Prévenir toutes les maladies et autres épidémies pouvant prospérer pendant les grands rassemblements à caractère religieux au Sénégal, par l’entremise d’actions dynamiques et transversales d’hygiène individuelle et collective. Voilà la ligne de conduite pour l’année 2006 des autorités nationales de la santé. En toile de fond de cette dynamique se trouve tout un dispositif multisectoriel de veille, de surveillance sanitaire et de riposte médicale sur toute l’étendue du territoire national.
« L’épidémie de choléra qui avait installé en octobre 2004 la psychose au Sénégal, à cause de son cortège de pertes en vies humaines, avec un pic dans la région de Diourbel pendant le Magal de Touba, ne risque pas de se répéter cette année », ont annoncé avec conviction des responsables de départements ministériels en charge des questions de santé et de prévention médicale, d’hygiène publique et d’assainissement. Pour cause, tout un dispositif d’alerte et de veille, de surveillance épidémiologique et de riposte médicale a été ou sera activement opérationnalisé sur les principales localités du pays devant abriter les grands rassemblements à caractère religieux. Le Magal de Touba, le Gamou de Tivaouane, la Daaka de Médina Gounass ou encore le pèlerinage marial de Popenguine pour ne citer que quelques uns parmi la soixantaine d’événements religieux organisés au Sénégal chaque année, bénéficieront ainsi de l’important dispositif mis en place pour contrecarrer tous les facteurs de risques des maladies zonales à fort potentiel épidémiologique.
Déclinée par le Dr Pape Coumba Faye, le directeur de la Prévention médicale, la stratégie globale de veille sanitaire et de riposte médicale mise en œuvre par les ministères de tutelle de la santé et de l’hygiène publique s’articule autour d’un certain nombre d’actions méthodiques dont la conjonction aboutira « avant, pendant et après les rassemblements religieux » à l’objectif zéro de choléra, de méningite, de fièvre jaune et de toutes les autres infections épidémiologiques qui sont spécifiques à la zone soudano-sahélienne. Capacitation des agents de santé et des relais communautaires, renforcement de la logistique médicale dans les structures locales de santé, sensibilisation et plaidoyer auprès des autorités administratives et des leaders religieux, information et éducation des communautés, collaboration et partenariat multisectoriel avec les organisations à la base sont les lignes de force qui délimitent « l’ambitieux mais réaliste programme de promotion de la santé des populations sénégalaises, activé par les pouvoirs publics à la veille des grandes manifestations religieuses », dira en substance Farba Lamine Sall, le directeur de cabinet du ministère de la Santé et de la prévention médicale. En amont du dispositif de veille sanitaire et de riposte médicale devant accompagner l’organisation de ces grands rassemblements religieux se trouve la promotion des mesures d’hygiène à même de garantir un environnement assaini de tous les facteurs de risques relatifs aux épidémies sous-jacentes à notre zone géographique. Protection et conservation des denrées alimentaires et des eaux de boissons, approvisionnement adéquat en eau potable, surveillance et gestion de l’environnement, promotion du lavage systématique des mains au savon, promotion de l’hygiène collective et individuelle, désinfection et désinsectisation des sites d’hébergement, saupoudrage des lieux d’accueil et javélisation de l’eau : voilà en gros l’ensemble des activités de prévention dont la liaison permettra de garantir la santé des Sénégalais dans toutes les zones qui organisent des manifestations religieuses drainant des mouvements massifs de populations. Toute une police d’hygiène que les hommes du Colonel Samba Ndiaye, le directeur de l’Hygiène publique, entendent mener à bon escient en amont du dispositif d’investigation et de diagnostic, de prise en charge et de traitement médical en exercice pendant toute la durée des manifestations religieuses avec des postes médicaux avancés, des ambulances installées de part et d’autre des sites d’accueil, voire un renforcement en agents de santé…
Le Magal de Touba, point focal de la prévention
Soucieuses donc de rendre opérationnel très tôt ce dispositif de veille sanitaire et de riposte médicale, les autorités nationales de la santé ont diligenté au préalable une mission d’inspection et de supervision dans la ville sainte de Touba, dont le Magal devra se dérouler le 19 mars prochain. 82 agents du Service national d’hygiène ont été ainsi mis à contribution depuis le 24 février pour activer la phase dynamique du dispositif de veille sanitaire et d’alerte médicale, selon le Colonel Samba Ndiaye. D’ailleurs, ces agents ont déjà commencé, en collaboration avec les responsables de la Région médicale de Diourbel, à effectuer des opérations de désinfection et de saupoudrage des lieux, voire de surveillance des marchés et des camions de vidange des fosses septiques pour prévenir toute éclosion d’épidémie dans une cité où les difficultés d’assainissement, d’approvisionnement en eau potable ( fosses septiques voisinant avec réseaux hydrauliques, bassins non protégés, forages précaires), de sécurisation des denrées alimentaires et de gestion de l’environnement restent criardes. Autant de facteurs prohibitifs d’une santé publique en phase avec les besoins communautaires et qui avaient contribué, l’année dernière, à l’explosion des atteintes au vibrion cholérique durant le Magal et sa dissémination sur l’étendue du territoire national du fait des mouvements de pélerins. Quelque 6685 cas de choléra pour 34 décès avaient été recensés par les responsables de la santé, au grand dam des populations. Des populations dont les responsabilités dans la propagation de l’épidémie ne sont cependant pas moindres. Surtout lorsqu’on considère que le choléra dit « maladie des mains sales » est avant lié à la saleté, à la malpropreté et à un cadre de vie non assaini.
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