Lutte contre le déboisement : Les fourneaux « JDiambars » reprennent du service

Rangés aux oubliettes par la disponibilité et l’accessibilité à la bonbonne à gaz domestique, les foyers améliorés reprennent du service, grâce à la pratique de la vérité des prix.

Depuis quelques semaines, la montée des prix de la bonbonne de gaz à usage domestique crève le budget familial des couches moyennes sénégalaises. Une situation qui, selon le groupe d’initiatives pour le progrès social-War(Gips-war), basé à Thiès, constitue un risque réel pour la préservation du couvert végétal de nos forêts. " Après une enquête auprès des familles en milieu rural comme urbain, nous avons constaté qu’avec la flambée des prix du gaz à usage domestique, les femmes retournent au bois de chauffe ou au charbon de bois pour cuisiner ", confie Julie Cissé, responsable de Gips-war.

Alors, pour atténuer les risques de déforestation avec ce retour des femmes vers le bois et le charbon de bois, un vaste programme de promotion des fourneaux” Diambars ", fabriqués avec de la céramique et du fer, a été lancé à Thiès. Un outil qui peut permettre de faire une économie de 40 % sur la quantité de charbon de bois utilisé avec le fourneau malgache, le plus répandu, en milieu urbain.

Or, selon Ibrahima Niang, un technicien du ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature qui travaille dans la promotion des énergies de cuisson (bois et charbon de bois), il faut brûler 5 kilogrammes de bois pour obtenir 1 kilogramme de charbon de bois. C’est pourquoi, dans un cadre qui réunit les ministères de l’Environnement et de l’Energie ; un partenariat a été établi avec le Gips-War pour protéger nos forêts contre une exploitation excessive. Pour atteindre leurs objectifs, Julie Cissé explique qu’avec l’appui de partenaires, sa structure a réussi à payer un certain nombre de fourneaux " Diambars " qu’elle a mis à la disposition de ménages ruraux. En échange ; chaque bénéficiaire a reçu des semences et 40 gaines pour produire des pépinières. Ainsi, au moment où le repiquage devra se faire, une évaluation précise de chaque bénéficiaire va se faire.

" Du taux de réussite de chaque femme dépend son taux de crédit disponible dans nos structures de micro-finance ", révèle Julie Cissé. Une stimulation pertinente pour appeler les associations et groupements de femmes à s’engager sur le chemin du reboisement, la seule voie de salut qui peut nous préserver de la désertification.

Sachant que le Sénégal est un pays non producteur de pétrole ; depuis 1974, l’etat a mis en place une politique de subvention afin de mettre à la portée des ménages le gaz butane afin de sauvegarder le couvert végétal. Mais, selon Ibrahima Niang, présentement, cet appui de l’Etat a atteint des proportions faramineuses au point que " pour des raisons budgétaires, il a fallu lâcher du lest en développant d’autres stratégies qui ne sont plus dans nos cordes, d’où le retour aux foyers améliorés ". D’ailleurs, l’objectif est d’en mettre 225 000 pour faire baisser la consommation du gaz butane. Avec une facture pétrolière de 400 milliards de nos francs par an, dont 35 milliards sur le gaz butane, la relance du fourneau " Diambars " vient à son heure.