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Mamadou DIOP CASTRO accuse : ‘ Moustapha Sourang développe la corruption ’

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Mamadou DIOP CASTRO accuse : ‘ Moustapha Sourang développe la corruption ’

En marge de la conférence de presse de l’Intersyndicale de l’enseignement tenue hier, Mamadou Diop Castro, secrétaire général de l’Uden, dans l’entretien qu’il nous a accordé, flétrit l’attitude de Moustapha Sourang, ministre de l’Education. Ce dernier est, selon lui, ‘facteur de crise pour le système éducatif’ à cause de sa gestion fondée sur la corruption, le népotisme et le clientélisme.


Wal Fadjri : Qu’allez-vous faire pour amener le gouvernement à ouvrir des négociations avec les syndicats ?

Mamadou Diop Castro : C’est la raison de la campagne d’information et de sensibilisation, dont le point de presse est une composante. Nous avons besoin de prendre l’opinion nationale et internationale à témoin sur notre volonté de promouvoir un dialogue social de qualité pour arriver à une année scolaire apaisée. Force est de reconnaître que le gouvernement ne semble pas disposé à ouvrir des discussions et à trouver des solutions aux problèmes qui sont posés. Cela signifie qu’il ne nous reste plus que la lutte. Maintenant, il y a deux aspects au niveau de l’Intersyndicale. L’unité d’action a, comme conséquence, l’autonomie de pensée et d’action de chaque composante de l’Intersyndicale. Nous sommes unis autour d’une plateforme commune, nous avons un plan d’action commun, nous nous mobilisons autour de cette plateforme et de ce plan d’action. En dehors des autres questions, il y a des démarches particulières et d’autres spécifiques. Dans ce cadre, le ministre peut bien recevoir des organisations qui ont exprimé d’autres préoccupations indépendamment de la plateforme commune qui interpelle directement le gouvernement et qu’il doit pouvoir gérer. Ce qui est aujourd’hui surprenant et qui inquiète les enseignants, c’est la volonté du ministre de l’Education de recevoir individuellement les organisations syndicales à partir de leurs problèmes spécifiques et l’attitude négative du gouvernement qui refuse de recevoir l’Intersyndicale qui a déposé une plateforme et un préavis de grève, qui a commencé des négociations et qui n’arrive pas à les achever. Depuis l’audience du 30 mai 2007, il n’y a pratiquement pas de contact entre le gouvernement et l’Intersyndicale. Alors que l’Intersyndicale a consommé 72 heures de grève pas encore suivies d’effet de la part du gouvernement. Au contraire, ce sont des menaces de coupure de salaires, des destitutions de permanents syndicaux fidèles à l’Intersyndicale, c’est le favoritisme, le népotisme, l’instrumentalisation d’organisations syndicales ou d’autres citoyens contre les enseignants en lieu et place d’une véritable culture démocratique qui devrait se traduire par un dialogue social.

Wal Fadjri : Le ministre de l’Education répète souvent que vos revendications ne sont pas d'ordre pédagogique, mais financier. Est-ce le cas ?

Mamadou Diop Castro : C’est faux ! Le deuxième point de la plateforme de 2003 portait sur le Pdef et les Etats généraux et nous avions abouti à un séminaire à l’hôtel Indépendance en novembre 2003 sur les questions pédagogiques et de carrières. Mais, la commission de suivi n’est pas encore installée, quatre ans après. C’est vous dire que cette plateforme-là, ce sont les conditions d’étude et de travail de l’apprenant. Quand nous parlons des abris provisoires à remplacer, des classes à double-flux à supprimer, des enseignants à recruter, de la suppression du quota sécuritaire, de la formation continue des enseignants, de la gratuité des manuels, des effectifs pléthoriques, du ratio d’encadrement : enseignants-élèves, de l’introduction des langues nationales dans le système éducatif, tout cela est éminemment politique et pédagogique à la fois. Le ministre de l’Education se trompe en déclarant à qui veut l’entendre que nos revendications étaient financières et que pour l’essentiel, elles étaient réglées. Mais, c’est faux ! Nous nous adressons au gouvernement et non au ministre de l’Education en particulier, au ministre du Budget ou au ministre de la Fonction publique. C’est le ministre de la Fonction publique qui conduit la délégation gouvernementale et qui répond de l’application des protocoles d’accords et éventuellement de l’ouverture des négociations. Il ne s’agit pas pour le ministre de l’Education de se dérober de la solidarité gouvernementale. Nous nous adressons au gouvernement et, en cas de difficultés, au président de la République. C’est, par conséquent, inopportun que de dire : ‘Je n’ai pas de prise sur les revendications à incidence financière : de mon côté tout est réglé.’

‘Le gouvernement trouvera toujours des traîtres ou façonnera toujours des traîtres. L’essentiel, c’est de garder la trajectoire pour une école de qualité et pour la revalorisation de la fonction enseignante’.

Wal Fadjri : Pourquoi le mouvement syndical enseignant est-il si divisé, même pour défendre ses intérêts matériels et moraux ?

