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Le Lac Rose malade du Paris- Dakar

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Le Lac Rose malade du Paris- Dakar

Une eau changeante durant la journée, un taux de salinité 10 fois supérieur à celui de la mer, rendant impossible toute survie animale. Le Lac Rose fascine. Rendu célèbre par le rallye Paris-Dakar dont il était le point d’arrivée, ce site touristique, qui demeure l’un des plus prisés du pays, est en pleine récession depuis la délocalisation du rallye en 2007. Le Quotidien fait une incursion sur ce site situé dans la commune de Tivaouane Peul-Niague et où les affaires ne sont plus aussi roses pour les résidents, hôteliers, vendeurs et autres acteurs. Seul le sel dont l’extraction revêt un caractère artisanal s’extirpe de ce climat économique fortement déprécié. L’espoir est toutefois grand chez les résidents qui s’attendent à gros avec le rallye Africa eco Race, et espèrent toucher à nouveau le graal comme ça était le cas  avec Le Dakar.

Ça ne vibre pas trop au Lac Rose en ce week-end de septembre. De rares vendeuses squattent  les alentours du lac à la quête d’improbables visiteurs. «On est en saison basse, combinée aux préparatifs de la fête de la Tabaski. C’est pourquoi il n’y a presque personne», explique Maty Mbaye, une jeune vendeuse, un van plein de petits objets d’art, négligemment porté sur la tête. Elle nous offre même, dès l’abord, un bracelet de perles blanches et noires entremêlées à d’autres aux couleurs du drapeau national, en guise de «souvenir». Elle enchaine, après cette «générosité» intéressée, en proposant les produits du van.  «Il faut prendre quelque chose, nous sommes en saison morte et rien ne marche. Ce collier il serait bien pour madame ; c’est juste à 2 000 francs. Diap sii waay», supplie jovialement  la vendeuse en se déchargeant du van qu’elle pose à terre. 

Des breloques en cauris,  des cendriers en bois en forme de pirogue, des colliers multicolores en perles qu’elle dit confectionner elle-même, sont entassés en vrac dans le van. C’est la technique de prédilection des vendeuses de la zone pour appâter les visiteurs. Quiconque y fait détour,  vivra cette aventure à chaque rencontre avec une de ces vendeuses se déplaçant sans cesse dans la zone qui leur est familière. On traque à tout bout de champ, l’essentiel est d’écouler le maximum de produits. «Mon revenu quotidien tourne autour de 2 500 francs en cette période de saison basse», explique la jeune fille. Un chiffre d’affaires qui grimpe d’après son propos, «jusqu’à 5 000 francs ou plus» pendant la saison touristique. Des révélations auxquelles une vendeuse plus âgée s’accorde tout en mettant en exergue la grande différence avec les revenus de la belle époque du Dakar. «On rentrait avec 30 000 francs au minimum après une seule journée de vente pendant la période de l’arrivée du rallye», s’extasie-t-elle, nostalgique de ces moments de bonnes affaires que n’a pas vécus sa cadette. Aujourd’hui, ce sont des visiteurs au compte-gouttes qui ont considérablement diminué avec la fermeture de la saison touristique. Ce qui a eu pour conséquence de porter l’estocade à l’activité économique autour du lac, activité fortement dépréciée par la délocalisation du rallye Paris-Dakar en Amérique du Sud. 

Hôteliers, vendeurs d’objets d’art, artisans, antiquaires et populations du village de Niague  s’accordent quant à la récession de l’activité économique depuis 2007, dernière édition avec comme arrivée le Lac Rose. En ces temps, c’était l’époque rose pour tous. «Si le chiffre d’affaires annuel de l’hôtel est de 100, les 50 tu les obtenais durant l’arrivée du rallye pour seulement 15 jours : une semaine avant et une semaine après l’arrivée», synthétise Bocoum Diouf, gérant de l’hôtel Chez Salim et président du syndicat d’initiatives du tourisme. «Aujourd’hui à la saison basse,  on se retrouve avec très peu de clients, 15 au maximum et il y a même des jours où il n’y a aucun client dans tout l’hôtel. C’est la saison touristique qui nous fait vivre  depuis la délocalisation du rallye», explique encore M. Diouf. 

