Lutte contre le choléra à Dakar : Le personnel médical placé en état d'alerte

L’ensemble du personnel de santé de la région de Dakar a été mis en état d’alerte pour surveiller la situation épidémiologique, à la suite de la survenue du choléra dans le district sanitaire de Touba et Mbacké. Même si aucun cas de choléra n’a encore été détecté dans la capitale, les autorités médicales y ont mis en place un dispositif particulier de surveillance pour minimiser les dégâts que peut causer le vibrion cholérique dans une grande agglomération comme Dakar.

A Dakar, on touche du bois. Depuis la survenue des cas suspects et confirmés comme cas de choléra dans le district sanitaire de Touba et Mbacké (dans la région de Diourbel), zéro cas a été signalé dans la région de Dakar. ‘Seuls trois cas ont été suspectés, mais ils n’ont pas été confirmés’, informe le médecin-chef de district, Marie Khémesse Ngom Ndiaye. ‘Etant donné qu’il y a le choléra dans une partie du pays, on a l’obligation de faire des prélèvements’, explique la patronne de la région médicale de Dakar. Selon elle, ‘quand l’épidémie de choléra est suspectée ou déclarée, on demande à tous les médecins-chefs de districts de procéder à des prélèvements et d’envoyer au laboratoire tout cas de gastro-entérite, c’est-à-dire de diarrhée et vomissements, quelle que soit sa nature’. Avec les résultats du labo, les services compétents du ministère seront en mesure de dire de quel vibrion cholérique il s’agit et à quel antibiotique il est sensible. ‘Mais parmi les cas suspects prélevés à Dakar, pas un seul n’a été positif. Ainsi, pour le moment, on n’a pas encore à Dakar de vibrion cholérique’, révèle Marie Khémesse Ngom Ndiaye.

Malgré tout, la région médicale ne dort pas sur ses lauriers. Elle a mis en place un dispositif particulier pour minimiser les dégâts que peut causer cette épidémie de choléra dans une grande agglomération comme Dakar. La surveillance menée depuis le 27 août dernier sur le plan actif et sur le plan passif au niveau de toutes les structures de santé de la région se poursuit quotidiennement. Chaque matin avant 10 h, la région médicale de Dakar effectue des appels dans chaque district. Et, avant midi, toutes les fiches sont répertoriées et envoyées au niveau du ministère. Le ministre de la Santé, suite à la confirmation de cas de choléra à Touba et Mbacké, avait envoyé une circulaire à l’ensemble des médecins-chefs de districts de région pour qu’ils prennent leurs dispositions afin de répertorier et notifier à l’autorité de tutelle les cas suspectés ou avérés de choléra. A Dakar, le maillage fait qu’il y a huit districts sanitaires dont quatre dans la commune de Dakar. A ces districts sanitaires s’ajoute la surveillance au niveau des hôpitaux, notamment le Service des maladies infectieuses du Chu de Fann, l’hôpital Principal, Le Dantec, Abasse Ndao, Hôpital général de Grand Yoff, hôpital de Pikine.

Le Sénégal possède un dispositif de surveillance actif et passif qui se fait 365 jours/365. Ce dispositif concerne un certain nombre de maladies, dont le choléra. Au niveau de la région médicale de Dakar, ce dispositif a été renforcé et ’l’ensemble du personnel de santé de la région mis en alerte’, révèle le médecin-chef de district. Le message est le suivant : ‘Il y a des cas suspects et confirmés de choléra dans une partie du pays. Dakar, occupant une position géostratégique, constitue un carrefour avec tout ce que cela implique comme flux migratoire. Donc la menace est bien réelle’. Tous les infirmiers chefs de districts, relais, sages-femmes et infirmiers chefs de postes sont mis en état d’alerte. ‘Ils sont informés même s’ils savent déjà ce qu’est le choléra et les mesures d’hygiène préventives et curatives à prendre pour lutter contre’, précise Marie Khémesse Ngom Ndiaye. Des fiches élaborées par la Direction de la prévention sont correctement remplies afin que les décideurs puissent avoir les éléments les plus élémentaires.

Il règne ainsi un calme plat à la région médicale de Dakar. Seule fausse note, un groupe électrogène installé au milieu de la cour dérange la quiétude des lieux. La configuration des bâtiments rappelle l’architecture des colons.

Mais, malgré cette quiétude, le niveau d’alerte est au maximum. Et au niveau des milieux reculés de la région médicale, le dispositif technique pour traiter la maladie est sur place. Que ce soit les médicaments, les seringues, les perfuseurs et les solutés. ‘Parce qu’en cas de choléra, il y a une perte massive d’eau et d’électrolyte et il faudra les renforcer au cours du traitement’, signale Marie Khémesse Ngom Ndiaye. Selon elle, la gestion du choléra est multisectorielle et multidimensionnelle, elle consiste à insister beaucoup plus sur la réduction de la mortalité. ‘Traiter le choléra c’est bien, mais il faut travailler en étroite collaboration avec les autres secteurs pour que la maladie ne se déclare pas dans notre pays’, a-t-elle poursuivi.

La patronne de la région médicale de Dakar a également insisté sur la sensibilisation des populations. ‘Aujourd’hui, la sensibilisation doit aller dans les coins les plus reculés du pays, surtout par rapport aux évacuations sanitaires’. En effet, avertit le Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, en cas de suspicion de choléra, il faut éviter au maximum les évacuations. A défaut d’une ambulance, ce qui est rare, les moyens d’évacuation les plus utilisés (taxis, clandos) doivent faire l’objet d’une désinfection catégorique. Et à ce niveau, Mme Ndiaye salue le travail effectué par les agents du Service d’hygiène qui jouent convenablement leur partition en cas d’apparition de l’épidémie de choléra.

Insalubrité, chaleur, manque d'eau potable… : Autant de facteurs qui favorisent le choléra

L’insalubrité, le manque d’eau, la chaleur, l’hivernage, autant d’aspects qui font dire à la patronne de la région médicale de Dakar, le Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, que nous vivons avec les facteurs favorisants du choléra. C’est pourquoi, au niveau de la structure qu’elle dirige, rien n’est laissé au hasard. Une petite visite des locaux de la région médicale nous renseigne sur l’état du stock de sécurité pour tous les produits et médicaments pour lutter contre le choléra. ‘Toutes les structures de santé de la région ont déjà reçu leur dotation et elles n’ont pas le droit de rester à sec’, informe la responsable de la région médicale de Dakar qui invite aussi les populations à un changement de comportements. Par exemple, indique-t-elle, en cas de manque d’eau, il faut penser à couvrir et javelliser les bassines et autres réservoirs pour stocker de l’eau. La responsable de la région médicale de Dakar invite les populations à des gestes simples comme se laver les mains avec du savon.

A cela s’ajoutent d’autres directives à l’endroit des populations et allant dans le sens de la prévention des diarrhées épidémiques. Il s’agit d’éviter la consommation de boissons contenues dans des sachets en conditionnement artisanal et vendues dans la rue. Les populations sont également invitées à tenir les mouches à l’écart des aliments et de la cuisine. Il leur est également recommandé de réchauffer les aliments déjà cuits, et de laver les fruits et les légumes avec de l’eau javellisée, surtout s’ils sont consommés crus.