Mamadou Diop Castro : Ce n’est pas la première fois que nous assistons à une dispersion des forces. Nous avons connu la participation responsable avant l’alternance. Le gouvernement finançait les organisations de la participation responsable pour contrer nos initiatives. Aujourd’hui encore, c’est le même phénomène. Le gouvernement a réussi à réciter la participation responsable, il utilise la corruption à une échelle extraordinaire, c’est ce qui fait que des organisations syndicales tirent à contre courant de l’histoire. Des partisans du ministre se réclament même partisans d’une association ‘Les amis de l’école’, alors qu’ils sont tapis au ministère de l’Education ou dirigent des sections qui se réclament de la participation responsable. Cela a toujours existé. Mais ce qui est important, c’est que ceux qui y croient, ceux qui en sont convaincus et ceux qui sont fidèles aux objectifs revendicatifs, gardent le cap de la revendication et de la lutte. Mais le gouvernement trouvera toujours des traîtres ou façonnera toujours des traîtres. L’essentiel, c’est de garder la trajectoire pour une école de qualité et pour la revalorisation de la fonction enseignante.

Wal Fadjri : Que répondez-vous à ceux qui vous taxent d’être de connivence avec le Front Siggil Sénégal ?

Mamadou Diop Castro : C’est le vieux débat de la prétendue politisation du mouvement syndical. Le Front Siggil Sénégal est en train de recevoir des organisations de la société civile : qu’elles soient syndicales, des Organisations non gouvernementales ou des associations simples, c’est leur activité, c’est leur programme. Mais l’Intersyndicale à proprement parler n’a jamais eu de contact avec le Front Siggil Sénégal. Nous ne pouvons pas être taxés d’être un levier du Front Siggil Sénégal dès lors que nous avons existé avant même le Front. Lorsque nos revendications ont été posées sur la table, le Front n’existait pas. Pour preuve, certaines de nos revendications datent de 2003. Nous avons commencé notre bataille, notre lutte indépendamment des forces politiques qui existent, qui ont toujours existé et qui existeront. C’est de bonne guerre. On accuse certains leaders d’être des politiciens ou d’avoir un certain degré de proximité avec la classe politique et de vouloir déstabiliser le régime. On nous accuse même d’être à la retraite ou des retraitables, alors que le président de la République a plus de 80 ans. C’est indécent de parler de l’âge des syndicalistes quand le pays est dirigé par un quadragénaire. Les convictions ne sont pas biologiques, la lutte n’est pas biologique, la combativité ne suit pas la courbe de nos âges. C’est dans la tête. C’est la lutte pour la justice sociale, la démocratie et le progrès.

‘Sourang a choisi ses syndicats, ses amis qu’il oppose à d’autres. En cela, il est une source de conflit et de tension pour le système éducatif. Et tant qu’il sera là, tant qu’il gardera cette attitude, il n’y aura pas de paix dans le système éducatif’.

Wal Fadjri : Pensez-vous que Moustapha Sourang est la source des difficultés que vit l’école publique actuellement ?

Mamadou Diop Castro : Tout à fait. Les relations professionnelles sont aujourd’hui biaisées au niveau du ministère de l’Education. Sourang reçoit à la carte et selon la tête du client. Sourang développe la corruption, le népotisme et le clientélisme. Et, aujourd’hui, c’est lui qui décide de ceux qui vont devenir permanents et non d’autres. Il choisit à la place des organisations syndicales. Il ne lui revient pas de changer des permanents ou de s’immiscer dans la gestion des organisations syndicales. Mais, il a choisi ses syndicats, ses amis qu’il oppose à d’autres. Et en cela, il est une source de conflit et de tension pour le système éducatif. C’est aussi des promesses non tenues, c’est un accord avec le Cusems qui, pour l’essentiel, relève d’un montage du ministre de l’Education. Parce que l’indemnité de recherche documentaire servie à l’enseignement moyen secondaire a été montée sur le budget du ministère de l’Education. C’est l’enveloppe de recrutement des vacataires, les heures supplémentaires qui a été reconvertie pour servir d’indemnité de recherche documentaire dans l’enseignement moyen secondaire. Vous voyez bien que quand il dit que les questions financières relèvent d’autres ministères, voilà un exemple où la question financière vient totalement du ministère de l’Education. Cela signifie donc qu’il nous faut assainir les relations entre le gouvernement et les organisations syndicales. Il nous faut un ministre de l’Education au-dessus des contingences organisationnelles parce qu’aujourd’hui, Sourang est un facteur de crise. Et tant qu’il sera là, tant qu’il gardera cette attitude, il n’y aura pas de paix dans le système éducatif. C’est lui qui disait que les négociations sont terminées. C’est grâce au Front unitaire des centrales syndicales et Mademba Sock, en particulier qu’on a eu cette audience avec le président de la République, contre la volonté de Sourang et d’Hadjibou Soumaré. Cela signifie que la culture démocratique n’est pas encore au rendez-vous. Le dialogue social n’est pas encore promu socialement pour guider les relations avec le gouvernement. Le partenariat dont on parle, n’est pas encore structuré pour nous permettre d’avoir des années scolaires apaisées. Malgré la charte sociale qui existe dans notre pays et l’installation du comité national pour le dialogue social, les travailleurs sont toujours dans la rue. Le gouvernement suscite les conflits, remplace même les syndicalistes. La démocratie a un coût. Et le gouvernement est en deçà des ambitions démocratiques de notre pays.



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