Le breuvage dont raffolent tant les Sénégalais provient pour l’essentiel, à savoir les graines de café, de la Côte d’Ivoire. Puis, pour lui donner ce goût inimitable, une dose de local y est ajoutée via le ‘’jar’’, une épice tirée du fruit séché du xylopia aethiopica qu’on trouve en Casamance (sud du Sénégal) et également en Guinée voisine.
Pour la fabrication, Idrissa Seck s’y connaît bien. C’est avec fierté qu’il montre sa machine à torréfier le café. Désignant l’engin noirci par un usage intensif, Seck explique : ‘’C’est fabriqué par des artisans sénégalais. C’est un torréfacteur ou un moulin à café, si vous voulez’’. Quoi qu’il en soit, les sachets qu’il en tire sont achetés 1.400 FCFA en temps normal et 1.600 francs CFA le kilogramme, en période de pénurie. Des sachets de 250 et 500 grammes sont cédés respectivement à 400 et à 800 FCFA. Une bonne dose de mystique est venue faire définitivement la publicité de la fameuse boisson, à travers le fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba ou Serigne Touba, une cité religieuse au centre du Sénégal située à 194 km de Dakar. A ce propos, Mor Daga Sylla, coordonnateur des ‘’dahira’’ (associations) mourides de Dakar, soutient que ‘’Serigne Touba prenait du café’’ relevé avec le ‘’jar’’ et qu’’il en servait à ses hôtes’’. Mieux, souligne-t-il, Serigne Touba louait même ''les bienfaits’’ du café et ‘’dans ses écrits, il a montré comment préparer le café et a salué ses vertus thérapeutiques et sa +baraka+ ou bénédiction’’.‘’Le Café Touba, nous le devons à Serigne Touba (NDLR : le fondateur de la confrérie mouride, qui vécut de 1855 à 1927). A Touba, les gens servaient ce café à leurs hôtes. Maintenant, il est préparé même pour le petit-déjeuner. Le dosage, c’est 80% de café et 20% de +djar+’’, explique, pour sa part, Issa Seck, qui a capitalisé 10 années d’expérience dans ce business. La consommation et le commerce de Café Touba ont, depuis quelques années, connu un boom ‘’lié à l’image de Serigne Touba (NDLR : Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, de son vrai nom), qui a été le premier à en préparer’’, explique Seck. Vite, il relativise : ‘’Moi, je vois que ça fait boom parce que c’est un bon produit. Autrement dit, c’est économique. Quand vous avez 100 francs CFA pour payer seulement du Café Touba, c’est toute la maison, toute la famille, qui est servie. Ce n’est pas le cas avec le café industriel. Les temps sont durs et les gens doivent faire des économies.’’Au plan sanitaire, la nutritionniste, Aïssatou Dioum du bureau de l’UNICEF à Dakar, souligne que le ‘café Touba’’ se présente comme n’importe quel autre produit du même genre et, partant de là, elle n’y voit aucun inconvénient pour ses nombreux amateurs, si on le prépare avec hygiène.A l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), un service du ministère de l’Economie et des Finances, on signale que le Sénégal a importé de la Côte d’Ivoire 4.805 kilogrammes de café en 2008. L’agence qui n’a pas encore publié ses chiffres de 2010 fait état d’un circuit informel d’importation du produit dont on ne connaît pas la quantité.
Auteur: ApaNews
Publié le: Dimanche 09 Octobre 2011
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