En effet, hormis le ministre des forces armées Bécaye Diop qui était attendu au port de Ziguinchor pour participer à la cérémonie prévue dans le cadre de la célébration, pratiquement aucune autre autorité de la République du Sénégal ne s’est déplacée pour marquer la solidarité de l’Etat aux familles des victimes du Joola. C’est le cas notamment aux cimetières de Mbao dans la lointaine banlieue dakaroise. Des cimetières qui n’ont vu que la présence de quelques membres des familles des victimes du Joola. Des parents de victimes qui n’ont d’ailleurs pu s’empêcher de crier leur colère face à l’état dans lequel sont laissées les tombes.
Il faut dire que l’Etat a consenti des efforts pour dédommager les familles des victimes. 14 milliards de francs ont en effet été débloqués par l’Agence Judiciaire de l’Etat, à raison de 10 millions par famille. Ces efforts financiers de l’Etat du Sénégal ont contribué à faire baisser la tension sociale. En effet, les contestations et autres dénonciations par voie de presse sont devenues monnaie...rare après la remise des chèques aux familles des victimes.
Après les indemnisations, l’Etat du Sénégal n’a presque plus rien fait pour gérer l’après-Joola. La journée n’a pas été déclarée fériée comme le voulaient certains et les promesses d’introspection nationale n’ont pas été tenues. Bien au contraire, les révélations de scandales ont connu une courbe ascendante bien après le naufrage du Joola alors que cette affaire ne semble pas avoir laissé une marque indélébile dans la conscience du sénégalais lambda.
En fait, il semble que tout est fait pour effacer le Joola de la mémoire collective. Contrairement aux grandes nations du monde comme les Etats-Unis qui, chaque année, organisent des manifestations nationales (et même à l’étranger) pour conjurer l’oubli, le Sénégal ne semble trop s’émouvoir de ses morts. Les cérémonies marquant le cinquième anniversaire des attentats du World trade center prouvent que les américains ne veulent pas oublier la date phare du 11 septembre 2001. Peut-on dire la même chose du citoyen sénégalais et des autorités par rapport au 26 septembre 2002 ? La frénésie constatée durant les deux premières années n’est en cas plus de mise. Il suffit de comparer les pages nécrologies des journaux, de la première année de la date anniversaire du Joola et les pages nécrologies de cette année pour constater que le temps travaille un peu trop rapidement les mémoires.
Et n’eut été l’action judiciaire engagée par les avocats des victimes françaises du naufrage du bateau le Joola, cette comémoration du cinquième anniversaire du Joola serait presque passé inaperçue. Un de ses avocats, Me Pape Khali Niang annonce d’ailleurs qu’un mandat d’arrêt sera bientôt lancé contre les responsables présumés du naufrage du Joola. Peut-être qu’avec cette saisine du tribunal d’Evry, le naufrage du Joola ne sera pas aussi facilement effacé de la mémoire collective des Sénégalais, comme semblent le vouloir les autorités.
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