Lutte contre le Sida : Les religieux musulmans et chrétiens contre la stigmatisation

Tout en prêchant la parole de Dieu, les religieux musulmans et chrétiens s’érigent en bouclier dans la lutte contre la stigmatisation et la discrimination. Cependant, tiennent-ils à rappeler, l’islam et le christianisme condamnent fermement l’homosexualité. 

La stigmatisation et la discrimination constituent l’un des obstacles majeurs dans la lutte contre la pandémie du sida. C’est pourquoi l’Alliance nationale de lutte contre le sida a jugé nécessaire, lors d’un atelier tenu les 20 et 21 décembre, d’impliquer les religieux musulmans et chrétiens en vue d’une meilleure prise en charge des groupes vulnérables. ‘Souvent, on assiste à un discours hostile et incendiaire de la part des religieux, surtout musulmans. Et cela ne contribue pas à aménager des portes de sortie pour les groupes vulnérables, notamment les travailleuses de sexe et les hommes ayant des rapports avec d’autres hommes’, explique le chargé de programme à l’Ancs, Massogui Thiandoum. C’est pourquoi, dira-t-il, il est important de sensibiliser les leaders religieux, musulmans et chrétiens, afin qu’ils aient une nouvelle manière, une nouvelle perspective de lire les choses et ne pas se cloisonner dans les églises et mosquées.

En conviant imams, abbés et sœurs autour d’une rencontre tenue au Centre Hyacinthe Thiandoum, l’Ancs veut ainsi capaciter les religieux afin que ces derniers puissent être suffisamment informés avant de se prononcer sur telle ou telle affaire. Et de citer en exemple l’affaire de l’homosexuel qui a été déterré à Thiès. ‘Les groupes vulnérables que sont les travailleuses de sexe et les homosexuels vivent parmi nous. Et si on ne leur facilite pas l’accès aux services à cause d’une stigmatisation, ils constituent un danger pour la population générale car infectant les groupes passerelles’, note Massogui Thiandoum.

En présentant sa communication portant sur ‘les principaux problèmes de santé des groupes vulnérables et implication possible dans la population générale’, le Dr Abdou Khoudia Diop de la Division de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles a mis l’accent sur le danger que représentent les hommes ayant des rapports avec les hommes. En effet, dit-il, les Msm ont 95 % de bisexualité. Autrement dit, ils ont une femme, des copines et des partenaires. Ce qui représente un danger réel pour la population générale, car c’est la face cachée de la pandémie.

Donnant les points de vue de l’Islam et de l’Eglise Catholique, l’Imam El Hadji Ousmane Guèye du Réseau sénégalais des imams et l’Abbé Léon Diouf de Sida services ont tenu à recentrer le débat. De leurs avis, aussi bien l’Islam que l’Eglise n’ont pas de point de vue. Le Coran et les enseignements bibliques ne sont rien d’autre que la parole de Dieu, disent-ils. Et toutes ces deux religions condamnent fermement l’homosexualité. Quant à la stigmatisation et la discrimination, ce sont des pratiques bannies par l’Eglise et l’Islam. Selon Abbé Léon Diouf et Imam Ousmane Guèye, Dieu est le seul juge et il ne faudrait pas que les fidèles se substituent au Créateur. A l’issue des recommandations, les religieux musulmans et chrétiens ont pris l’engagement, tout en prêchant la parole de Dieu, de lutter contre la discrimination et la stigmatisation.

Malgré un taux de prévalence relativement bas chez la population générale avec 0,7 %, le Sénégal a une épidémie de type concentré avec 19,4 % chez les travailleuses de sexe et 21,8% chez les Msm.

APPUI LOGISTIQUE AUX ORGANISATIONS SOUS-RECIPIENDAIRES : L’Ancs décaisse 100 millions de francs

L’Alliance nationale de lutte contre le sida (Ancs) s’est engagée dans l’appui en logistique aux organisations récipiendaires. C’est ainsi qu’elle a décaissé 100 millions de francs pour l’achat d’ordinateurs, d’imprimantes, ainsi que du matériel de bureau. La cérémonie officielle de remise de ce matériel a eu lieu hier dans les locaux de l’Ancs.

‘Au-delà de l’appui en renforcement de capacités et aux activités de sensibilisation, l’Ancs a jugé pertinent d’aider les organisations sous-récipiendaires à faire face aux problèmes de matériel de bureau’, explique le responsable administratif et financier de l’Alliance, Sidiya Gassama. Selon lui, ces équipements permettront aux associations communautaires de base de résoudre l’équation du matériel de travail.

De tout temps, les organisations sous-récipiendaires de l’Ancs sont financées à partir des résultats obtenus sur le terrain. En effet, elles sont chargées de la mise en œuvre sur le terrain des stratégies de prévention, de sensibilisation de plaidoyer dans le cadre de la réponse au Vih. Pour sa part, l’Ancs s’est dit ‘satisfaite’ de leurs interventions. Selon Sidiya Gassama, cette première phase de sécurisation en équipements concerne plus de trente organisations à travers Dakar et les régions de l’intérieur. Une seconde phase sera bientôt lancée pour appuyer le maximum d’organisations en logistique.