MANGEE PAR LA MER ET LA POLLUTION - Sos pour sauver Gorée

Gorée, ville en sursis ? La question est posée au moment où nombre de petites intempéries et d’équations mineures du sous-développement menacent de l’emporter. Malade de son assainissement et de l’absence de protection face à l’avancée de l’océan, l’île du souvenir cherche un avenir. Une voie difficile sur le chemin de la réhabilitation qui risque d’être compliquée par le manque de moyens de la petite commune.

Menacée par l’érosion Gorée résiste à la mer, sans trop de bruit. En effet, la façade maritime de l’île se dégrade depuis quelques années, avec le risque d’emporter vers l’océan ce qui reste des derniers vestiges du passé de ce bout de terre qui tient encore debout sur l’Atlantique. Au cours du week-end du samedi 22 au dimanche 23 juillet, la mairie de l’île a procédé à une visite guidée et tenu une rencontre avec la presse. C’était dans le cadre du lancement de son projet environnemental et de la certification selon les normes Iso 14001.

Vestige du passé, à cause des intempéries comme l’avancée de la mer et du fait de l’homme a subi des dommages, Gorée est menacée dans sa survie. De villes témoins d’une certaine histoire des peuples noirs la voilà qui passe à la situation de cité des périls. Aujourd’hui, certaines parties sablonneuses de la façade maritime de cette île aux larges de Dakar,s’affaissent. Ce qui inquiète la mairie de la commune d’arrondissement de Gorée qui a fait appel à des établissements publics et privés pour veiller à la salubrité et à la protection de l’île. Dans le cadre d’une analyse environnementale qui devrait se terminer en décembre 2006, et qui devrait permettre de finaliser le diagnostic et l’état des lieux de ce patrimoine historique classé et de démarrer les multiples projets environnementaux en 2007, une vaste réflexion est menée dans le but de sauver cet espace de vie. Ainsi, pour sa réhabilitation, « l’île a besoin de 1,6 milliards dont 700 à 800 millions rentreront dans la reconstruction de la façade maritime », soutient le maire de l’île de Gorée M. Augustin Senghor.

Cela, selon lui, dans l’optique de permettre à l’île de Gorée d’obtenir une certification Iso 14001 et d’évoluer de façon pratique. Une action soutenue par la Société Sénégalaise Des Eaux (Sde) qui va établir un partenariat avec la mairie Gorée.

M. Mamadou Dia, Directeur adjoint de la Sde et Président de l’Association sénégalaise de la normalisation pense que « compte tenu de son passé historique, il est important de labelliser Gorée ». Selon lui, « cet aspect social intéresse la Sde et rentre dans le cadre du développement durable de tout le Sénégal ». En plus, il a ajouté que « tous ces projets vont être soumis à différents bailleurs de toutes les communautés européennes, afro-américaines et à l’Unesco ». Aussi, pour Mamadou Dia d’ajouter que, « ce projet harmonieux à l’encontre de ce vestige du passé permet à la Sde d’apporter son expertise et son savoir faire au profit du Sénégal ».

Le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature a déclaré que « ceci est une phase-test et démontre le transfert de compétence dans le secteur de l’environnement ». En ce qui concerne le coût que devra mettre la Sde pour ce projet, M. Dia affirme que « le montant sera chiffré après la parution de l’analyse environnementale qui s’achèvera en décembre 2006 ». D’après Augustin Senghor, « pour mettre un frein à l’érosion du littoral de Gorée qui se fait sous un effet renard, le Qatar met à disposition de l’île un fonds spécial ».

Des vestiges du patrimoine bâti en danger

Réhabiliter Gorée, mais aussi restaurer les éléments d’architecture de l’époque qui ont enraciné son histoire sont aujourd’hui le principal challenge que sont lancées les autorités. Parmi eux, l’ancien palais du gouverneur situé du côté de la façade maritime qui risque de disparaître. Les fortes vagues ne cessent de s’abattre sur Gorée en cassant les rochers de la façade protectrice qui avait été construite par les esclavagistes qui ont choisi l’option de transporter le sable qui était en dessous des fondations. Des pays comme la France et le Qatar, se portent garant d’assurer la restauration cette ancienne résidence coloniale qui portera le nom de la « Villa Médicis ». D’après Augustin Senghor, « elle servira de résidence pour des activités culturelles ».

Gorée souffre également de l’inadaptation de son plan d’assainissement et de la l’insalubrité. Le projet de restauration est en cours de finalisation. Un système de collecte est aussi en voie de réalisation et un incinérateur d’une capacité de 8 m3 par jour va se charger de brûler les déchets. Cet incinérateur d’une valeur de 5 millions francs a été financé par les Forces françaises du Cap-Vert. Dans l’attente de la réhabilitation de l’île de Gorée, la mairie s’occupe du projet « Gorée en propre et en vert » afin d’embellir Gorée pour attirer encore plus de visiteurs et de cicatriser les différentes blessures de l’île.