Les immigrés, une manne financière pour l’Afrique

Depuis quelque temps, les experts financiers commencent à s’intéresser aux transferts de fonds que les immigrés effectuent vers leur pays d’origine. Selon le Fonds monétaire international, les migrants sont la première source de financement extérieur des pays en développement.

En 2005, les migrants ont envoyé plus de 160 milliards de dollars vers leur pays d’origine. Sans compter les transferts informels qui consistent, entre autres, à verser une somme chez un commerçant qui dispose d’un correspondant dans le pays d’origine du migrant, ce correspondant à son tour remettra l’argent à une personne prévenue par téléphone.

Mais le gros de ces transferts d’argent s’effectue désormais par le biais de Western Union qui reste le leader mondial.
Western Union, qui est souvent lié par des accords aux réseaux postaux et ferroviaires nationaux, a des tentacules dans 195 pays représentant une maillage de 225 mille agences dont mille au Nigeria, pays le plus peuplé du continent africain.

Rachetée en 1994 par le groupe américain des services financiers First Data, cette entreprise avait engrangé en 2005 plus de 3 milliards de dollars de bénéfices. Par ailleurs, à titre de comparaison, en 2004, l’aide publique internationale au développement ne s’est élevée qu’à 79 milliards de dollars.

10% de croissance par an

Alors que durant la même année, dans les pays sous-développés, pour un dollar versé par l’aide internationale, six étaient versés par les immigrés. Le Mexique, les Philippines et l’Inde étaient en 2003 les premiers bénéficiaires de cette manne. Au Sénégal, 50% des budgets des ménages émanent des versements de l’étranger. Naturellement, ces transferts sont une manne pour la société W.U qui affiche une augmentation constante de ses flux avec près de 10% de croissance par an.

La plupart de ces fonds sont généralement destinés à la santé, la nourriture ou les besoins urgents. Cependant W.U a bâti un véritable empire à travers la commission élevée (un transfert de 250 euros pour 24 euros de commission) qu’elle perçoit.
Mais aux USA où la concurrence et les pressions des organisations latino-américaines ont pesé, les commissions ont pu être réduites de 20 à 5% des fonds en quinze ans.

Mais ce sont surtout les transferts vers l’Afrique qui restent très élevés et excessivement rentables grâce aux commissions.
Pour rehausser son image et se défaire d’une certaine étiquette (taxé souvent d’arnaque), W.U s’est investi désormais dans l’humanitaire, et le conglomérat a largement célébré, en 2005, ses dix ans de présence en Afrique, distribuant à l’occasion des bourses universitaires et du matériel.

En France, 600 associations issues de l’immigration d’Afrique, d’Asie et des Caraïbes louent les services de cette société pour les transferts de fonds. Autant dire que Western Union étend son hégémonie et a encore de beaux jours devant elle, tant que les immigrés existeront.