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LES LETTRES DE KEBA DIOP: « vous m’avez sans cesse poussé au suicide»

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LES LETTRES DE KEBA DIOP: « vous m’avez sans cesse poussé au suicide»

« Les dizaines de correspondances dont 3 DHL, et plus de 20 lettres »

« Je ferai comme la dame qui s’est immolée en Italie »

« Je ne suis pas un homme à acheter, j’ai mon honneur, ma dignité… »

« Moi, Kéba Diop, je suis Musulman et sain d’esprit, je dis mes dernières volontés »


Avant de mettre à exécution sa menace de « s’immoler par le feu comme l’avait fait Penda Kébé », Kéba Diop avait rédigé une sorte de lettre d’outre-tombe, avec des dates, des noms de certaines autorités, ainsi que les péripéties de ses 9 mois de souffrances et de misère qui l’ont conduit à son douloureux choix. Mais il avait aussi pris la précaution de marteler qu’il est un musulman, sain d’esprit, qui n’avait comme recours que le suicide, pour laver l’affront que les libéraux lui ont fait subir durant son existence. Aussi, dans la lettre, il dit avoir laissé à sa famille une cassette vidéo qui permettra aux siens de connaître toutes les raisons pour lesquelles il a fini par recourir à cet acte. Retour sur des correspondances qui laisseront des marques indélébiles contre l’oubli.

Babacar Gaye, le directeur de la Sécurité nationale, le conseiller de Wade, Ousseynou Guèye et le commissaire du Plateau

Le député Aliou Dia avait bel et bien raison, quand, vendredi dernier, sur les ondes de la Rfm, il disait que Kéba Diop l’avait déjà saisi à travers une correspondance. En effet, avant de passer à l’acte, le défunt avait rédigé une lettre d’outre-tombe, dont nous avons obtenu copie et dans laquelle il confond plusieurs autorités impliquées dans l’affaire dite de sa maison de Bignona, source de tous ses malheurs. Dans la missive, Kéba Diop raconte : « le directeur de cabinet du président de la République, Babacar Gaye, et le conseiller technique du chef de l’Etat, Ousseynou Bèye, sont venus me voir à l’hôpital Principal à la réanimation en présence du docteur Niang. Ils m’avaient dit que le président de la République m’a donné de l’argent pour payer le reste de ma maison à la banque, de quoi payer mes dettes, de quoi récupérer mes magasins de commerce et de quoi recommencer mon commerce, ainsi que la prise en charge des frais d’hospitalisation ». Et d’ajouter : « ce jour-là, ils m’ont dit que tout l’argent se trouve actuellement dans un bureau. Le lendemain, c’est le conseiller Bèye qui est revenu sur les lieux pour me dire que tous les dossiers sont prêts avec la banque et que lundi 8, ils allaient me remettre les papiers, mais rien de tout cela n’a été fait ». Poursuivant, il déclare : « le président de la République a envoyé le directeur de la Sécurité nationale et le commissaire du Plateau, des hommes d’honneur, francs et véridiques qui ont été très clairs avec moi ».

« Les dizaines de correspondances dont 3 DHL, et plus de 20 lettres »

Kéba Diop de poursuivre : « Quelques jours plus tard, Babacar Gaye et Ousseynou Bèye sont repassés me demander avec qui j’ai traité après leur premier passage. J’ai répondu que je n’ai traité avec personne, que cela ne les concernait pas et qu’ils n’avaient qu’à respecter leur engagement. Ils m’ont également demandé si j’ai reçu de l’argent des mains d’autres personnes ». Aussi, dit-il, « le 4 novembre 2007, j’avais quitté Ziguinchor pour venir rencontrer le chef de l’Etat, mais le ministre de la Jeunesse, Mamadou Lamine Keita, le sénateur Souleymane Diédhiou, Babacar Gaye, ainsi que le préfet de Rufisque m’avaient barré la route pour me donner de l’argent et me demander de retourner chez moi. J’avais refusé, car depuis Octobre 2005, les courriers que j’avais adressés au président de la République, dont 3 DHL, plus de 20 lettres, des recommandations Fax, étaient toujours bloqués et restés sans suite ».

« vous m’avez sans cesse poussé au suicide… »

