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Les différences de comportements sexuels entre l'homme et la femme sont-elles innées ou acquises?

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Les différences de comportements sexuels entre l'homme et la femme sont-elles innées ou acquises?

La sexualité commence avec une évidence apparente: comme beaucoup d'êtres vivants, les êtres humains sont sexués. Il y a les hommes et les femmes. Il en découle une importante question: nos comportements sont-ils déterminés par notre sexe? Et plus précisément: nos pratiques sexuelles dépendent-elles de notre genre? Par exemple, testons un cliché: l'homme est-il actif et la femme passive?

 

Deux grandes familles de théories s'opposent à ce sujet, "l'essentialisme" et le "constructionnisme":

 

D'un côté, les essentialistes pensent que notre comportement, sexuel notamment, dépend de notre nature, de notre "essence". Il est déterminé biologiquement, autrement dit il est inné, programmé dans nos gènes. Par exemple, l'homme présenterait un taux de testostérone dix à vingt fois supérieur, objectivement mesurable, qui expliquerait une bonne fois pour toutes l'obsession masculine pour le sexe.

D'un autre côté, les constructionnistes défendent l'idée que nos comportements résultent d'habitudes sociales, acquises, "construites" et que nous demeurons libres en dernier ressort d'agir autrement, notamment au lit. Les femmes ne seraient pas programmées pour faire la vaisselle ou recevoir passivement la semence de leur mari. Examinons les arguments des deux camps.

 

Les essentialistes sont souvent représentés par des auteurs à succès, qui s'inspirent de la psychologie évolutionniste, comme Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus ou Pourquoi les hommes veulent du sexe et les femmes de l'amour. Ils pensent implicitement que le sexe (mâle ou femelle) et le genre (homme ou femme) sont équivalents: votre sexe détermine votre comportement de genre. La sélection naturelle aurait déterminé chaque sexe à adopter une stratégie différente, la plus efficace pour transmettre le plus grand nombre de gènes à travers sa descendance. Dans la mesure où un homme peut féconder un grand nombre de femmes, il a intérêt à copuler avec de multiples partenaires pour maximiser ses chances d'assurer sa descendance. Au contraire, une femme peut avoir un nombre limité d'enfants. Elle porte "donc" ses efforts sur le soin apporté à sa progéniture et le choix d'un partenaire protecteur, qui saura partager ses ressources.

 

Ce canevas initial permettrait d'expliquer de nombreux comportements différenciés selon le sexe: les hommes seraient des coureurs de jupons, chercheraient des femmes jeunes (et fertiles), jugeraient sur le critère de la vue (car les signes de fertilité seraient visibles), etc. Les femmes chercheraient des hommes fidèles, jugeraient sur le critère de la mémoire (pour estimer l'honnêteté et la générosité d'un homme), seraient plus psychologues pour déceler les menteurs, privilégieraient les sentiments (leur taux d'ocytocine, hormone de l'attachement affectif, est plus élevé que chez les hommes), etc.

 

Dans un premier temps, ces ouvrages impressionnent avec leurs recensions de différences comportementales, que notre expérience quotidienne semble confirmer. Mais certains faits, certes minoritaires, s'entêtent à contredire ces généralités apparemment objectives. Comment expliquer que certaines femmes soient nymphomanes ? Comment rendre compte de ces nombreux hommes au comportement efféminé, ou des homosexuels voire des transsexuels ? Que faire des variations culturelles, avec notamment des sociétés matriarcales et patriarcales ? Sur le plan philosophique, on peut encore poser la question abyssale du libre arbitre: l'homme ne peut-il pas dépasser ses tendances naturelles ?

 

Les adversaires de l'innéisme sexué, ou "constructionnistes", s'illustrent souvent dans les "études de genres", issues des femmes philosophes Simone de Beauvoir et son héritière Judith Butler. Leur premier argument consiste à "déconstruire la construction" sociale qui a mené à telle pratique. Par exemple, il est facile de dénicher dans l'éducation des comportements parentaux très différenciés selon qu'on s'adresse à la petite fille ou au petit garçon. À la première on dit plus volontiers qu'elle est jolie et au second qu'il est fort. Les variations entre les différentes civilisations représentent un autre cas d'école. Que les femmes fassent le service militaire en Israël ou qu'elles ne soient pas autorisées à conduire des voitures dans certains pays arabes indique l'éventail des constructions sociales possibles du genre féminin. Simone de Beauvoir montre à quel point nous intériorisons des clichés sociaux jusque dans l'intimité de la sexualité. Ainsi, les homosexuelles peuvent se montrer "masculines" par conformation au mythe social de l'homme viril, ou "féminines" par peur de ce même modèle. Ces comportements constituent à ses yeux des "comédies sociales", où l'on joue des rôles, sans authenticité.

