Antipaludiques, antalgiques, du viagra à des doses mortelles (1 200 mg) et des médicaments de la contrebande venant des pays anglophones ont été incinérés hier aux Mamelles, sous les rochers du monument de la Renaissance. Les médicaments sous forme d’ampoules sont triés du lot à incinérer à cause des risques d’explosion. Cette incinération des médicaments saisis n’est que la partie visible de l’iceberg, explique le Professeur Pape Amadou Diop, Directeur de la Pharmacie et des laboratoires. ‘Cela nous prendrait vaguement trois jours si nous voulions incinérer tout ce qu’il y a comme médicaments saisis’, précisera-t-il.
Selon le Docteur Madické Diagne, pharmacien inspecteur et chef de la Division du contrôle administratif des médicaments, les médicaments ont été, dans leur majorité, saisis à Kaffrine et dans des localités comme Guédiawaye en banlieue dakaroise. Les éléments de la gendarmerie et de la police se sont investis pour faire face à la contrebande et saisir ces quantités de médicaments.
Pour autant, le combat est loin d’être gagné. Les étales de médicaments foisonnent dans les rues de Dakar. Des établissements comme Keur Serigne Bi, spécialisé dans la vente illicite de médicaments, mènent allègrement leurs activités. Sans aucunement être inquiétés ni de la police, ni de la gendarmerie. Or tout le monde sait que les textes interdisent toute activité de vente illicite de médicaments. C’est à se demander si cette séance d’incinération de médicaments n’est pas un coup de bluff. Jusque-là, on se limite juste à dénoncer ce marché illicite au cœur de Dakar, mais aucune action d’envergure n’est entreprise pour enrayer cette ‘tumeur’ qui gangrène le système de santé sénégalais.
‘Ces médicaments de la rue constituent un véritable poison. En effet, c’est la dose qui fait le poison et c’est la dose qui fait le médicament. Le même produit peut être toxique comme il peut servir à soulager les malades. Mais si le médicament nuit, il devient un poison’, souligne le Professeur Pape Amadou Diop, Directeur de la Pharmacie et des laboratoires. En tant que technicien de la santé, leur action se résume à protéger les populations contre les dangers des médicaments de la rue, dit-il. De l’avis du Pr Diop, le combat est de sensibiliser les populations et les informer que ces médicaments de la rue peuvent nuire gravement à la santé. Ainsi, il invite les populations à fréquenter les structures de santé publiques et privées où elles trouveront les conseils nécessaires en matière de médicament.
En ce qui concerne l’intervention des forces de l’ordre sur le terrain, le Pr Pape Amadou Diop attire encore une fois l’attention des pouvoirs publics que sont les ministères de l’Intérieur, de la Justice, des Forces armées par la gendarmerie et la Police, le ministère de l’Economie et des finances par la Douane. Selon lui, une action concertée doit être menée au sommet de l’Etat pour contrecarrer ce fléau. ‘Dénicher les contrefacteurs, punir les auteurs et saisir les médicaments’, tel semble être le mot d’ordre du Directeur de la pharmacie et des laboratoires.
Cependant, le Pr Pape Amadou Diop est revenu sur les mesures prises par les autorités sanitaires pour protéger les populations contre les dangers du médicament de la rue. Il s’agit de la promotion des médicaments génériques, du programme de subvention de certains médicaments comme l’insuline, la gratuité des antirétroviraux, le plan Sésame et le partenariat public-privé pour rendre accessible le médicament.
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