La Communauté catholique du Sénégal n’entend plus se laisser faire dans la «distribution sectaire» des terres. Interpellé sur la question, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Bécaye Diop, a insisté, pour le déplorer, que ces pratiques relèvent de «l’irresponsabilité des élus locaux». Ainsi invite-t-il les jeunes à mettre un terme à cette discrimination.
Au cours d’une conférence de presse organisée hier, en marge de la messe solennelle de la 122e édition du Pèlerinage marial de Popenguine, la Communauté catholique a dit son indignation face à la distribution discriminatoire des terres. Les fidèles catholiques estiment que, même si, dans le lotissement des terres, on prévoit des lieux de culte, au final, les Chrétiens sont toujours ou alors souvent laissés en rade. En réponse à cette complainte, le ministre de l’Intérieur n’a pas fait dans la dentelle. Bécaye Diop met sur le banc des accusés «les élus locaux véreux et irresponsables qui ne respectent aucune norme». Sur cette question, regrette-t-il, on accuse souvent le gouvernement, alors qu’il n’en est rien. «Il y va de la responsabilité des élus locaux. Si je prends l’exemple de Kolda, cela ne se fait pas chez nous, où il n’y a aucune distinction entre les communautés religieuses. C’est un travail qui relève de la compétence des élus locaux, le gouvernement ne faisant qu’entériner et les accompagner», tranche le ministre d’Etat.
Poursuivant, le ministre de l’Intérieur précise : «Moi, j’écoute aussi bien les Chrétiens que les musulmans et les jeunes. Même si je ne vais pas m’aventurer à prendre à témoin ou à citer en exemple l’Evêque de Kolda, je répète que cela ne se passe pas chez nous. Encore une fois, j’insiste que les élus locaux sont responsables de ces pratiques indignes. Ils doivent penser à tout le monde», conseille l’édile de Kolda. «Si l’Eglise n’est pas prise en compte dans ces lotissements, c’est la responsabilité des maires qui doivent éviter le déséquilibre en pensant à ceux de la gauche, de la droite ou du centre», persiste M. Diop.
Les jeunes, derniers recours du ministre d’Etat
Le ministre d’Etat est convaincu que les jeunes sont à même de mettre un terme à ces pratiques. Dans la foulée, Bécaye Diop appelle les jeunes à se dresser contre «ces pratiques indignes des élus locaux». Quand on a un Droit, on ne le demande à personne, mais on le prend, a souligné le ministre d’Etat. «Je pense que les jeunes, habitants d’un lieu déterminé et qui élisent leur maire, n’ont pas à attendre un lotissement. Il leur suffit d’une demande écrite au maire pour prendre ce droit», note M. Diop. Ces maires, répète-t-il, sont élus par les populations. Soit ils répondent aux attentes des populations, soit alors ils s’en vont. Dans tous les cas, il faut que ces pratiques cessent et il appartient aux jeunes de les (les maires) ramener à l’ordre. Tout doit se faire dans les règles en tenant compte des Musulmans, des Chrétiens ou encore des Bouddhistes», assène M. Diop.
Le Cardinal interpelle ses coreligionnaires
Même s’il a déploré et condamné avec la dernière énergie ces pratiques discriminatoires, Mgr Théodore Cardinal Sarr a préféré mettre ses coreligionnaires devant leurs responsabilités. «Il est vrai que lorsqu’on fait un lotissement, on prévoit des lieux de culte. Mais dans la pratique, on oublie souvent les Chrétiens», concède le chef de l’Eglise catholique du Sénégal. Pour pallier cela, préconise l’homme de Dieu, «je me tourne vers mes coreligionnaires qui doivent rappeler aux promoteurs que les Chrétiens prétendent aussi à des lieux de culte». «De mon bureau, je ne peux pas tout savoir, il faut que chacun de nous joue sa partition en rappelant à qui de droit ses devoirs et obligations», recommande Monseigneur Théodore Adrien Sarr.
Sur la pertinence du thème de la 122e édition du Pèlerinage de Popenguine, «Jésus-Christ a fait de nous un royaume de prêtres», le Cardinal Théodore Adrien Sarr a expliqué que ce thème arrive à son heure en cette année sacerdotale. «Le sacerdoce est plus que jamais d’actualité, une référence au service du Sénégal et du monde entier.» Sur son implication dans la recherche de la paix en Casamance, Mgr Sarr a indiqué que toute l’église œuvre au quotidien au retour de la paix dans la région méridionale du pays. «Je ne suis pas seul dans ce combat. Il existe même un comité clérical. J’ai des contacts, mais il faut un peu de discrétion. Je ne vais pas m’épancher en public sur ce que je fais à ce niveau», a laissé entendre le serviteur de Dieu, ajoutant : «Je sais que les Casamançais souhaitent avec ardeur le retour de la paix dans cette partie du pays. J’avance discrètement dans ce sens. Dieu, j’en suis convaincu, peut nous aider à y parvenir», espère-t-il
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