Des chiffres, à l’en croire, bien loin de l’époque du Dakar.  «En ce temps, on faisait jusqu’à 200 clients par jour pendant la saison touristique. En basse saison, entre  30 et 70», égrène-t-il. Diouf dit toutefois ignorer l’effectif total qui fréquente le lac, autour duquel se trouvent plus d’une cinquantaine d’hôtels, de campements  et d’auberges. «C’est un site unique au monde qui pâtit malheureusement d’une mauvaise politique du tourisme et encore, la destination Sénégal est trop chère», fait remarquer Mapathé Wade, gérant de l’hôtel Soleil de l’espoir. Pour ce sexagénaire aux dreadlocks, le mal n’est pas simplement au Lac Rose. «C’est le tourisme sénégalais qui a un problème et il faudra donner le secteur à ceux qui le maîtrisent réellement, pour qu’il puisse avancer, parce que quand le tourisme marche, tout marche», théorise-t-il. 

Il souhaiterait voir «la promotion du tourisme local». Temps durs obligeant, Wade  révèle casser fortement les prix pour maintenir le cap. «26 000 francs  la journée pour une chambre climatisée avec repas.  Je la cède même pour 14 000  des fois », avoue-t-il, non sans colorer d’une dose d’humour son discours. «Koor Marie ak Koor Fatou bookoul», distille-t-il en guise de comparaison entre les visiteurs occidentaux et les locaux, qui «s’adonnent à un marchandage sur le prix». Chez Salim, les traces du fameux rallye Paris-Dakar sont encore visibles au restaurant de l’hôtel situé entre l’océan Atlantique et la rive nord du lac. Des autographes de divers participants au rallye parent en effet les murs ocrés de l’étage, donnant une vue large sur le lac.

Le lac

C’est un lac salé qui se caractérise par une singulière mue de couleurs de ses eaux, avec des pics de rose d’où le lac tire même son nom. «Un lac qui vire du gris au mauve et ensuite au rose dans ses différentes variantes !», s’exclame un Congolais trouvé en pleine séance de selfies avec sa femme et ses deux enfants. Fasciné par cette «merveille», le quadragénaire ne manque dans sa curiosité, de soutirer une pincée d’une des dunes de sel sur la rive pour la mettre à la bouche. C’est bien du sel avec des quantités extraordinaires éparpillées çà et là.   Le Lac Retba (rose en Pulaar), situé à environ 45 kilomètres de la capitale sénégalaise, s’étend sur «5 km² et la densité du sel y est de l’ordre de 380 grammes/litre d’eau», explique Maguette Ndiour, président du comité de gestion de l’exploitation du lac ; ce qui rend l’eau du lac 10 fois plus salée que celle de la mer. Ces précisions faites, l’homme évoque le triptyque «sel, soleil, vent» comme cause du phénomène. «C’est dû à des bactéries qui ont pour nom desulfo alubium ripense ; c’est le nom donné par l’Orstom de Marseille lors de ses recherches. Ces bactéries, quand le soleil chauffe, absorbent les rayons ultra-violets, tout en sécrétant un pigment rouge pour résister. Le soir elles se refroidissent et partent au fond. Retenez que la coloration rose est l’effet combiné de la forte teneur en sel, des micro-organismes et des rayons ultraviolets du soleil », fait savoir Mapathé Wade, un guide touristique gérant de l’hôtel Soleil de l’espoir, révélant que «les pics de rose interviennent en janvier février et pendant la saison des pluies quand il s’apprête à pleuvoir». 

Le presque sexagénaire, qui connaît le lac par cœur pour avoir grandi et être aussi né à Niague, mitoyen au lac, considère le site comme mal exploité du point de vue touristique. Il ne manque pas non plus de déplorer les problèmes d’insécurité que connaissent les lieux : «La nuit il n’y a pas d’éclairage et tu n’oses même pas sortir ;  il y a des serpents, des personnes malintentionnés, des voitures qui roulent à vive allure : c’est l’insécurité totale.» Témoin des évolutions dans le temps, Wade se remémore jusqu’à 1978 un lac ordinaire où lui et ses camarades de classe s’adonnaient à des sorties scolaires. «En ce temps-là, le lac était à moins de 10 mètres de ces deux baobabs (aujourd’hui à plus de 200 mètres du lac) et il y avait des poissons et d’autres espèces marines», raconte-t-il, précisant que «c’est en 1980 que le sel est apparu au lac, rendant impossible toute survie animale». Les causes de ce changement restent méconnues des populations qui l’assimilent simplement à «un miracle de Dieu».

Le sel

L’extraction du sel est la seule activité à ne point pâtir de la délocalisation du Dakar. Des montagnes de sel sont éparpillées le long de la rive sud, déserte en cette après-midi. La couleur grise de certaines d’entre elles renseigne d’une pêche récente de ce produit qui, après quelques jours, va prendre sa couleur blanche avant d’être prête à l’usage.   «Vous voyez toutes ces dunes de sel. Nous sommes en période de production, en attendant le repos biologique qui va intervenir au mois d’octobre. C’est un moyen pour avoir du sel en qualité et en quantité suffisante afin de travailler toute l’année», fait savoir Maguette Ndiour, président du comité de gestion de l’exploitation du lac. 

