Ce n'était pas la grande joie, avant-hier nuit, lors du grand rassemblement des «cantakuns» à Jannatoul Mahwa. Les nombreux talibés qui gardaient l'espoir de voir Cheikh Béthio Thioune s’exprimer en public ont fini par déchanter. C'est son fils aîné, Serigne Saliou Thioune, qui a assuré son intérim à ce grand rendez-vous des «Thiantakuns» clôturé par la célébration de 17 mariages. TOUBA - Venus d’horizons divers pour communier avec leur Cheikh à l’occasion du «Thiant» organisé chaque Magal à Jannatoul Mahwa, mais surtout s’assurer de son état de santé, les «Thiantakuns» sont repartis, à la fin de la manifestation, à l'aube, la mort dans l'âme.
Rien n'a changé, le médecin traitant du Cheikh Béthio Thioune n'a pas varié dans ses conseils de repos à respecter scrupuleusement. Pourtant, nombreux étaient les «Thiantakuns» qui s'accrochaient à un mince espoir de voir le Cheikh sortir, après que ses épouses ont rejoint le présidium et occupé leurs places habituelles, à côté du fauteuil qui lui est réservé. Un espoir qui n’a pas tardé à laisser place à la désolation, à l’annonce par le maître de cérémonie d'un changement.
C'est un silence de cathédrale qui s'installa et une ambiance glaciale s'empara de toute l'assistance. Point de chants, encore moins de musique habituelle accompagnant l’entrée du Cheikh n'auront retenti. Car, en lieu et place du Cheikh, c'est de son fils aîné, Serigne Saliou Thioune «Gueule-Tapée» - venu spécialement d’Europe pour assister au grand Magal de Touba, - qu’ont dû se contenter les «Thiantakuns».
Et lorsqu’il a pris place sur le fauteuil de son père, tout le monde se rend à l'évidence que le Cheikh ne fera pas d’apparition publique. Point de tam-tam au «Thiant» d’hier, plongé dans une certaine morosité où les spéculations les plus folles fusaient de partout. Surtout quand Serigne Saliou Thioune a autorisé le démarrage des «jeebelu» (ndlr : allégeance) qu’il a lui-même reçus en l’absence de son père. Un état de fait qui a intrigué plus d’un et porté un sacré coup à l’enthousiasme de certains «Thiantakuns».
Commençant à recevoir les «ziar» des talibés, vers 3 heures du matin, le fils aîné de Cheikh Béthio Thioune, comme pour décrisper l’atmosphère et dérider les talibés venus en masse, s’est levé sous les déclamations laudatrices, pour parader devant les talibés qui balançaient des bras en entonnant des chants. Ressemblant à merveille à son père par la corpulence, Serigne Saliou Thioune n’a cependant pas la voix rauque du Cheikh qui retentissait habituellement à pareil moment, ni la même gestuelle pour diriger la chorégraphie des «Thiantakuns». N’empêche qu’il s’est efforcé d’exécuter quelques «dukët» (pas).
Après les «ziar» et autres actes d’allégeance des talibés, le fils ainé de Cheikh Béthio a conclu le «Thiant» par l’un de ses moments phares : la célébration des mariages qui s'est déroulé jusqu'au petit matin vers 7 heures. Suivant à la lettre la manière de faire de son père, Serigne Saliou Thioune a noué, avec la même formule qu’utilisait Cheikh Béthio, c’est-à-dire la récitation de 7 «Barke Serigne Saliou» les épousailles entre 34 jeunes «Thiantakuns». Ces derniers sont doublement heureux : d'avoir célébré le Magal et d'être partis en couple, par-dessus le marché béni par le fils du Cheikh.
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