« Vous m’avez sans cesse conduit au suicide. Donnez-moi les papiers de ma maison ou le dossier attestant que vous avez payé le Crédit mutuel, ainsi que tout ce que le président de la République m’a remis ». Tel est le cri de détresse lancé à ses interlocuteurs par le défunt Kéba Diop dans un de ses lettres. Qui ajoute : « en 2008, le jour du Magal de Touba, le conseiller technique du président m’a convoqué, dit-il, sur ordre du chef de l’Etat, afin que je lui raconte mon histoire d’avant 2000. Je lui ai expliqué que mon défunt père Mor Niass, bijoutier à Bignona, était l’un des premiers membres du Pds et qu’il prêtait notre maison au Parti pour y tenir des réunions et autres rencontres, jusqu’au jour où on a commencé à lui verser la somme de 4000 F Cfa, pour la participation en électricité ». Mais, dit-il, « après le décès de mon père, le 14 juillet 2000, le contrat de location pour les élections de 2007 que j’ai signé avec feu Oumar Lamine Badji, paix à son âme, un contrat a été déposé à la banque instituant qu’à la fin de chaque mois, l’argent devait être versé à mon compte par l’ex-directeur du Fnpj de Ziguinchor, Mamadou Lamine Keita, actuel ministre de la Jeunesse. Malheureusement, celui-ci n’a jamais tenu ses promesses, jusqu’à ce que la banque lance des procédures pour saisir ma maison ».

« Je ne suis pas un homme à acheter, j’ai mon honneur, ma dignité… »

C’est à croire que Kéba Diop avait préféré la mort à la corruption, et pour cause. Dans la même lettre, il souligne : « je ne suis pas un homme à acheter, j’ai mon honneur, ma dignité et je préfère mourir à Dakar ». D’autant que, martèle-t-il, « si j’avais refusé l’argent, c’est parce que, même lorsque mes pieds étaient infectés, les deux ongles de mes orteils coupés, après consultation du médecin, ils ont refusé de payer une de mes ordonnances ». Et, au lieu d’honorer leurs promesses, dit-il, « les autorités m’ont envoyé à la prison de Reubeuss, où j’avais entamé une grève de la faim. J’ai été conduit à la cellule, où au 5ème jour, j’ai perdu connaissance, avant de plonger dans un coma total puis j’ai été transporté à l’hôpital Le Dantec. Libre dans les rues de Dakar, je suis tombé évanoui, les sapeurs-pompiers m’ont conduit à l’hôpital Principal, où j’ai passé la fête de Tabaski ». À ma sortie d’hôpital, narre-t-il, comme j’ai pas pu payer mes frais d’hospitalisation, on m’a confisqué ma pièce d’identité nationale. Ensuite, j’ai dormi, des jours durant, dans les locaux du Siège de la Raddho, avant de la quitter à nouveau, pour dormir à la belle étoile, en restant des jours sans manger ».

« Moi, Kéba Diop, je suis Musulman et sain d’esprit, je dis mes dernières volontés »

Comme pour couper court à la folle rumeur sur sa supposée déficience mentale, le défunt martèle dans la lettre : « moi, Kéba Diop, je suis Musulman, sain d’esprit et en pleine jouissance de toutes mes facultés mentales, pendant que je rédige cette lettre. Laquelle sera envoyée au président de la République, au directeur de la Sécurité nationale, ainsi qu’au commissaire du Plateau ». En tout cas, avertit-il : « je ne mets la vie de personne en danger. Seule la mienne, si elle doit s’arrêter là. Mais je dis mes dernières volontés. Si vous me croyez c’est bon, si vous ne me croyez pas aussi, ce n’est pas grave ». Par ailleurs, affirme la victime : « voilà ma dernière lettre. J’ai décidé d’écrire mes mémoires. J’ai écrit un livre qui va être publié par ma famille d’ici et de Côte d’Ivoire, si je quitte ce monde ». Mieux, renchérit-il, « je dis que ce n’est pas une obligation ni une menace ni un chantage, encore moins une publicité. Je demande au président de la République de me recevoir, sinon je vais me suicider ».

« Je ferai comme la dame qui s’est immolée en Italie »

Désireux de convaincre ceux qui ne prennent pas au sérieux sa détermination à écourter sa vie, Kéba Diop déclare : « si je décide de me suicider, cette fois-ci, ce sera pour de bon. Et je le ferai comme la dame (Ndlr : Penda Kébé) l’a fait en Italie. Donc, monsieur le président de la République, ma vie est entre vos mains ». Chose bizarre, le défunt Kéba Diop avait fait ampliations de cette lettre aux députés, Aliou Dia, Aliou Sow, Serigne Mamoune Niass, Cheikh Bamba Dièye, Ousmane Sow Hissar, Iba Der Thiam, ainsi qu’à Moustapha Cissé Lô. Joint hier au téléphone, le député Aliou Dia déclare : « je reconnais que Feu Kéba m’avait saisi par correspondance. Mais, quand il est venu chez moi pour me la remettre, cela a coïncidé avec mon voyage en Espagne. Et, j’avais demandé à ma secrétaire de me garder soigneusement ladite correspondance, malheureusement, avant de rentrer au Sénégal, il s’était déjà immolé par le feu ». En tout cas, tout laisse croire que l’affaire Kéba Diop est loin de connaître son épilogue, car, non seulement sa famille a promis de tenir une conférence de presse, mais aussi la victime soutient lui avoir laissé une cassette audio, car n’ayant pas pu tout coucher sur papier et que ses parents feront toute la lumière autour de sa disparition.



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