Trouvé au local de la structure sur cette partie sud où se fait l’activité autour du sel, le président invoque l’aspect touristique comme facteur perpétuant la méthode artisanale toujours en cours pour la pêche du sel. «Si on implante des sites industriels, ça va défigurait le paysage. C’est pourquoi l’Etat veut qu’on reste dans le caractère artisanal de l’extraction du sel parce que c’est ça qui attire les touristes», explique M. Ndiour. C’est ce qui fait que «chaque jour, il y a ceux qu’on appelle les extracteurs qui, avec leurs petites barques, vont dans le lac pour extraire le sel», note M. Ndiour, précisant que l’activité est «exclusivement réservée aux hommes». A l’en croire, l’extraction fait vivre beaucoup de personnes. «Il y a plusieurs nationalités parmi ces hommes qui s’enduisent de beurre de karité avant d’entrer dans le lac pour se prémunir des effets néfastes que peut causer la forte teneur en sel», note-il encore.  Ce sont les femmes qui s’occupent des autres travaux de la chaîne au retour des extracteurs.  Elles sont en effet dans le déchargement, l’ensachage ainsi que l’iodisation. «La forte teneur en sel peut créer des problèmes chez les femmes, c’est pourquoi elles ne descendent pas dans le lac», argumente le gestionnaire en chef. «La production tourne autour de 20 mille tonnes par an et le prix varie entre 15 000 et 35 000 francs la tonne. C’est en fonction de la demande. Si la demande est forte, les prix montent et si elle baisse, les prix suivent», fait savoir Maguette Ndiour.

Africa eco race 

Dans cet environnement économiquement dépréciée par l’arrêt du rallye Paris-Dakar, les hôteliers sont toutefois optimistes avec l’Africa eco race. «C’est un rallye qui a débuté en 2008 pour remplacer le Dakar. Il est encore timide, mais d’année en année, ça avance. D’autres  rallyes de moindre envergure, qui ont pour arrivée le Lac Rose, participent au développement économique du lac», note le président du syndicat d’initiatives du tourisme. Mapathé Wade n’en demande pas mieux. «Juste bien gérer ce rallye pour qu’il puisse relancer le lac qui a été rendu célèbre par le Dakar»,  a dit le guide aux dreadlocks, affirmant que le nombre de participants a atteint les «200 lors de la dernière édition». Du côté du marché artisanal situé sur la rive nord, le souhait reste le même pour que revive le lac menacé par des prédateurs de toutes sortes. «En fin de l’année 2015, des gens sont venus pour extraire d’importantes quantités de sable sur la plage. Il a fallu la mobilisation de tous pour que cesse cette activité. Il y a aussi la pression foncière tout autour du lac, qui défigure complètement le site touristique. C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités pour conserver ce patrimoine», note un des responsables du marché. Aussi il exhorte à l’accompagnement de l’Africa eco race pour faire revivre le site du Lac Rose, d’où les populations, hôteliers, vendeurs et autres acteurs gravitant autour du site tirent leur subsistance.



4 Commentaires

  1. Auteur

    Anonymlecteur

    En Septembre, 2016 (18:08 PM)
    c'est bien, c'est sérieux, c'est bien documenté mais c'est long. Je n'ai pas pu lire jusqu'au bout.
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  2. Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2016 (19:07 PM)
    En 2000,j' avait fait une visite de ce lac en compagnie d' un ami allemand Pr. Dr.en medecin.Il a fait un prelevement de l' eau. Au retour il a fait des analyses et il m' a suggere que l' eau du lac rose est bon pour les traitements de la peau.Il m' a demander de conseiller les personnes qui souffrent de la maladie de peau d' aller se laver au Lac Rose.
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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2016 (21:15 PM)
    Mal écrit...faute d'orthographe, de syntaxe, de grammaire....une.honte pour quelqu'un qui se dit journaliste "professionnel" !!!



    Rédaction d'un niveau scolaire de cm2 !



    Affligeant !
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    Auteur

    Anonyme

    En Septembre, 2016 (17:21 PM)
     :emoshoot:  :fbhang:  :taz-smile:  :thumbs_up:  :thumbsup:  :looney:  :jumpy2:  :frustre:  :bip-bip:  :brawoo:   <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/danse.gif" alt=":danse:">   :fblike:  :fblike:  :fblike: 
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