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LES VICTIMES DES INONDATIONS REFUSENT LES TENTES DE L’ETAT : Reportage dans le " désert" de Tivaouane Peulh

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LES VICTIMES DES INONDATIONS REFUSENT LES TENTES DE L’ETAT : Reportage dans le " désert" de Tivaouane Peulh

La trouvaille du gouvernement de résoudre la question des inondations en transférant des victimes dans un camp à Tivaouane Peulh a été un flop. Les tentes dressées sur le site, qui n’ont reçu aucun occupant pour l’instant, n’ont pas résisté au vent et à la pluie. Elles se sont écroulées.

Se rendre au site de Sangalcam choisi par le gouvernement pour abriter les sinistrés des inondations dans la banlieue relève d’un parcours de combattant. Le camp est installé à Tivaouane peulh, un village de la communauté rurale de Sangalcam. Il faut emprunter la piste sinueuse de Keur Massar au village. Après des détours et de la ruse, on aperçoit les premières concessions de Tivaouane Peulh.

Les dernières maisons du village dépassées, il faut remonter une légère pente de sable et de dunes pour apercevoir, à droite, un vaste terrain dont le terrassement s’étend sur une large surface. Un léger tapis herbacé couvre le sable brun. Une, deux, trois, quatre tentes militaires tiennent encore. Elles sont fixées avec des piquets. Mais, plusieurs dizaines d’entre elles sont déjà au sol. Elles n’ont pas résisté au vent qui balaie Tivaouane Peulh. La rangée de tentes dressées le long de la ligne de filaos ne tient que par quelques cordes. Mais, au milieu du site, il ne reste que des bâches étendues à même le sol. «Toutes les tentes sont tombées, une à une», confie un maçon qui tient sa truelle, juste en face du site. À côté de ce cimetière de bâches, l’on peut voir les tubes que le sable commence à ensevelir. Quelques tentes non encore dépliées complètent le décor.

De l’autre côté du site, se dressent majestueusement deux bâtiments peints en bleu et blanc. De loin on penserait à une école fermée ou à un poulailler mal aéré. Les portes et les fenêtres sont hermétiquement fermées. «Ce sont les maisons préfabriquées qu’on avait annoncées», dit en riant le maçon qui nous sert de guide. «C’est une maison ça ? Ce n’est pas sérieux. Comment peut-on penser loger des humains dans ce bled où il n’y a ni électricité, ni eau. Même pas de toilettes», fulmine-t-il. Pourtant, des centaines de tuyaux sont empilées au milieu du camp. Une voiture de la Société des eaux (Sde) est garée juste à côté, avec d’autres tuyaux de plus grands diamètres attachés au-dessus de la fourgonnette. «N’eût été la présence des forces de l’ordre, tout ce matériel allait disparaître», commente le maçon.

La loi du silence

Dans ce lieu désert, point d’âme qui vive, hormis les quelques gendarmes affectés sur le site pour veiller sur le matériel. Ils sont installés dans les quatre tentes qui tiennent encore. Le chef de poste, Ousmane Dramé s’affaire autour de son téléphone portable, sous le regard d’un de ses éléments. Sous les tentes équipées de moustiquaires, quelques agents dorment ou se reposent. Des affaires sont rangées à côté de ces demeures de fortune et quelques effets vestimentaires sont accrochés sur les cordes qui supportent les tentes. «Nous sommes là depuis», confie le chef de poste. Le gendarme Dramé n’en dira pas plus. Il évoque son «obligation de réserve imposée par la hiérarchie» de ne livrer aucune information. En effet, il prend la peine d’aviser ses supérieurs par téléphone. Après la conversation, il livre le verdict : «Il nous est interdit de parler au public et à la presse. Il faudra prendre l’attache du sous-préfet, seul habilité à autoriser les visites guidées.» Joint au téléphone, le sous-préfet de Sangalcam, Ibou Diop, se désole de ne pouvoir livrer des informations sur l’évolution du dossier sur le camp de recasement des sinistrés. «J’étais en congé, je n’ai repris qu’hier (Ndlr : l’entretien s’est déroulé le mercredi). Il y a beaucoup de dossiers que je n’ai pas encore épluchés dont celui du site. D’ailleurs, je compte m’y rendre les prochains jours avec les services concernés pour faire l’état des lieux», dit-il.

CONFIDENCES D’EL HADJI BOUBOU SOW, CHEF DU VILLAGE DE TIVAOUANE PEULH : «Le site choisi est un terrain appartenant à Hamadou Sow»

Quand le projet de transférer les sinistrés des inondations à Tivaouane Peulh avait été annoncé, le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye avait soutenu que l’Etat avait déjà identifié et choisi les terrains. Mais des informations confiées par le chef du village de Tivaouane Peulh, El Hadji Boubou Sow, il ressort que «le terrain sur lequel les tentes sont dressées appartient à un Sénégalais du nom de Hamadou Sow». D’ailleurs, ce dernier est présentement en France. Selon le chef du village, aucune concertation n’a prévalu dans le choix du site. «On s’est réveillé un jour avec la visite du sous-préfet, des services du cadastre, entre autres… Ils ont dit qu’ils allaient occuper le terrain pour quelques mois. C’est tout ce que nous en avons comme information», ajoute-t-il.

El Hadji Boubou Sow soutient que pour commencer les travaux, «ils ont même rasé la mosquée que le propriétaire du terrain avait construite. Mais le promoteur promet de la reconstruire après usage». En effet, le chef du village fait remarquer qu’il n’a pas été associé à ce projet et ne dispose d’aucune information à ce sujet. Et devant cette situation, il confie rester à sa place de spectateur.



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