En élargissant leurs consultations aux partis politiques, aux organisations de la société civile et aux citoyens, Amadou Makhtar Mbow et son équipe retournent aux Assises nationales pour réformer les institutions.
Amadou Makhtar Mbow et son équipe se sont finalement ouverts à la presse hier, et feront face, samedi, aux partis politiques et aux organisations de la société civile. Il faut se rendre compte que la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) n’en propose pas moins un format digne des Assises nationales tant louées par l’opposition d’hier, tant décriées par le pouvoir d’alors dans l’opposition aujourd’hui. Tout indique que l’on va vers un autre «peuple des Assises» et le refus du Pds de prendre part à la rencontre de Mbow et Cie n’est que la suite logique d’une position sans ambigüité. L’on a entendu le président de la Cnri rassurer que la commission ne fait «aucune différence entre les partis politiques». Si tant est, comme il souligne, qu’il s’agit d’«une large concertation citoyenne (...) en vue de recueillir les avis et suggestions sur les changements à apporter à la Constitution», l’on est plus proche, dès lors, d’Assises nationales bis. En plus, nombre de personnalités qui se retrouvent dans la Cnri comme Amadou Makhtar Mbow, Cheikh Hamidou Kane et Mamadou Lamine Loum étaient les figures de proue de ces mêmes Assises. C’est pourquoi les interrogations ne manquent pas sur la pertinence d’un éventail aussi élargi pour proposer les réformes tant attendues.
Dans la documentation distribuée à la presse, le président de la Cnri écrit que le président de la République avait indiqué dans sa lettre qu’«en se fondant sur l’expérience des Assises nationales, il fallait veiller à ce que ‘’la concertation soit large, participative, inclusive, démocratique et ouverte à tous les segments de notre société : acteurs politiques de la majorité comme de l’opposition, société civile, secteur privé, Etat, collectivités locales, ordres religieux, etc. ‘’». Si les Assises ont été qualifiées d’«inclusives», c’est justement pour avoir été ouvertes à toutes les composantes de la Nation. Soulignant que la Cnri devra «s’appuyer» sur le programme Yoonu yokkuté et «s’inspirer fortement des conclusions des Assises nationales et, en particulier, de la Charte de gouvernance démocratique qu’il avait signée et qu’il s’était engagé à mettre en œuvre, s’il était élu».
Clin d’œil à la commission Jospin
Cette large fenêtre- par ses «consultations citoyennes, qui auront lieu dans chaque département et permettront de constituer des panels de citoyens» et ses «séminaires thématiques et comités ad hoc»- aidera-t-elle au respect des délais impartis ? Sous les tropiques français, la Commission de rénovation et de déontologie de la vie publique pilotée par l’ancien Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, a déposé son rapport intitulé Pour un renouveau démocratique en l’espace de cinq mois. Jospin a pris ses responsabilités en se limitant aux seules propositions de son équipe. «La commission ne comprend pas de représentants des partis politiques, ce qui a pu surprendre. Mais ce choix est en pleine cohérence avec notre mission. Nous n’avons pas vocation à nous substituer aux représentants du Peuple, qui seront les seuls à décider, en définitive, des réformes à adopter. Après la remise de notre rapport, c’est au président de la République et au gouvernement qu’il appartiendra de mener les consultations politiques et institutionnelles nécessaires», dit-il. Macky Sall aurait pu se contenter de la jonction des conclusions des Assises et de Yoonu yokkuté et soumettre à l’adoption le projet par voie parlementaire ou référendaire. Parce qu’en tout état de cause, le Pds et d’autres ne manqueraient pas de mettre leur véto à son projet, quelle que soit la formule.
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3 Commentaires
Abou
En Juin, 2013 (15:25 PM)Xeme
En Juin, 2013 (18:32 PM)Allo Stop
En Juin, 2013 (02:47 AM)Participer à la Discussion