 

Leur deuxième argument massif consiste à mettre en avant la liberté humaine, capable de transcender les déterminations biologiques. Ainsi un homme peut même choisir d'être une femme, et l'arsenal médical l'y aidera considérablement, des pilules hormonales aux opérations chirurgicales les plus performantes.

 

Dans un premier temps, cet argumentaire impressionne également, tant les exemples d'exceptions aux supposés déterminismes biologiques sont légion. Mais Simone de Beauvoir absolutise la liberté humaine en l'imaginant complètement indépendante du corps. Sans vouloir trancher les débats multimillénaires extrêmement délicats sur le libre arbitre ou sur le rapport entre corps et pensée, disons au moins que la relation entre nos choix et notre héritage biologique est trop complexe pour autoriser une réponse binaire. Ensuite, il nous paraît impossible de développer socialement le moindre comportement (sexuel) sans un support biologique. Si quelques femmes peuvent être nymphomanes ou quelques hommes sentimentaux, c'est à condition de sécréter respectivement testostérone et ocytocine.

 

Pour se sortir de ce beau cul-de-sac, Jung nous vient en aide avec sa théorie des "archétypes". Ceux-ci seraient des représentations universelles que nous portons tous dans notre inconscient collectif. En particulier, il émet l'hypothèse d'une "anima", pôle féminin en l'homme, et d'un "animus", pôle masculin dans la femme.

 

Supposons que ces deux archétypes coexistent chez tout être humain, quel que soit son sexe. Ils représenteraient des images du genre construites sur une base biologique. L'anima désignerait une représentation de la femme, avec sa tendresse affective et son attachement maternel, qui se développerait socialement sur une base d'ocytocine, que tout humain porte en lui. Symétriquement, l'animus renverrait à une image masculine, avec son agressivité et sa libido proéminente, qui se déploierait socialement sur une base de testostérone, que chacun sécrète.

 

La majorité de la population exprime le potentiel archétypal qui correspond à son propre sexe, sur la base réelle d'une différence statistique de production hormonale: les femmes développent le plus souvent leur féminité, ou anima, et les hommes leur masculinité, ou animus. La société institutionnalise, sacralise, normalise le potentiel féminin chez la femme et le potentiel masculin chez l'homme, surtout en périodes d'après-guerre, comme pour repeupler le pays.

 

Inversement, l'archétype du sexe opposé en nous serait plus ou moins refoulé. Par exemple, sur le plan statistique, les hommes ne développent guère leur potentiel sentimental. Les gens se moquent généralement d'un homme efféminé ou homosexuel. Réciproquement pour les femmes, le mot "salope" constitue une insulte parce qu'il s'agit du potentiel refoulé, mais bien réel, de l'animus dans la femme.

 

Le genre relèverait ainsi d'une construction sociale bâtie sur un fait biologique, ou plutôt une interaction permanente entre les deux. La contrainte biologique est à la fois réelle, irréductible, mais à la fois plastique et support d'un très grand nombre de possibilités, que les variations culturelles d'activités (sexuelles) attestent. Chaque individu construit à chaque instant ses idées, ses comportements, ses choix sexuels à partir d'une structure réelle et d'un modèle social. De nos jours en Europe, une femme peut bien favoriser son animus, et arborer un gode-ceinture pour sodomiser un homme qui aurait choisi de ne pas développer sa propre agressivité masculine.

 

Ce vaste potentiel biologique qui autorise une grande variété de constructions sociales nous permet de supposer que le genre sexuel n'est ni une contrainte définitive ni une pure illusion. Nous renvoyons dos à dos essentialistes et constructionnistes: développer la moindre caractéristique "innée" s'avère impossible sans une interaction avec l'expérience. Acquérir quoi que ce soit demeure impossible sans un support matériel biologique déjà présent. Nous rejetons aussi bien la rigidité déterministe présupposée par les essentialistes que l'absolue liberté défendue par les constructionnistes.

 

Nous voici donc face à un champ immense, mais limité, de possibilités réelles, qui nous laisse plus que jamais avec notre question lancinante: quelles pratiques sexuelles devrions-nous développer?

 



4 Commentaires

  1. Auteur

    Mariam

    En Juillet, 2014 (17:53 PM)
    C'est du a la physionomie y s'ajoute le processus de socialisation qui definit les conduites a tenir
  2. Auteur

    Fd11

    En Juillet, 2014 (19:19 PM)
    wax leen lu nou xam.....

    arretez la diversion...

    comportement islamique la nou wax..... l'abstinence jusqu'au mariage pour Hommes et Femmes
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    Auteur

    @fd11

    En Juillet, 2014 (20:07 PM)
    Yaw démal sawi té teuddi c'est mieux pour toi. Espèce de plouc

    .
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    Auteur

    Joke Mark

    En Juillet, 2014 (01:18 AM)
    @ thiou

    Dada touti? Wala

    You're goudi , youte beuthieuk  <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">  
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