:45 PM)Keykendo
En Septembre, 2014 (21:14 PM)Le diola a fait plus de morts que le titanic faut-il le rappeler ? Ce n'est pas une victoire encore moins une fierté, mais c'est l'idée qu'il faut se donner de l'ampleur du drame...Beaucoup de sénégalais sont encore convaincus que le naufrage du diola est certes un drame dans notre pays, mais ce n'est pas plus grave que les nombreux accidents de la route qu'ils côtoient à longueur de journée.
Le naufrage du diola ne devrait pas être considéré comme un drame survenu contre une partie du pays, tout au contraire, comme une tragédie nationale ! Il faut qu'on respecte nos morts et qu'on apprenne à leur donner une place vivante dans nos vies. Ce jour aurait dû être une journée chômée et payée et dédiée à la commémoration des victimes.
Diop
En Septembre, 2014 (21:42 PM)Ocb
En Septembre, 2014 (14:05 PM)Participer à la Discussion