Après le statu quo, noté dans les négociations avec l’Etat et le liquidateur, les ex-travailleurs d’Ama Sénégal, en grève de la faim depuis plus de quinze jours, refusent d’arrêter leur diète et durcissent le ton. Face à la presse hier à la cathédrale de Dakar, où ils observent leur mouvement, ces travailleurs se disent prêts à mourir s’il le faut plutôt que de mettre fin au mouvement. Porte-parole du collectif de ces 327 ex-travailleurs de la société de nettoiement, Cheikh Ahmed Tidiane Diagne informe qu’après avoir épuisé toutes les voies pour solutionner leur problème à l’amiable, ses camarades comptent pousser leur dernier soupir à la cathédrale si cela est nécessaire à moins qu’ils ne soient rétablis dans leurs droits. ‘Il n’y aura pas d’autre étape dans notre plan d’action. Le seul mot d’ordre maintenant est la cathédrale, l’hôpital ou le cimetière. Nous ne sommes pas des maîtres chanteurs. Nous avons épuisé toutes les voies de recours en trois ans pour essayer de trouver une issue heureuse à ce problème’, soutient-il.
Ces travailleurs, qui courent derrière six mois d’arriérés de salaire et une indemnité compensatoire de 70 mois pour le préjudice moral et financier subi, estiment que c’est l’Etat qui leur doit bel et bien ces arriérés de salaire après sa rupture à l’amiable d’avec Ama-Sénégal. ‘Suite à la rupture du contrat le liant à Ama International, un protocole d'accord a été signé en janvier 2007, dans lequel l'Etat du Sénégal s’engage à éponger le passif d’Ama, notamment sa dette sociale et les arriérés de salaire dus aux 327 employés parmi les 1 854 agents qui ont été licenciés sans plan social’, explique le porte-parole des grévistes de la faim.
Refusant jusqu’ici de discuter d’une quelconque indemnisation en faveur de ces derniers, l’Etat avait proposé à ces travailleurs licenciés de leur octroyer le matériel laissé par les Italiens afin de les aider à se réinsérer. Chose que les camarades de Cheikh Tidiane Diagne ne veulent pas entendre parler. ‘Le matériel a disparu. Il n’y a plus rien. Il n’y reste que de la ferraille.
C’est pourquoi, nous demandons une indemnité de 70 mois qui peut être négociée’, précise le porte-parole des grévistes. Cheikh Ahmed Tidiane Diagne prévient : ’Nous n’avons pas le temps de faire des va-et-vient dans des commissions qui n’ont pas le pouvoir de prendre des décisions. Car, l’Etat suspend même sa décision de nous payer trois mois d’arriérés de salaire à la décision du médiateur de la République qui devra aussi donner un avis sur les 70 mois d’indemnités’.
Chef de l’ancien service de santé d’Ama-Sénégal, Djibril Sarr, qui s’occupe de la vingtaine de grévistes, dresse un bilan fort inquiétant de l’état de santé de ces derniers. ‘Je viens de faire évacuer une dix-neuvième personne à l’hôpital hier. Le cas des grévistes est alarmant. Il peut y avoir mort d’homme à tout moment. La structure sanitaire, qui a accueilli le dernier évacué, m’a informé qu’il était presque dans le coma à son arrivée. Donc, il faut faire quelque chose avant qu’il ne soit trop tard. Car, plus les jours vont passer, plus les risques seront graves’, expose-t-il. Prenant la balle au rebond, le porte-parole du collectif invite le chef de l’Etat à régler ce problème. ‘Nous appelons le président de la République à faire quelque chose avant que la mort d’un gréviste de la faim des travailleurs d’Ama-Sénégal ne vienne entacher son bilan’, lance-t-il.
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