Dépositaires de l’indiscipline dans le secteur des transports en commun,
«les Cars rapides» constituent un danger pour les nombreux Sénégalais
qui s’y engouffrent au quotidien. En effet, les exploitants de ces
voitures ne se contentent pas des gains qu’ils tirent des 23 places
assises de leurs vieilles voitures. En plus de la vétusté de leurs
véhicules, généralement âgés de plusieurs dizaines d’années, ils
n’hésitent pas à les surcharger, faisant fi de toutes les normes
sécuritaires, afin de gonfler excessivement leurs revenus.
«Je suis apprenti et c’est clair que parfois j’embarque dans mon
car un nombre de clients supérieur à celui requis.
Mais comment faire ?
Si les autorités nous demandent de ne plus le faire et mettent en place
des textes clairs, nous arrêterons», lance, souriant, Alioune Sène
accroché à la portière de son «Car rapide». Au camp Lat Dior où il
s’impatientait de voir son Car se lancer à travers les ruelles de Dakar,
il nous confie avant de taper sur la vitre arrière de sa voiture pour
signifier à son chauffeur de démarrer: «Le surnombre dont vous parlez,
il est toléré chez les minibus de marque Tata et les bus de Dakar Dem
Dikk. Et pourquoi voulez-vous que nous nous en privions ?», lâche-t-il.
Son collègue Aziz Diouf qui se veut plus téméraire de lui venir en
appoint. Ce jeune apprenti au teint noirâtre, qui sirotait
tranquillement son café Touba à bord de sa voiture, estime que «si l’on
doit interdire la surcharge de passagers aux Cars rapides, il va falloir
qu’on l’interdise aussi aux autres». Et de poursuivre sur le même un
ton qui renseigne nettement sur son dépit : «ce n’est même pas normal
que les forces de l’ordre nous interpellent sous prétexte que nous avons
dépassé le nombre autorisé de passagers alors qu’ils voient sous leurs
yeux les minibus Tata et les Dem Dikk faire pire que nous».
Pour Abdoulaye Ndour, chauffeur de «Ndiaga Ndiaye», la surcharge
dans le transport en commun a de beaux jours devant lui. Tout simplement
parce que l’essence se fait de plus en plus cher et qu’il leur faut
rentabiliser leurs véhicules et le carburant qu’ils achètent chaque
jour. «L’essence ne cesse de monter, et nos voitures tombent tout le
temps en panne. Parfois, toutes nos recettes passent soit dans la
réparation soit dans le carburant. C’est pourquoi nous nous voyons
contraints de braver les interdits pour surcharger un peu. Il faut dire
que les policiers ne sont pas très regardants là-dessus et en plus, nous
savons bien déjouer leur vigilance», confesse-t-il. Pour la sécurité
des clients, il s’en remet à Dieu : « Dieu est Grand, nos voitures sont
solides et si le chauffeur est discipliné et ne roule pas à vive allure,
je crois qu’il ne risque pas de se produire un accident».
Le train bleu n’échappe pas non plus à ces surcharges de
passagers. En effet, si le surplus de clients assis était plus notoire
de par le passé, il demeure toujours que plusieurs passagers restent
debout au milieu du train durant tout le trajet, par faute de places
assises.
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