Les menaces de Moustapha Sy, guide des Moustarchidina wal moustarchidaty : « Je sais énormément de choses peu orthodoxes dans ce pays »

Le guide spirituel du Dahiratoul moustarchidina wal moustarchidaty, Moustapha Sy, a animé, hier, à l’occasion de ses universités du Ramadan, une causerie religieuse. Il en a profité pour faire le réquisitoire du régime de l’alternance. Il s’en en est pris, ainsi, aux chantiers initiés pour le prochain sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) et à leurs acteurs, sans les citer nommément. Le guide religieux identifie l’Oci à une «véritable mafia». Le ministre d’Etat, garde des Sceaux, ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy en a pris aussi pour son grade.

Fidèle à sa réputation, Moustapha Sy, guide spirituel du Moustarchidini wal moustarchidaty a encore dressé un sévère réquisitoire relatif à la gestion du pouvoir libéral, hier, face à ses nombreux talibés. Et c’est la structure chargée de préparer le prochain sommet de l’Organisation pour conférence islamique (Oci), en l’occurrence l’Anoci, qu’il a nommée, qui sera clouée au pilori par le sémillant marabout. «L’Oci est une véritable mafia. Ça n’existe pas. Ce n’est que du saupoudrage», considère Moustapha Sy. Et le guide religieux de révéler que «la plupart des projets (initiés par l’Anoci : Ndlr) sont financés par la Banque mondiale et non par l’Oci. Sans parler du partage du butin auquel les autorités et ces bailleurs de fonds se livrent». Le guide spirituel des Moustarchidini wal moustarchidaty, qui dit détenir ses informations «à la source», ajoute qu’il sait «énormément de choses peu orthodoxes dans le pays». Et il promet de révéler tout, «le moment venu».

Autre révélation du marabout ; il s’agit du sort de la Senelec. Selon Moustapha Sy, la société d’électricité «a failli être bradée au profit de certaines autorités étatiques qui y détiendront d’importantes parts des actions».

LES PLEURS DU GARDE DES SCEAUX

Voilà une histoire qui n’a pas pu empêcher, hier, les milliers de talibés de se tordre de rire. En effet, Moustapha Sy affirme avoir reçu des menaces venant du ministre d’Etat, Garde des sceaux, ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy qui lui aurait dit : «Je vais te détruire.» Or, révèle-t-il, «il (Cheikh Tidiane Sy) a pleuré devant moi à Thiès, quand il avait besoin de moi». Et le marabout de constater : «Il a dû être influencé, au point de me défier.» Quid de leur brouille ? Le marabout raconte : «On avait publié la liste des francs-maçons au Sénégal et, sur la liste, il y avait un nom : Cheikh Tidiane Sy. Des talibés qui l’avaient confondu à mon père sont venus me voir, inquiets. Je leur ai rassuré en leur disant que ce n’était pas mon père, mais qu’il s’agissait plutôt d’un autre ; sans rentrer dans les détails. Se sentant morveux, il (le ministre de la Justice : Ndlr) m’en a voulu (Cette liste fut publiée par Abdou Latif Guèye, président de l’Ong Jamra qui luttait, farouchement, contre la franc-maçonnerie. Se sentant menacé, l’actuel député à l’Assemblée se réfugia, alors, auprès du défunt Khalife général des Tidjanes, Abdoul Aziz Sy : Ndrl)» Minimisant ces menaces, le leader des Moustarchidiani wal moustarchidaty déclare ne pas avoir peur de la prison. Non sans prendre à témoin Me Wade avec qui il a partagé le milieu carcéral.

PROJETS TORPILLES

On en sait un peu plus du différend qui oppose Moustapha Sy et le Président Wade. Un différend qui, d’après le marabout, serait lié à ses projets «torpillés» par Me Wade. Il raconte son premier déboire : «Je devais bénéficier d’un financement de la Banque islamique du Sénégal pour un projet qui vise à venir en aide aux talibés. Je m’en suis ouvert au Président Wade pour l’agrément qui a été apprécié. Ensuite, il me dit : «Je te rappelle tout à l’heure pour te donner mon accord». Non seulement, il ne m’a pas rappelé, mais il a appelé un autre marabout pour lui demander de prendre ce projet afin d’en bénéficier à ma place.» De quoi émouvoir les fidèles qui opinent. L’autre projet de Moustapha Sy qui a été «torpillé» concerne le montage de sa télévision et de radio. Selon lui, lorsqu’il avait sollicité une fréquence, Mamadou Diop «Decroix», alors ministre de l’Information lui avait fait savoir qu’il n’avait pas les moyens de ses ambitions ; eu égard à la logistique que celles-ci nécessitaient. Avant de lui avouer que «la décision de ne pas lui octroyer une fréquence vient de la Présidence». Dépité, le guide des Moustarchidina wal moustarchidaty fait remarquer: «Lorsque je prends des initiatives, on me l’interdit.» Avant d’appeler à la nécessité de s’organiser pour contrecarrer ces «manœuvres». Sans préciser davantage.